Ne manquez pas la description round par round du combat entre Jean Pascal et Dmitry Bivol aux environs de 23 h à RDS.ca.

 

ATLANTIC CITY, N.J. – Jean Pascal participera à son 10e duel de championnat du monde depuis le début de sa carrière, alors qu’il se mesurera au détenteur de la ceinture des poids mi-lourds de la WBA Dmitry Bivol, samedi soir au Hard Rock Hotel & Casino d’Atlantic City, au New Jersey.

 

Ancien champion du WBC de juin 2009 jusqu’à sa défaite devant Bernard Hopkins en mai 2011, Pascal (33-5-1, 20 K.-O.) n’a pas eu l’occasion de s’approprier une couronne mondiale depuis son deuxième revers contre l’ex-champion unifié Sergey Kovalev en janvier 2016 au Centre Bell.

 

Au fil du temps, le Lavallois a signé plusieurs gains mémorables qui lui ont permis de gagner une horde de fidèles partisans, tantôt parce que son épaule droite a été replacée trois fois pendant un combat, tantôt parce qu’il a battu un des dix meilleurs « livre pour livre » de la planète. Pour mettre la table avant le choc avec le champion Bivol (14-0, 11 K.-O.), portait en cinq victoires.

 

Pascal c. Adrian Diaconu I, le 19 juin 2009 au Centre Bell

 

La possibilité d’une rencontre au sommet entre Pascal et Diaconu est évoquée pour la première fois le 4 avril 2009, date à laquelle les deux boxeurs disposent de Pablo Daniel Zamora Nievas et David Whittom respectivement. Le Montréalais d’origine roumaine a été promu champion des mi-lourds du WBC dans les mois précédents après le refus de Chad Dawson de l’affronter et son promoteur InterBox est désespérément à la recherche d’un adversaire pour le faire connaître.

 

Plus qu’un combat à saveur locale – « le plus significatif de l’histoire de la boxe au Québec », dit Yvon Michel – c’est surtout un affrontement entre InterBox et Groupe Yvon Michel (GYM), qui se livrent une guerre sans merci depuis la création de GYM en 2004. Quelques jours avant le duel, des membres des deux groupes se lancent des flèches dans les médias. Et qui ne souvient pas de la dent de requin offerte par Pascal à Diaconu en référence à son surnom « The Shark »?

 

Dans le ring, les quatre premiers rounds sont plutôt partagés, mais Pascal parvient à frapper le premier grand coup en envoyant Diaconu au plancher au cinquième assaut grâce à un crochet de la main gauche. Le Roumain parvient cependant à se relever, sauf qu’il est encore une fois ralenti au septième round en raison d’un œil gauche amoché. « The Shark » est ensuite loin de baisser les bras et continue d’attaquer Pascal, qui se défend très bien à l’aide de ses esquives.

 

Pascal est finalement déclaré vainqueur par décision unanime des juges (116-112, 116-111 et 115-112) pour s’emparer de la ceinture des mi-lourds du WBC. « Il y avait une grosse rivalité entre InterBox et GYM, s’est rappelé le Lavallois un peu plus tôt cette semaine. Je ne boxais quasiment pas pour moi, mais plus pour GYM, parce que c’était une très, très grosse rivalité. »

 

Pascal c. Diaconu II, le 11 décembre 2009 au Centre Bell

 

À la suite d’une victoire par arrêt de l’arbitre au 10e round face à son aspirant obligatoire Silvio Branco en septembre, Pascal accorde une revanche promise à Diaconu « avant de penser aux gros combats payants avec la télé américaine » en décembre. Cette soirée marque également le retour dans le ring d’Éric Lucas après un peu moins de quatre ans d’absence. L’ex-champion des super-moyens du WBC ne s’est pas battu depuis sa dure défaite devant le Danois Mikkel Kessler.

 

Cette fois, les couteaux volent beaucoup moins bas entre certains intervenants d’InterBox et de GYM, peut-être parce qu’ils ne se sentent pas obligés d’y aller de déclarations intempestives afin de mousser la vente de billets. L’effet se fera sentir aux guichets, puisque 5000 billets de moins trouveront preneur par rapport au premier combat. À noter que les deux boxeurs ont tenu leur camp d’entraînement à l’étranger, Pascal optant pour la Colombie et la République dominicaine, alors que Diaconu déménage ses pénates en Floride, emboîtant le pas de son ami Lucian Bute.

 

La revanche est à l’image de la première bataille, même si Pascal est légèrement plus favorisé sur les cartes des trois juges (118-110, 117-111 et 117-111). Contrairement au premier combat, Diaconu ne visite pas le plancher, mais il ne parvient pas plus à mettre le champion en danger. Sans surprise, ce dernier vole la majorité des rounds grâce au style qui a fait sa renommée.

 

Mais ce qui retient toute l’attention, ce sont les trois fois où son homme de coin Russ Anber a remis son épaule droite dans l’articulation entre deux rounds. « L’histoire de ce combat, c’est l’épaule qui se déboîte à plusieurs reprises et Russ qui doit la replacer, acquiesce Pascal. Ç’a été une preuve de courage et de détermination. Une preuve que dans la vie, il ne faut jamais lâcher, parce que si j’avais lâché [chaque fois que j’en ai eu l’occasion], j’aurais perdu ma ceinture. »

 

Pascal c. Chad Dawson, le 14 août 2010 au Centre Bell

 

Pascal recommencera vraisemblablement à s’entraîner en mars, mais une entente est conclue avec Dawson dès février pour un affrontement en août à Montréal. Quelques jours avant le combat, l’entraîneur Eddie Mustafa Muhammad nargue le Québécois en demandant comment il peut espérer vaincre Dawson, alors qu’il n’a même pas réussi à vaincre Carl Froch dans le passé.

