Les amateurs de boxe plus âgés ont eu leurs duels Ali-Frazier. Les plus vénérables ont vécu Sugar Ray Robinson contre Jake Lamotta. Plus récemment nous avons vu les quatre duels entre Manny Pacquiao et Juan Manuel Marquez.

 

Actuellement, rien n’égale les duels épiques que se livrent Gennady Golovkin et le nouveau champion des poids moyens Saul « Canelo » Alvarez. Les deux meilleurs poids moyens de leur génération ont disputé au cours de la dernière année 24 rounds de boxe endiablés, à l’issue desquels il est encore impossible de départager avec certitude lequel est le meilleur des deux.

 

Difficile de crier au scandale après l’annonce des résultats du combat de samedi.

 

L’étude de la carte de pointage permet de constater que les officiels Dave Moretti (115-113), Steve Weinsfeld (115-113) et Glenn Feldman (114-114) ont vu le même combat le deux tiers du temps. En effet, huit rounds ont fait l’unanimité sur leurs cartes de pointage.

 

Ainsi, les trois juges ont vu Golovkin clairement remporter les rounds 1, 4, 10 et 11. Pour ce qui est d’Alvarez, il enlève à l’unanimité des trois officiels les rounds 2, 3, 5 et 6.

 

Quatre rounds ont donc été évalués de manière différente, soit les rounds 7, 8, 9 et 12. Alvarez obtient la majorité des juges à chaque occasion.

 

On se retrouve donc avec une carte de pointage combinée des trois juges de 116-112 en faveur d'Alvarez.

 

Et si l’on pousse l’étude de la carte de pointage un peu plus loin, on se rend compte que le juge Feldman (114-114) est celui qui a divergé d'opinion le plus souvent dans son jugement le plus souvent (et ce n'est arrivé que 2 fois). Monsieur Feldman a été le seul à accorder les rounds 9 et 12 à Golovkin. Quant au juge Moretti, il a été le seul à accorder le 7e round à Golovkin. S’il avait évalué le round de la même manière que ses deux collègues, il se serait donc retrouvé avec une carte de 116-112.

 

Bref, nous sommes loin du psychodrame vécu l’an dernier et Alvarez mérite de se pavaner avec toutes ces ceintures.

 

Vers un 3e duel

 

Un troisième affrontement entre ces deux titans est la meilleure chose qui puisse arriver à la boxe. Pas mal plus qu’un Mayweather-Pacquiao 2 en tout cas!

 

La tendance constatée samedi à Las Vegas laisse toutefois entrevoir qu'Alvarez serait en bonne posture face à un Golovkin vieillissant. Après un lent début de combat, Golovkin portait lourdement ses 36 ans, y allant de grandes respirations de détresse à la mi-combat. N’empêche, selon la science non exacte de Compubox, Golovkin (879 coups) a décoché 257 coups de plus que le nouveau champion (622 coups portés). S’il a été bien actif au volume, Canelo a été très efficace (32% contre 27%) et plus puissant (143 des coups de puissance du Mexicain ont touché la cible contre 116). La prestation de Golovkin reste impressionnante, puisqu’il n’a pas cassé malgré les 36 coups au corps qu’il a encaissés. La majorité de ses coups de puissance a été portée dans la seconde moitié du combat.

 

On peut donc croire que si la cloche ne s’était pas fait entendre à la fin du 12e round, les deux boxeurs seraient encore en train de se battre, peu importe le moment où vous lisez ces lignes!

 

La place de Lemieux?

 

Reportons à plus tard l’analyse d’un éventuel combat entre David Lemieux et le champion Canelo Alvarez pour d’abord exiger la tenue d’un tel affrontement pour le Québécois. L’objectif du gérant Camille Estephan lorsqu’il s’est entendu avec Golden Boy Promotions en janvier 2015 était d’obtenir pour son protégé un combat contre Alvarez. Trois ans et demi plus tard, Lemieux a relevé son dernier défi avec cette victoire éclatante contre Gary O’Sullivan.

 

La 40e victoire de la carrière de Lemieux a été plus percutante encore que celle contre Curtis Stevens (K.-O. au 3e round) en mars 2017. Nombreux sont ceux qui pensent que le protégé de Marc Ramsay ne ferait pas le poids dans le même ring qu'Alvarez, mais Golden Boy doit respecter ses engagements envers Lemieux. Pour qu’il obtienne une autre chance pour un titre mondial, et surtout pour qu’il puisse obtenir une meilleure bourse que les 200 000$ obtenus pour sa victoire contre l’Irlandais (qui était mieux payé que le Québécois!).