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Il était une fois deux mastodontes. L’un Européen et l’autre Américain. Les deux étaient très talentueux. Deux olympiens, l’un médaillé d’or et l’autre de bronze.

Les deux voulaient se mesurer l’un à l’autre, mais à leurs conditions. Et leurs conditions ne rencontraient pas celles du promoteur. Or, les deux mastodontes ne se rencontreront pas sur un ring d’ici peu. Un jour... Peut-être! Mais pas à brève échéance.

C’est dommage, car l’un, Anthony Joshua, est un triple champion (WBA, IBF et WBO) tandis que l’autre, Deontay Wilder, porte la couronne de la WBC.

Il y a des mois et des mois que les injures passent des deux côtés de l’océan Atlantique. Comme deux enfants qui se chamaillent pour un cornet de crème glacée.

Selon Wilder, Joshua est un lâche... Selon Joshua, Wilder est un bébé gâté... Et patati et patata...

Quatre péchés capitaux

En suivant les traces des deux antagonistes, on pourrait leur coller au moins quatre des sept péchés capitaux.

L’avarice : Joshua et Wilder sont déjà multimillionnaires. Il est évident qu’ils veulent ajouter à leurs fortunes.

La colère : Surtout celle de Wilder. Very american you know...

L’envie : Wilder convoite les trois couronnes de Joshua.

L’orgueil : Joshua se vante d’être le triple champion et Wilder prétend que sa ceinture est supérieure à celles du Britannique.

En somme, les seuls péchés qu’on ne peut leur associer sont la luxure, la gourmandise et la paresse. Car tous deux se lèvent très tôt le matin pour aller faire de la course à pied et je suis certain que ni l’un ni l’autre ne soit obligé de manger du beurre de peanut trois fois par jour. Et pour la luxure, tous deux doivent s’arranger assez bien merci sur le plan sexuel sans tomber dans l’excès.

L’infantilisme

On dirait deux adultes souffrant d’infantilisme.

Vous savez ce que c’est l’infantilisme? C’est le nom d’une maladie dans laquelle un adulte présente des caractéristiques psychiques, physiques ou génitales d’un enfant et qui est causée par un déficit en hormones thyroïdiennes ou hormones de croissance au moment de la puberté.

Ce ne sont certainement pas les hormones de croissance qui font défaut puisque les deux font 6 pieds 6 pouces pour Joshua et 6 pieds 7 pouces pour Wilder.

Ce n’est pas non plus l’argent qui manque. Wilder pourrait toucher aux environs de 40 millions de dollars si jamais il voulait combattre en Grande-Bretagne. Selon le promoteur Eddy Hearn, il pourrait même toucher 5 millions de dollars pour chacun des deux combats qu’il livrerait en sol américain contre des adversaires de son choix.
Imaginez maintenant combien empocherait Joshua?

Hearn se lèche les babines pendant que les deux bambinos s’insultent à qui mieux mieux sachant fort bien qu’un jour, lui aussi touchera le gros lot.

En voici deux autres

Mais attention! Deux autres gros poids lourds sont prêts à sauter dans la mêlée. Il y a l’ex-titulaire mondial Alexander Povetkin, un ninja de 6 pieds 2 pouces et le géant Tyson Fury, long de ses 6 pieds 9 pouces.

Le Russe Povetkin est l’aspirant de droit à la couronne de Joshua et je me demande si le clan du champion n’aimerait pas mieux en venir à une entente avec l’Américain Wilder plutôt que de se mesurer à Povetkin?

Ce Povetkin n’est pas le dernier venu. Tout comme Joshua, il est un médaillé d’or des Jeux olympiques de 2004 à Athènes, en Grèce, et c’est aussi un ex-champion mondial des lourds de 2011 à 2013. Sa seule défaite en carrière remonte au 5 octobre 2013, alors qu’il avait livré une piètre performance contre Wladimir Klitschko qui lui avait coûté sa couronne WBA. Depuis ce revers, il a repris le chemin de la victoire avec huit gains de suite.

Le géant Fury

Mais attendez! Ce n’est pas tout... Qui pensez-vous se porte volontaire pour affronter Deontay Wilder? Vous avez deviné... C’est le géant Fury qui est prêt à sauter dans le ring contre le pleurnichard américain.

Il ne faut pas s’en faire avec Fury. Il est là pour le spectacle. Pour mousser la publicité. Il vient tout juste de revenir à la compétition le 9 juin dernier contre un pied de céleri du nom de Sefer Seferi et sa performance nous permet de douter de sa préparation après une si longue absence du ring.

