MONTRÉAL – Les amateurs venus assister aux débuts de l’ancien hockeyeur et combattant Steve Bossé dans le monde de la boxe professionnelle n’attendaient qu’une chose et ils l’ont obtenue.

Le populaire athlète de Saint-Jean-sur-Richelieu a en effet passé le knock-out à Julio Cuellar Cabrera 52 secondes après le commencement du 2e round, en finale d’un gala de la série de boxe Chrono Aviation de Groupe Yvon Michel tenu jeudi soir au Cabaret du Casino de Montréal.

Le Boss envoie Cabrera dans les étoiles

Dans un spectacle se rapprochant davantage du Théâtre des Variétés que d’Ionesco, chacun des deux belligérants connaissait parfaitement le rôle qu’il campait et n’a jamais décroché. Sans surprise, Bossé (1-0, 1 K.-O.) punchait et le rondelet Cabrera (12-7) lançait toutes les prémisses.

Dès que le son de la cloche annonçant le début du combat s’est fait entendre, le Bolivien s’est rué comme une poule pas de tête sur le Québécois, question de bien offrir son menton en cible. Ce dernier en a évidemment immédiatement profité en l’accueillant avec un direct de droite qui l’a envoyé au tapis. Le ton était ainsi donné et les partisans en ont instantanément redemandé.

Le rappel n’a même pas duré une minute, la situation ne requérant pas autant de temps pour que les amateurs comprennent le référant. Encore touché par une droite au menton, Cuellar a jugé qu’il pouvait toucher son cachet et qu’il était temps de vider la place. Un médecin était même aux premières loges pour signifier à tout ce beau monde que la blague avait assez duré.

« J’ai hâte de voir le combat pour savoir ce que j’ai fait de bien et ce que j’ai fait de mal, mais en gros, c’est ce que je voulais, a déclaré Bossé après son triomphe. Je voulais une victoire par knock-out et je suis super satisfait. Je ne peux pas ne pas être satisfait du résultat de ce soir. »

« The Boss » a néanmoins admis qu’il s’est senti un tout petit peu rouillé à ses premiers instants dans le ring, lui qui n’avait pas combattu depuis sa victoire à l’UFC Fight Night 89 en juin 2016.

« Il va y avoir des choses à travailler, ç’a été longtemps avant que je m’installe, que je commence, a-t-il expliqué. Le premier round, c’était vraiment pour me mettre dans la game. Au-delà de tout ça, j’étais quand même à l’aise d’utiliser juste mes poings et d’être dans un ring. »

Maintenant que la première incursion dans le monde de la boxe professionnelle de Bossé est chose du passé et qu’il y a fondamentalement peu à dire et à écrire, les amateurs accepteront-ils de le suivre pour une deuxième mise en scène semblable à la première ou exigeront-ils plutôt une direction artistique plus raffinée, au risque qu’elle laisse tout le monde sur son appétit?

Un premier titre mineur pour Dicaire

Après avoir gravi un à un les échelons à ses dix premiers combats, Marie-Ève Dicaire était maintenant prête à mettre la main sur un premier titre mineur depuis le début de sa carrière.

La boxeuse de Saint-Eustache s’est ainsi imposée par décision majoritaire des juges (96-94, 96-94, 95-95) sur l’ancienne championne du monde Marisa Gabriel Nunez pour s’emparer de la ceinture vacante des poids super-mi-moyens de la NABF, mais cela n’a pas du tout été facile.

Dicaire encore victorieuse par décision

Dicaire (11-0) a en effet eu toutes les misères du monde à composer avec une adversaire qui refusait obstinément de lui laisser le soin de dicter le rythme du combat. Peu habituée à pareille situation, elle a mis du temps avant de trouver ses repères et commencer à lancer des coups.

« Habituellement, tout ce que j’essaie fonctionne. Mais là, pendant les quatre premiers rounds, tout ce que j’essayais ne fonctionnait pas, a expliqué Dicaire. C’était la première fois de ma vie que je n’étais pas assez à l’aise pour faire ce que je voulais. Je n’avais pas le droit à l’erreur. »

Pendant la totalité du duel, Nunez (7-9-2) n’a jamais paru dérangé par les quelques pouces en grandeur et en portée qu’elle concédait à la favorite de la foule. Au contraire, l’Argentine a continuellement été en mesure de s’immiscer à l’intérieur pour largueur des droites sournoises.

À première vue, Nunez a d’ailleurs semblé être celle qui a porté les meilleurs coups pendant tout le combat, sauf qu’il faut croire que les juges n’ont pas vu les choses de la même façon. La gagnante a noté qu’elle n’avait jamais été contre-attaquée et qu’elle a mis du temps à s’ajuster.

