Disons que je suis malheureux d’avoir perdu ma gageure, mais je suis heureux quand même pour le jeune homme de 29 ans, maintenant champions dans trois divisions de poids, soit les moyens, les super-moyens et maintenant les mi-lourds. Saul Alvarez rejoint donc les grands Bob Fitzsimmons, Dick Tiger, Thomas Hearns, Sugar Ray Leonard, Iran Barkley, Mike McCallum, Roy Jones Jr., Reggie Johnson et Bernard Hopkins.

Canelo a superbement boxé et aujourd’hui il est champion WBA/WBC des poids moyens, monarque WBA des super-moyens et maintenant titulaire de la couronne mondiale de la WBO qu’il a ravie à Sergey Kovalev par un percutant K.-O. au 11e engagement.

À la suite de ce triomphe, plusieurs experts croient que Canelo Alvarez devrait être proclamé le meilleur boxeur au monde, livre pour livre, délogeant ainsi Vasyl Lomachenko. Et il faut l’admettre, ils ont bien raison.

Une entente avec Dana White avait été conclue entre les promoteurs de l’UFC et de la boxe. Il a donc fallu attendre que la finale de l’UFC prenne fin avant que le championnat mondial de boxe se mette en branle, ce qui a obligé les boxeurs à se réchauffer deux fois plutôt qu’une. 

Ce n’est qu’à 1 h 18 du matin, heure de Montréal, que la cloche s’est fait entendre.

Canelo n’a rien à se reprocher à l’issue de ce match. Il a suivi son plan à la lettre. Il a laissé Sergey Kovalev se vider et quand le moment s’est montré opportun, il a laissé partir une combinaison une-deux parfaitement exécutée en 11e reprise : un crochet de la gauche pour ébranler le vétéran de 36 ans et un direct de la droite parfaitement placé pour finir le travail.

Cette fois, les juges ont vu juste. Julie Lederman et Dave Moretti avaient accumulé des scores identiques de 96-94 en faveur de Canelo, mais comme c’est pratiquement une habitude pour lui, Don Trella voyait le match nul 95-95.

Quant à l’arbitre Russell Mora, il a été égal à son talent. C’est-à-dire qu’il n’a jamais sévi contre Krusher pour ses ruades avec son épaule sur son rival. Mora a bien sermonné Kovalev, surtout en deuxième moitié de  combat, mais il n’a jamais sévi.

Quand on regarde les chiffres, on constate que Kovalev a assez bien fait.  Il a lancé pas moins de 577 jabs au cours des 11 rounds, un record pour lui, mais il n’a jamais atteint son rival avec un coup de puissance.  D’ailleurs, le Mexicain était conscient de la tactique de Kovalev. Sa défense était pratiquement impénétrable.

Il est évident que Kovalev n’est plus le même boxeur que durant ses bonnes années. Il y a eu la période avant Andre Ward et la période après Andre Ward.

On a vu une étincelle du vieux Kovalev en huitième reprise, alors qu’il est parvenu à pousser Canelo dans les câbles, mais il n’a jamais été en mesure de poursuivre cette attaque. C’est en sixième reprise que Kovalev a commencé à montrer des signes de fatigue et Canelo en a profité.

On fera quoi en 2020?

Que se passera-t-il pour Canelo en 2020? C’est à son entraîneur Eddy Reynoso qu’incombe cette tâche de trouver le prochain rival. Et le prochain ne sera pas Gennady Golovkin. Pour Canelo, une trilogie contre GGG n’est pas un défi, mais si le moment est propice selon les promoteurs, il n’a aucune objection à s’exécuter.

Naturellement, il y a Artur Beterbiev qui pourrait être une possibilité, si jamais Alvarez décidait de poursuivre chez les mi-lourds, mais je doute que son clan accepte un tel combat, du moins à brève échéance. Mais le triple champion a bien dit qu’il se trouvait bien à son aise à 175 livres.  Or, le plus vulnérable à ce poids maintenant est le champion de la WBA, Dmitry Bivol et ce dernier a déclaré publiquement qu’il aimerait se mesurer à Canelo.

Les autres possibilités

Parmi les autres rivaux possibles, on compte Callum Smith, le monarque de la WBA. Il y aussi Billy Joe Saunders qui voudrait bien affronter le triple champion, mais son style n’est pas assez spectaculaire pour plaire aux bonzes de DAZN.

On veut absolument monnayer le riche contrat de Canelo. À 35 millions $ par match, il faut trouver des rivaux, non seulement de classe, mais qui peuvent aussi générer des nouveaux abonnés pour DAZN dont on vient de célébrer le premier anniversaire il n’y a pas si longtemps.

Du côté de Sergey Kovalev, son avenir est maintenant assuré, à moins qu’il se mette encore les pieds dans les plats. On sait qu’une action en justice de l’ordre de 8 millions $ a été intentée contre lui par une dame pour avance sexuelle et pour l’avoir frappée.

Quelles sont les options qui s’offrent à Kovalev maintenant qu’il a été vaincu dans le plus important combat de sa carrière?

À 36 ans, la carrière commence à se faire longue et il aura 37 ans le 2 avril prochain. C’était aussi sa quatrième défaite au cours de ses huit derniers combats et la troisième fois qu’il perdait par mise hors de combat.

Monétairement, son avenir est assuré. Il devrait toucher  entre 12 et 15 millions $ pour avoir affronté Canelo. 

Il a déclaré après avoir été vaincu qu’il avait le goût de continuer. Si tel est le cas, DAZN lui offre un contrat pour deux combats. Est-il encore de calibre pour Artur Beterbiev et Dmitry Bivol? J’en doute… Disons que sa réputation est faite sur le passé et les jours paraissent assez sombres pour l’avenir. S’il poursuit, il sera reconnu comme une sorte de faire-valoir, un policier de la catégorie des mi-lourds, un ex-champion placé en sous-carte. C’est difficile à accepter, mais ainsi va la vie dans le monde de la boxe.

Vive le champion et bonne chance au perdant.

Miguel Berchelt fait vite

Alors que les choses s’éternisaient au MGM Grand de Las Vegas, c’est comme un coup de vent que s’est déroulé le match de championnat entre Miguel Berchelt et Jason Sosa.

ESPN présentait deux combats en provenance de Carson, en Californie, et le premier entre Javier Molina et Hiroki Okada n’a duré que 1 minute 05.

Après 18 victoires de suite, le Japonais subissait ainsi un deuxième revers de suite par K.-O.. C’était la première fois en carrière qu’Okada tombait au premier engagement. Quant à Molina, il enregistrait son quatrième triomphe de suite et son premier par K.-O. depuis le 13 octobre 2015.

C’était prévu

Tel que prévu, Miguel Berchelt n’a fait qu’une bouchée de son 4e aspirant à sa couronne WBC des super-plumes, Jason Sosa.

Pour Berchelt, reconnu comme le meilleur super-plume au monde, c’était sa 16e victoire de suite. Il n’a pas perdu un combat depuis 2014.

Il a envoyé son rival au tapis au deuxième engagement et l’arbitre Jack Reiss a bien failli mettre un terme aux hostilités, mais Sosa est parvenu à reprendre ses esprits et finir le round.

En quatrième, le rideau est tombé à 2 min 56 de la fin du round et c’en était fait pour le vétéran de 31 ans.

Berchelt défendait ainsi sa couronne avec succès pour la sixième fois et après le match, il a déclaré qu’il voulait affronter tout d’abord  Oscar Valdez et ensuite augmenter son poids à 135 livres pour défier Vasyl Lomachenko.

Bonne boxe!