Personnellement, je crois que cet affrontement entre Joshua et Wilder n’aura pas lieu avant avril 2019, si jamais les deux clans peuvent en venir à une entente. Car le promoteur Hearn continue à négocier avec les Américains. En même temps il doit se soumettre aux exigences de la WBA, qui ordonne que Joshua affronte son premier aspirant Povetkin.

J’ignore si vous êtes de mon avis, mais je crois que Povetkin est un meilleur boxeur que Wilder. En tout cas, il a affronté de meilleurs adversaires que l’Américain. Et Joshua ne serait pas assuré de sortir victorieux dans un match contre lui, ce qui gâcherait complètement une confrontation contre Wilder.

Naturellement, il y a une question d’argent, de gros argent dans le cas qui nous intéresse. Le promoteur Hearn n’est pas sans savoir qu’un match entre Joshua et Wilder pourrait rapporter des centaines de millions de dollars, grâce à la télévision américaine et européenne et une foule record de près de 100 000 personnes au Stade Wembley de Londres.

Mais comme le dit si bien le vieux dicton québécois : faute de pain, on mange de la galette. Or, plus les jours passent, plus il faudra se contenter d’un match entre Joshua et Povetkin, ce qui ne serait certainement pas piqué des vers...

Simon Kean attend

Pendant que tous ces champions et privilégiés tentent de se positionner à qui mieux mieux, un autre géant du nom de Simon Kean voudrait bien faire partie de ce groupe sélect. Mais comme plusieurs autres, il doit apprendre son métier et attendre son tour.

Selon le site BoxRec, Kean est présentement installé au 27e rang des meilleurs poids lourds dans le monde entier. Et pour monter dans les classements, il lui faudrait affronter des adversaires entre lui et le 20e rang.

D’ailleurs, j’ai dressé une liste de ces sept rivaux :

26e – Lucas Browne (25-1, 22 K.-O.), 39 ans, Australie
25e – Johann Duhaupas (37-5, 24 K.-O.), 37 ans, France
24e –Tom Schwartz (21-0, 13 K.-O.), 24 ans, Allemagne
23e – Otto Wallen (20-0, 13 K.-O.), 27 ans, Suède
22e – Andy Ruiz fils (30-1, 20 K.-O.), 28 ans, États-Unis
21e – Derek Chisora (28-8, 20 K.-O.), 34 ans, Angleterre
20e – Junion Zhang (19-0,19 K.-O.), 36 ans, Chine

Si Kean est capable de vaincre un de ces sept boxeurs, cela veut dire qu’il a le talent pour aspirer aux grands honneurs un de ces jours. Mais du même coup, il faut aussi réaliser que de tels rivaux demandent des bourses de bien supérieures à celle versée à Adam Braidwood, la dernière victime de Kean.

Kean et les autres

Après Kean, vient Bermane Stiverne au 29e rang, Oscar Rivas en 40e place, Bogdan Dinu, installé au 54e rang, suivi de Braidwood en 102e place.

Ce qui serait préférable, c’est si Kean pouvait vaincre un rival qui n’a jamais connu la défaite en carrière. Joshua a réussi cet exploit à son 14e combat et Wilder à son 13e.

Alexander Povetkin a dû attendre à son 15e combat pour vaincre Eddie Chambers qui présentait alors une fiche de 30-0-0.

Tyson Fury battait Rich Power (12-0-0) par décision à son 12e affrontement, tandis qu’Oscar Rivas, à son sixième combat chez les pros venait à bout de Zsolt Zathurecky (3-0-0). Mais c’est à son 20e match payant qu’il a vaincu par TKO/3 Jeremiah Karpency (12-0-1).

Comme on le voit, la route est longue et remplie d’embûches avant de se rendre à la tête du classement. Si je me fie aux déclarations du Trifluvien, il veut suivre les traces de Lennox Lewis et coiffer une couronne mondiale.

Il a la taille, le désir, l’endurance et le talent pour grimper dans l’échelon des meilleurs rivaux au monde. Jusqu’ici, il a été très bien géré dans ses démarches. Et pour ceux qui croient qu’il a été privilégié par quelques rivaux de piètre qualité qu’il a vaincus avec facilité, je vous invite à jeter un coup d’œil sur les fiches d’autres poids lourds, mieux classés que lui et vous verrez qu’il n’a pas fait si mal que cela.

Bonne boxe!