Tel qu’il fallait s’y attendre, Sergey Kovalev a vu le père Noël lui livrer son cadeau un mois avant le temps.

 

Aujourd’hui, « Krusher » peut coiffer sa couronne WBO des mi-lourds, mais on peut se demander pourquoi cette association a permis à un rival de classe « B » de se battre dans un combat de championnat?

 

Kovalev champion en moins de 2 rounds

Essayez de comprendre comment il se fait que Kovalev, un boxeur qui a perdu deux fois de suite, et un autre qui est classé 10e aspirant à la couronne mondiale puissent s'affronter dans un duel pour le titre?

 

Ce qui devait être un match de dix assauts entre Kovalev et Vyacheslav Shabranskyy est soudainement devenu un combat de championnat gracieuseté des bonzes de la WBO.

 

Dès le premier son de cloche, il était évident que Shabranskyy n’était pas de la classe de l’ex-champion, tout comme l’a été Trent Broadhurst contre Dmitry Bivol. 

 

Pour mousser la publicité de l’affrontement, on avait prétendu que Shabranskyy cognait sec et fort, qu’il avait un bon menton. Vous avez vu le résultat. « Cœur de Lion » n’a jamais pu utiliser sa force de frappe tellement Kovalev le surclassait.

 

Le seul

 

Seul Enrico Kölling a réussi à tenir le coup pendant presque 12 rounds face à Artur Beterbiev, mais c’est en accrochant et en valsant autour des câbles qu’il a réussi à s’en sortir jusqu’à l’épuisement.

 

Aujourd’hui, le nouveau Sergey Kovalev prétend que ce n’est que le début de son retour. Il veut toutes les couronnes, y compris celle de celui qu’il se plaît à appeler Adonis « Chickenson ». Il veut aussi affronter Beterbiev, contre qui il a perdu à deux occasions chez les amateurs.

Kovalev est convaincu qu’il n’a jamais été battu par Andre Ward. Il croit dur comme fer qu’il s’est plutôt fait voler dans chacun des deux combats et il soutient qu’il serait prêt à livrer un troisième duel au retraité si jamais ce dernier voulait revenir à la compétition.

 

Les quatre associations n’ont impressionné personne jusqu’ici. Le WBC a accepté que son champion, Adonis Stevenson, ne combatte qu’une seule fois par an, sans égard pour son premier aspirant.

 

En pâturage

 

La WBA a donné en pâturage à son monarque Dmitry Bivol un adversaire de bien piètre qualité. Même chose pour la IBF qui a permis à Beterbiev de cueillir sa ceinture sur un plateau d’argent. Et voici que Kovalev se voit à nouveau décerné son auréole grâce à une sorte de faire-valoir qui a visité le tapis à trois reprises et qui a été assommé en pratiquement moins de six minutes.

 

Même le partenaire d’entraînement de Shabranskyy, Dmitry Bivol, ne voyait pas comment ce dernier pourrait vaincre Kovalev. Cela voulait tout dire. Pourtant, on lui avait bien conseillé de s’attaquer au corps de Kovalev. Il n’en a jamais eu la chance.

 

Sullivan Barrera, victorieux par décision sur Felix Valera, a pris sept rounds pour venir à bout de Shabranskyy. Il a même visité le tapis devant lui. Sa performance, comparée à celle de Kovalev, nous donne une meilleure idée de la force du Russe.

 

Je croyais que Kovalev se débarrasserait de Shabranskyy en cinq rounds. Il a réussi l’exploit en trois. Bravo!

 

Tous ces combats auraient pu avoir lieu sans titre mondial. Par exemple, si on avait voulu présenter ce qu’il y a de meilleur : Adonis Stevenson aurait dû affronter Eleider Alvarez, Dmitry Bivol se serait mesuré à Sullivan Barrera et Sergey Kovalev aurait combattu Oleksandr Gvozdyk. En somme, seul Beterbiev a fait face à son premier aspirant. Les autres ont tous été couronnés par un tour de passe-passe.

 

Stevenson est resté assis sur ses lauriers tandis que Bivol et Kovalev ont affronté tous les deux leur dixième aspirant.

 

La règle de trois

 

Comment Kovalev s’y est pris pour reprendre une de ses couronnes? C’est une sorte de formule mathématique. C’est la règle de trois. « Krusher » devait affronter Sullivan Barrera. Ce dernier s’est désisté car la bourse de 400 000 $ qui lui était offerte n’était pas suffisante à son goût. Finalement, le combat de dix assauts entre Kovalev et Shabranskyy est soudainement devenu du jour au lendemain un combat de championnat.

 

De toute ma vie, je n’ai jamais vu une aussi forte compétition chez les mi-lourds. Les quatre champions et les quatre autres meilleurs aspirants sont tous de classe. Mais lequel des quatre est le vrai champion?

 

Lequel cogne le plus fort? Lequel présente la meilleure science de boxe? Lequel a le plus d’endurance? Lequel est le plus jeune? Lequel a le meilleur menton?

 

Selon moi, celui qui cogne le plus fort est Kovalev, suivi de Beterbiev. Celui qui présente la meilleure science de boxe est Beterbiev. Lequel a le plus d’endurance? Beterbiev suivi de Kovalev. Le plus jeune est Bivol à 27 ans. Beterbiev a 32 ans, Kovalev, 34, et Stevenson 40. Lequel a le meilleur menton? Beterbiev, suivi de Bivol, Stevenson et Kovalev.

 

Je ne veux rien enlever à Kovalev et aux autres, mais je persiste à croire qu’ils ont été couronnés par le père Noël, et j’ai hâte au jour où ils s’affronteront entre eux pour finalement décider qui est le meilleur. Pour le moment, je crois que « Krusher » est en avance sur les autres à cause de son expérience. Beterbiev est mon deuxième choix, suivi de Stevenson et Bivol.

 

Sans comparaison

 

Pour le moment, j’ai énormément de difficulté à comparer ces champions aux Joe Louis, Marvin Hagler, Sugar Ray Leonard, Tommy Hearns, Mike Tyson, Lennox Lewis et tant d’autres.

 

Il ne faut pas s’en prendre aux boxeurs eux-mêmes. Ce ne sont pas eux qui décident de leurs adversaires, mais je rêve du jour où nous aurons un seul monarque par division. Malheureusement, c’est de rêver en couleur.

 

Bonne boxe!