Listen to "Le compte de 8 - 27 déc. 2017 - Revue de l'année québécoise" on Spreaker.

Pour la première fois en deux ans, la boxe québécoise compte deux champions du monde et un troisième aurait pu s’ajouter si David Lemieux avait battu Billy Joe Saunders en décembre à Laval

Mais comme cela avait été le cas par les années passées, ce sont les jeux de coulisses qui ont fait le plus parler. Cela dit, plusieurs beaux moments resteront. Revue de l’année en cinq temps.

Boxeur de l’année : Eleider Alvarez

En règle générale, Adonis Stevenson et Artur Beterbiev devraient être ce que sont Terence Crawford et Vasyl Lomachenko pour le titre de boxeur de l’année sur la scène internationale. Un choix est aussi valable que l’autre et les meilleurs moments remontent rapidement à la surface.

Sauf que le règne de Stevenson continue de susciter le mépris année après année, tandis que Beterbiev aurait pu recevoir sa ceinture par la poste tellement son adversaire n’était pas de calibre. Heureusement, un autre candidat s’est faufilé pour s’imposer au fil d’arrivée.

En battant Lucian Bute en février et Jean Pascal en juin, Eleider Alvarez a ajouté à son tableau de chasse les noms des deux plus grands pugilistes de leur génération. Il n’a peut-être pas encore obtenu son combat contre Stevenson, mais il a gagné une certaine place dans le cœur du public.

Malheureusement, tout indique que ce n’est pas demain la veille qu’Alvarez se mesurera à celui dont il est l’aspirant obligatoire depuis novembre 2015, car un duel contre Badou Jack serait sur le point d’être annoncé. Qui plus est, le WBC obligerait le Montréalais d’origine colombienne à affronter Oleksandr Gvozdyk, sans quoi il perdrait sa position d’aspirant obligatoire. Eh misère...

Lafrenière peine, mais l'emporte

Combat de l’année : Francis Lafrenière contre Uriel Gonzalez

Francis Lafrenière s’était révélé au grand jour l’an passé en battant Renan St-Juste par décision unanime des juges au terme d’un furieux combat de dix rounds présenté en sous-cartes du second choc entre le champion unifié des mi-lourds de l’époque Sergey Kovalev et Jean Pascal.

Lafrenière avait également profité de cette occasion pour mettre la main sur une première ceinture mineure et semblait enfin avoir un certain contrôle sur la suite des événements.

C’est ainsi qu’il s’est retrouvé devant Uriel Gonzalez en février à Québec dans un duel qui lui permettrait enfin de faire son entrée dans les classements mondiaux en cas de victoire.

Fidèle à son habitude, le boxeur de St-Clet s’est mis rapidement au travail et collé à son rival pendant la totalité des dix rounds. Dix rounds qui ont très certainement donné des cheveux blancs aux puristes, mais qui ont en contrepartie complètement ravi les spectateurs présents.

Gonzalez semblait même en avoir fait assez pour l’emporter, mais Lafrenière n’a jamais cessé de mettre de la pression et a fini par arracher une victoire par décision partagée. Un combat qui aurait véritablement pu aller d’un côté comme de l’autre. Rendu là, que demander de plus?

Un K.-O. percutant de Lemieux

Knock-out de l’année : David Lemieux sur Curtis Stevens

Devenu champion du monde à la suite de sa victoire sur Hassan N’Dam en juin 2015, mais défait dès son combat suivant par Gennady Golovkin, David Lemieux s’était ressaisi en 2016 en battant Glen Tapia et Cristian Fabian Rios pour redevenir un acteur important de la division des moyens.

Après un rendez-vous manqué trois ans plus tôt, Lemieux a retrouvé Curtis Stevens en mars à Verona dans l’État de New York en finale d’un gala présenté sur les ondes de HBO. La tension entre les deux boxeurs était extrêmement palpable, alors qu’ils se sont invectivés à qui mieux mieux pendant la conférence téléphonique, le Québécois promettant de lui passer le knock-out.

Sans être particulièrement audacieux, le pari était néanmoins intéressant, car Stevens n’avait jamais été couché à proprement parler depuis le début de sa carrière. L’arbitre s’était interposé pendant son premier duel contre Marcos Primera et il avait jeté l’éponge face à Golovkin.

La rage au cœur, Lemieux se porte à l’attaque tôt dans le choc en visant tout particulièrement le corps de son adversaire. Alors que ce dernier se retrouve dans les câbles au troisième round, le Lavallois lance une droite qui touche Stevens au visage avant d’enchaîner immédiatement avec un crochet de gauche aussi puissant que précis au menton qui fait perdre la carte à l’Américain.

Yves Ulysse fils et Steve ClaggettSurprise de l’année : Steve Claggett sur Yves Ulysse fils

Quand Eye of the Tiger Management a annoncé qu’Yves Ulysse fils allait se mesurer à Steve Claggett, personne ne pouvait s’imaginer un instant que le Québécois échappe ce combat. Il s’était offert une frousse à sa seule sortie l’année dernière, mais ses victoires sur l’espoir invaincu Zachary Ochoa en février et Ricky Sismundo en juin avaient dissipé tous les doutes.

La prestation d’Ulysse contre Ochoa en sous-carte du choc opposant Lemieux et Stevens avait d’ailleurs attiré les bonzes de HBO et le duel face à Claggett se voulait d’abord et avant tout comme une générale avant la première prévue un peu plus tard en décembre à la Place Bell.

Mais pour des raisons qui demeurent encore obscures à ce jour, Ulysse est bêtement tombé dans le piège tendu par son rival en tentant souvent d’échanger coup pour coup avec lui plutôt que de se servir de son jeu de pieds comme il l’avait généralement si bien fait dans le passé.

Même si plusieurs observateurs ont vu Ulysse gagnant au terme des dix rounds, il s’est incliné par décision partagée. Heureusement, la défaite n’a pas été dommageable pour la suite de sa carrière, puisqu’il s’est battu sur HBO en décembre et a frappé un très grand coup en envoyant Cletus Seldin au plancher à trois reprises avant de facilement l’emporter par décision unanime.

Steven ButlerRetour de l’année : Steven Butler

Après avoir été choisi boxeur de l’année par l’auteur de ces lignes l’année dernière, Steven Butler avait l’occasion de franchir une nouvelle étape en janvier en faisant les frais de sa première finale au Centre Bell dans un combat d’unification de ceintures nord-américaines.

Travaillant à temps plein dans une entreprise de portes et fenêtres, son adversaire ontarien Brandon Cook avait émis de très sérieux doutes sur le parcours de Butler en qualifiant les boxeurs qu’il avait affrontés jusque-là de « tomato cans » dans les jours précédents leur duel.

Profitant pleinement de la tribune qui s’offrait à lui, Cook a battu Butler par arrêt de l’arbitre au septième round avant de recevoir un seau de glace en métal en plein visage. Le beau-frère du boxeur montréalais a ensuite été arrêté et a plaidé coupable à des accusations de voies de fait.

À la suite d’un examen de conscience qui a incité son entraîneur Rénald Boisvert à s’adjoindre les services de l’ex- poids lourd Jean-François Bergeron, Butler s’est relancé en passant le knock-out à Damian Mielewczyk en juin et en battant Silverio Ortiz par arrêt de l'arbitre au huitième round en octobre.

Mais c’est réellement en arrêtant Lanardo Tyner au deuxième round en décembre que Butler a prouvé qu’il était remis de son faux pas commis en janvier. L’Américain avait toujours terminé ses combats depuis le début de sa carrière, même s’il avait affronté plusieurs grosses pointures.