« J’ai vraiment gagné en maturité, parce qu’avant, je serais restée accrochée dans ces émotions-là et j’aurais essayé encore, parce que je veux donner un bon spectacle, s’est félicitée Dicaire. À un moment donné, mon entraîneur m’a dit que c’était malheureusement pendant les rounds plates que j’avais l’avantage et que je devais arrêter de penser à donner un spectacle. C’est vraiment un grand pas qui a été fait ce soir. Il y a un an, je n’aurais pas gagné ce combat-là. »

Un combat sanglant pour Zewski

Avant que Mikaël Zewski n’affronte Jose de Jesus Macias, la question était : quelle version du Mexicain se présentera devant le Trifluvien? Celui qui a résisté pendant 10 rounds devant Erickson Lubin ou celui qui s’est fait passer le knock-out par un boxeur avec une fiche de 0-1-1?

Toute chose étant égale par ailleurs, c’est plutôt un émule d’Arturo Gatti qui s’est retrouvé dans l’arène, si bien que Zewski (30-1) a dû travailler très dur pour arracher une victoire par décision unanime (78-73, 78-73 et 77-74), à la suite d’un duel qui s’est avéré particulièrement sanglant.

Une victoire ardue pour Zewski

Zewski a commencé à saigner abondamment du nez dès le premier coup de poing qu’il a reçu et son œil droit particulièrement tuméfié à la fin du combat témoignait à lui seul de la difficile soirée qu’il venait de passer. Fidèle à son habitude, il a préféré tirer du positif de la situation.

« C’est de la grosse expérience, a noté le pugiliste âgé de 29 ans. C’était mon premier combat à 154 livres et ç’a paru. J’ai trouvé ça plus dur qu’à 147 livres. Par moments, j’ai trop essayé d’y aller pour le knock-out… Je peux donc dire que c’est ma victoire la plus difficilement acquise. »

Macias (23-8-2) a visité le plancher au quatrième round après avoir encaissé une combinaison droite-gauche, mais il s’est ressaisi dès le round suivant en profitant du fait que Zewski acceptait d’échanger. Le Mexicain a notamment réussi à placer une puissante droite à la tête de son rival.

Macias est également parvenu à pousser Zewski dans ses derniers retranchements au huitième et dernier round, sauf que le Québécois ne s’en est pas laissé imposer en mordant dans son protecteur buccal avant de répliquer avec des coups qui lui ont permis de repousser le Mexicain.

En sous-carte, le Montréalais d’origine roumaine Bruno Bredicean (10-0, 4 K.-O.) a profité de la visite quasi annuelle de Cesar Chavez (32-13) au pays pour ajouter une très rare victoire avant la limite à son dossier en lui passant le knock-out à 0:49 du 2e round. Après l’avoir envoyé au tapis au 1er round, Bredicean a répété l’exploit au 2e grâce à sa main arrière. Chavez s’était aussi fait coucher par Zewski, Antonin Décarie et Mian Hussain pour ne nommer que ceux-là par le passé.

Deux heures avant Bossé, Yan Pellerin (1-0) a également effectué ses débuts dans le ring en dominant le Mexicain Fernando Castillo (2-3) par décision majoritaire (39-37, 39-37 et 38-38). Le combattant de Granby a été plutôt statique pendant les quatre rounds de l’affrontement, mais cela ne l’a pas empêché de marquer des points. Son adversaire s’est même montré parfois un peu trop volontaire, ce qui a permis à « Wild Thing » de pas trop payer chèrement ses erreurs, même si quelques mornifles sont quelques fois venues lui chatouiller les oreilles et le menton.

La Montréalaise Jessica Camara (4-0) a enregistré une quatrième victoire en autant de combats en prenant la mesure de Guadalupe Lincer Ortiz (2-6) par décision majoritaire (40-36, 40-36 et 38-38), après avoir reçu sa part de coups de la Mexicaine pendant le duel. Cette dernière a régulièrement touché la cible avec sa droite, mais cela n’a pas été récompensé par les juges.

En ouverture, le Montréalais Mazlum Akdeniz (3-0) a battu le Mexicain Luis Acuna Rojas (2-2) par décision unanime (40-36, 40-36 et 40-35). Le super-léger âgé de seulement 20 ans n’a eu aucune difficulté à placer sa main arrière pendant tout le combat pour demeurer invaincu. Ex-médaillé d’argent aux championnats canadiens, il en était à son troisième duel en carrière.

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