MONTRÉAL – Le parcours de Francis Lafrenière est assurément l’une des plus belles histoires de la boxe québécoise des dernières années. À l’image des feel-good movies, l’athlète de Coteau-du-Lac est sorti de nulle part pour atteindre le top-5 du classement de la WBO en octobre 2017.

 

Mais miné par les blessures et deux défaites crève-cœur subies contre Albert Onolunose et Jose de Jesus Macias, il s’est retrouvé à la croisée des chemins au début de l’année. Il a ainsi quitté les frères Howard et Otis Grant qui l’entraînaient depuis 14 ans avant de prendre une autre très grande décision : vendre le club de boxe qu’il possédait et dirigeait avec passion à Saint-Clet.

 

« J’avais besoin de changement, et tant qu’à faire, j’ai décidé de vendre le gymnase, a confié le sympathique pugiliste âgé de 31 ans pendant un entretien à cœur ouvert avec RDS.ca, vendredi midi, après avoir respecté la limite de 164 livres à la veille de son duel contre Jose Luis Zuniga.

 

« Le côté familial en a pris un coup : je ne voyais pas mes enfants beaucoup. Avec le gymnase, je travaillais beaucoup. Il y avait la comptabilité, la paperasse, les commissions, gérer le personnel, les clients, les cours de groupe, les cours privés, les équipes de compétition, etc. En plus de mes entraînements, il y avait aussi les œuvres de charité et les fondations... ça prenait du temps. »

 

Du temps, Lafrenière (18-7-2, 10 K.-O.) en a maintenant pour concentrer toutes ses énergies à sa carrière de boxeur professionnel. Sans aller jusqu’à prétendre que ses multiples occupations lui ont nui dans le passé, il esquisse plutôt une réponse qui en dit très long sur sa personnalité.

 

« Je ne suis pas la personne la plus confiante au monde, a avoué le poids moyen. Ce n’est pas que je ne crois pas en mes moyens – j’ai la tête dure, je fonce et je suis déterminé –, mais il ne faut pas oublier que j’ai eu un début de carrière difficile, sans promoteur, sans rien dans le fond.

 

« Un jour, Rixa Promotions est arrivé dans le décor et il y a eu treize victoires en ligne, dont celle contre Renan St-Juste, le titre de la NABO et alors que la promotion dégringolait, c’est certain que ça m’affectait parce que je suis quelqu’un près de mes émotions. Je préfère me dire que je suis devenu la personne que je suis grâce à tout ça, mais c’était le temps d’un nouveau souffle. »

 

Et ce nouveau souffle, il l’a trouvé aux côtés de Larouche. « Nous sommes des gens qui sont très simples et humbles, a-t-il expliqué. Il a entraîné Éric Lucas, qui est l’une de mes idoles. S’il a réussi à faire quelque chose de bien avec lui, pourquoi n’y parviendrait-il pas aussi avec moi?

 

« La communication est vraiment écœurante et l’encadrement est sur la coche! Et tant avec le gars de conditionnement Fred Laberge ou Pierre Bouchard. Oui, nous travaillons sur plusieurs choses, mais sans aucune pression. Après seulement trois mois, il y a une certaine progression.

 

« Ça n’a peut-être pas paru à mon dernier combat qui était premier avec Stéphan, parce que ça faisait longtemps que je n’avais pas boxé et parce que je voulais faire plaisir à tout le monde. J’ai commencé à beaucoup trop réfléchir, ce qui n’est pas une très bonne idée à ce moment-là! »

 

Lafrenière n’a évidemment aucune idée jusqu’où le mènera cette nouvelle aventure, sauf qu’au final, il souhaite simplement savoir ce qu’il peut accomplir dans des conditions optimales. Même s’il ne répétait pas son exploit d’octobre 2017, il n’aura pas le regret de ne pas avoir tout essayé.