QUÉBEC – « Après toutes les émotions vécues contre [Adam] Braidwood, c’est certain que je me suis demandé si [Simon Kean] allait être motivé. Allait-il être discipliné? Allait-il avoir le focus? Je pense qu’il le sera, car [Dillon] Carman est un adversaire dangereux », avait lancé avec aplomb le promoteur Camille Estephan dans les jours précédents le combat entre son protégé et Carman.

 

Mais avant même que le Trifluvien n’effectue sa marche vers le ring pour y disputer la finale du gala dont il était la tête d’affiche, samedi soir au Centre Vidéotron, il était devenu évident pour les membres de sa garde rapprochée qu’il n’était pas dans les meilleures dispositions mentales pour relever le défi que pouvait représenter l’ex-détenteur du titre canadien des poids lourds.

 

Visiblement très peu à l’aise contre un pugiliste qui pratiquait un style semblable au sien et qui paraissait beaucoup plus grand que lui, même si les deux géants mesurent six pieds cinq pouces, Kean s’est fait passer le knock-out au quatrième pour ainsi subir une première défaite depuis le début de sa carrière. Un immense pas de recul, alors qu’il avait un pied dans le top-10 mondial.

 

Sauf que pour Estephan et l’entraîneur de Kean – Jimmy Boisvert –, il n’y a aucune nécessité de chercher midi à quatorze heures pour expliquer cette déconfiture. L’athlète de Trois-Rivières n’a pas du tout suivi à la lettre leurs directives qui lui avaient permis d’offrir des performances très convaincantes contre Alexis Santos et Braidwood à Shawinigan un peu plus tôt cette année.

 

« Dès le départ [Simon] était flat. Même dans la chambre, mon équipe et moi trouvions que ses jambes n’étaient pas assez mobiles, a révélé Boisvert après la défaite. [Vendredi], il était à 245 livres, alors qu’il avait été à 237,5 livres avant Braidwood. Je ne le sentais pas autant aguerri...»

 

« Mais nous connaissons tous le moineau et peut-être qu’il devra changer des choses dans son entourage pour avoir moins de distractions avant un combat. Simon a eu de la difficulté avec la notion de repos pendant le camp d’entraînement. De bonnes nuits de sommeil et les périodes pour se reposer font partie du programme. Il faut qu’il comprenne que la boxe, c’est difficile. »

 

« Il faut savoir que Simon est devenu une vedette et que des fois, il y a des gens qui veulent bien faire et qui sont là pour toi, peut-être même trop, a renchéri Estephan. Je ne dis pas que Simon est un party animal qui fait du trouble, mais il est peut-être un peu trop généreux de son temps. Il est peut-être un peu trop ouvert à visiter le monde quand c’est alors le temps de se reposer. »

 

Le propriétaire d’Eye of the Tiger Management croit évidemment dur comme fer que Kean sera capable surmonter ce premier échec professionnel, d’autant plus que ce n’est pas l’inspiration qui manque autour de lui. Battu par Brandon Cook pendant qu’il était en pleine ascension et se croyait invincible, Steven Butler a signé une septième victoire de suite samedi depuis ce temps.

 

« Je suis persuadé que Simon va remonter la pente : il n’y a aucun doute là-dessus, a martelé Estephan. Cela ne me décourage pas, car il va apprendre là-dedans. Cela nous est arrivé dans le passé et c’est Simon, avec ses actions, qui a son sort entre ses mains. C’est un gars bien fier, un guerrier et il va revenir. Toutefois, il y a des choses qui doivent changer dans son entourage. »

 

Il est déjà acquis que Kean n’affrontera pas le Bélarussien Siarhei Liakhovich le 24 novembre prochain à Rimouski comme cela était originalement prévu. Le boxeur, l’entraîneur ainsi que le promoteur se réuniront au cours des prochains jours pour revenir sur les événements de samedi et élaborer une marche à suivre afin de préparer le retour du populaire lourd de la Maurice.

 

Estephan a finalement reconnu du bout des lèvres qu’il pourrait être tenté de ramener Kean en sous-carte d’événements comme il l’a fait avec Butler dans le but de le soustraire à la pression que provoque le fait d’être la tête d’affiche d’un gala. « C’est pour cela que la boxe est difficile. »

Une soirée à oublier pour Simon Kean