MONTRÉAL – Lorsque Jean Pascal a battu Chad Dawson par décision technique des juges un soir d’août 2010 au Centre Bell, le Lavallois devenait ainsi le deuxième Québécois seulement après Jack Delaney (Ovila Chapdelaine) en... 1926 à devenir champion linéaire de boxe professionnelle.

Bien que très controversé, ce concept de « l’homme qui a battu l’homme qui a battu l’homme », permet néanmoins de comprendre la pleine mesure d’une victoire par rapport à une autre. Qui plus est, Dawson était à ce moment-là considéré comme l’un des dix meilleurs « livre pour livre » de la planète et Pascal donnait l’impression d’être en voie d’accomplir son audacieux pari de faire partie de cette prestigieuse – et suggestive – liste, mais également d’y trôner au sommet.

Alors âgé de 27 ans, Pascal était cependant loin de se douter que les promesses annoncées par ce triomphe contre Dawson ne se concrétiseraient jamais et qu’il présenterait ensuite un dossier de 0-4-1 en combats de championnat du monde dans les huit très longues années qui suivirent.

Si les deux duels contre Bernard Hopkins avaient été particulièrement compétitifs, les deux face à Sergey Kovalev et celui contre Dmitry Bivol laissaient entrevoir que Pascal ne possédait peut-être plus ce qu’il fallait pour rivaliser avec la nouvelle garde qui régnait alors chez les mi-lourds.

Et c’est fort probablement dans cet état d’esprit que le champion intérimaire de la WBA Marcus Browne s’est présenté dans le ring face à Pascal le 3 août dernier. L’Américain n’a démontré aucun respect envers le Québécois et ce dernier lui a fait payer en l’envoyant deux fois au tapis avant de gagner par décision technique... exactement comme ç’avait été le cas contre Dawson!

Une victoire qui a certainement cloué le bec à tous ceux et celles qui croyaient que le pugiliste maintenant âgé de 37 ans aurait dû commencer depuis très longtemps à songer à la retraite.

« Je n’ai jamais, jamais laissé l’opinion des autres devenir la réalité, a avoué Pascal en entrevue téléphonique à RDS.ca la semaine dernière alors qu’il entamait les derniers préparatifs en vue de son choc contre Badou Jack qui sera tenu ce soir au State Farm Arena d’Atlanta, en Georgie.

« Je n’ai jamais lâché parce que je n’ai jamais écouté les gens qui disaient que j’étais fini. La clé, c’est de ne jamais cesser de croire en soi et persévérer. Mais ça prend une grande discipline! »

Une grande discipline et une force mentale hors du commun, répétera à plusieurs reprises celui qui a été détenteur de la ceinture des poids mi-lourds du WBC de juin 2009 à mai 2011 et qui est officiellement champion « régulier » de la WBA depuis octobre dernier. Il effectuera sa première défense contre Jack, un ancien champion du monde chez les poids super-moyens et mi-lourds.

« Il est souvent question de sacrifices, mais je vois davantage ça comme des choix de vie, précise Pascal. Mon plan de match est à point et je pense que je vais être dans l’une de mes meilleures formes à vie. Il n’y a rien qui a été laissé au hasard. J’ai fait des choix et non pas des sacrifices. »

Négligé des preneurs aux livres

Même si Jack revient d’une difficile défaite par décision unanime contre Browne subie en janvier dernier, le Suédois et protégé de Floyd Mayweather fils et favori des preneurs aux livres. Pascal est négligé jusqu’à 9-contre-4 sur certains sites de paris en ligne au moment d’écrire ces lignes.

Il faut dire qu’avant de s’incliner face à Browne où une profonde coupure au front a joué un rôle déterminant dans le résultat final, Jack avait disputé six combats de championnat consécutifs durant lesquels il a maintenu une fiche de 4-0-2. Il ne sera donc pas du tout en terrain inconnu.

« Jack est un boxeur qui possède énormément d’expérience, explique le Québécois au sujet de l’un de ses anciens partenaires d’entraînement. C’est un gentleman et c’est surtout quelqu’un qui n’est pas au-dessus de ses affaires comme pouvait l’être Browne au moment de notre duel.

« Jack n’est exceptionnel dans rien, ce qui fait qu’il est encore plus difficile à contrer. Il n’y a pas de grande faiblesse à exploiter et c’est surtout un boxeur qui parvient à neutraliser les forces de ses adversaires. Avec sa très bonne force de frappe, il parvient également à se faire respecter. »

L’ex-adversaire de Lucian Bute et Adonis Stevenson est aussi reconnu pour gagner en efficacité plus les rounds avancent. Son volume élevé de coups pourrait d’ailleurs faire la différence dans un combat qui s’annonce extrêmement serré. Mais qui osera réellement miser contre Pascal?