 

Il faut savoir que l’Américain du Connecticut est considéré comme l’un des meilleurs boxeurs « livre pour livre » de la planète et qu’il vient de battre Glen Johnson et Antonio Tarver deux fois plutôt qu’une chacun. Même si Pascal est le champion, Dawson est largement favori pour l’emporter.

 

Si Dawson porte les premiers coups, Pascal est loin de s’en laisser imposer et il réussit à dominer le premier quart du duel. Les rounds suivants sont cependant un peu plus partagés, sauf que le favori de la foule s’élève au septième round en parvenant à envoyer l’aspirant dans les câbles.

 

Mais alors que Dawson est en train de renverser la vapeur, un coup de tête accidentel le coupe au-dessus de l’œil droit et l’arbitre Michel Griffin arrête ensuite le combat au 11e round sous recommandation du médecin. Pascal est déclaré vainqueur par décision technique (108-101, 106-103 et 106-103 et plusieurs salivent à l’idée d’une revanche. « J’étais l’underdog et c’est moi qui ai gagné », résume Pascal. Il s’agit de son dernier gain majeur sur la scène internationale.

 

Pascal c. Lucian Bute, le 18 janvier 2014 au Centre Bell

 

Il était une fois... le combat Bute-Pascal

 

Les années passent et les deux meilleurs boxeurs de leur génération – Pascal et Bute – se retrouvent d’une certaine manière à la croisée des chemins. Le premier a perdu sa ceinture aux mains de Bernard Hopkins en mai 2011, tandis que le second ne semble pas encore s’être remis de sa très dure défaite subie devant Carl Froch en mai 2012 à Nottingham, en Angleterre.

 

Les premiers rapprochements entre GYM et InterBox ont lieu en février 2013, alors que Pascal est pourtant censé affronter Dawson – devenu champion des mi-lourds du WBC – en mai. Peu importe, une entente est conclue en mars : les deux boxeurs se retrouveront le 25 mai et Adonis Stevenson règle le problème de Dawson en acceptant de l’affronter. Il le battra le 8 juin 2013.

 

Alors que la promotion a déjà atteint sa vitesse de croisière, Bute se blesse à une main début mai et le combat est remis à janvier 2014. Entre-temps, Pascal se délie les jambes contre George « Honey Boy » Blades et la promotion de Pascal-Bute reprend exactement là où elle avait laissé. Les attaques fusent et la tension est à son paroxysme. Mais le duel ne répondra aux attentes.

 

Bute donne l’impression de s’en aller à l’abattoir pendant sa marche vers le ring et Pascal en profite évidemment pour l’écraser et ne lui laisser aucune chance. Les trois juges remettent des cartes de 118-110, 117-111 et 116-112 en sa faveur. « Ç’a été le point final de la rivalité Bute-Pascal et tout le monde a su qui était le vrai maître à Montréal, se félicite Pascal aujourd’hui.

 

Pascal c. Ahmed Elbiali, le 8 décembre 2017 au Hialeah Park Racing & Casino d’Hialeah, en Floride

 

Une fin parfaite pour Jean Pascal

 

Pascal ne sera jamais véritablement en mesure de surfer sur la victoire contre Bute qui lui a pourtant permis de gagner une certaine sympathie auprès de ses détracteurs. Il quitte ensuite GYM pour s’associer à GYM-InterBox et uniquement InterBox. Il rate l’occasion d’affronter Tavoris Cloud parce qu’on refuse de lui rembourser des frais d’entraînement de 50 000 $.

 

Il se mesurera ensuite deux fois au champion unifié des mi-lourds Sergey Kovalev – en mars 2015 et janvier 2016 –, mais le résultat est sans appel : deux défaites avant la limite. Après le premier revers, il quitte son entraîneur de toujours Marc Ramsay pour rejoindre Freddie Roach. L’idylle entre les deux hommes ne durera que l’instant de la deuxième défaite face à Kovalev.

 

Pascal rejoint ensuite Eye of the Tiger Management dans la foulée du rachat d’InterBox, mais l’union ne durera qu’un combat en raison de divergences d’opinions. Le Lavallois accepte par la suite d’affronter Eleider Alvarez, qui vient de vaincre Lucian Bute. Pascal subit le même sort que son ancien grand rival, mais paraît mieux en s’inclinant par décision majoritaire. Le soir même, des membres de la garde rapprochée de Pascal croient que le moment est venu de tout arrêter.

 

Pensant flairer la bonne affaire, le camp de l’Américain d’origine égyptienne Ahmed Elbiali le contacte pour un combat. Pascal accepte en expliquant qu’il s’agira de son dernier combat, peu importe le résultat, mais qu’il souhaite se retirer sur une victoire, ce qu’il réussit, par arrêt de l’arbitre au sixième round par-dessus le marché! « C’était le jeunot contre le vieux routier et c’est la preuve par mille que l’expérience, ça ne s’achète pas, ça s’acquière », conclut Pascal.