MONTRÉAL - Depuis le début de sa carrière, Nate Campbell est souvent venu jouer les trouble-fête, alors qu’il a toujours été un peu regardé de haut.

Après avoir commencé sa carrière professionnelle à l’âge tardif de 28 ans, Campbell a surpris le monde de la boxe en devenant champion unifié des poids moyens en mars 2008. Il avait à ce moment-là battu Juan Diaz, qui malgré ses 24 ans, était déjà considéré comme l’un des meilleurs « livre pour livre » de la profession.

Campbell n’a malheureusement jamais été en mesure de surfer sur ce succès inespéré, puisqu’il a dû abandonner ses titres à sa première défense après avoir été incapable de respecter la limite de 135 livres. Il s’est ensuite notamment incliné devant les futurs champions du monde Victor Ortiz, Danny Garcia et Khabib Allakhverdiev, après avoir été forcé à l’inactivité en raison d’un nerf coincé dans le dos qui le faisait terriblement souffrir.

Mais c’est fort d’une série de deux victoires qu’il s’amène au Centre Bell pour y affronter Kevin Bizier en finale du troisième gala de la saison de la série « Rapides et Dangereux » du Groupe Yvon Michel. Et comme cela avait été le cas pour Almazbek « Kid Diamond » Raiymkulov il y a quelques années, Campbell entend servir à Bizier une leçon qu’il se souviendra pour le reste de ses jours.

« Bizier est sous pression, alors que je ne le suis pas du tout », a expliqué le pugiliste de Jacksonville à l’accent du Sud. « Personne ne s’attend à ce que je gagne et personne n’en à rien à faire que je gagne! »

« J’ai 26 victoires par knock-out et je les ai obtenues tant chez les super-plumes que chez les mi-moyens, ce qui signifie que je suis capable de cogner dur peu importe le poids. »

Campbell dit respecter fondamentalement Bizier parce qu’il s’est déjà retrouvé à sa place dans le passé, sauf qu’il n’est guère impressionné par la feuille de route de son adversaire québécois. L’Américain cite ses 294 rounds d’expérience - contre 72 - et surtout les boxeurs avec qui il a eu la chance de mettre les gants au fil des années.

« J’ai regardé contre qui Bizier s’est battu et j’ai déjà eu de meilleurs partenaires d’entraînement », a lancé le vétéran en dérision. « Je me suis frotté à des gars comme Shane Mosley, Angel Manfredy, Arturo Gatti et Randall Bailey. »

« Même Adonis Stevenson me connaît et je suis convaincu qui leur a parlé de moi! »

Même s’il est âgé de 40 ans et qu’il a accepté le combat à seulement deux semaines d’avis, Campbell rejette du revers de la main toute allusion au fait qu’il serait surprenant qu’il parvienne à suivre le rythme endiablé imposé par son cadet de 12 ans. Il faut dire que sa réputation de « rat de gymnase » est largement connue dans le monde de la boxe.

« Toute ma vie, j’ai accepté des combats à la dernière minute », a rappelé le Floridien. « J’ai affronté Garcia à deux semaines d’avis et il ne m’a battu que par décision unanime. Et je n’ai également pas peur d’aller à l’extérieur. Je suis allé me mesurer à Cayo chez lui en République dominicaine et j’ai gagné. »

Décidément, Campbell ne manque pas de confiance en lui. Il n’est donc pas surprenant d’apprendre qu’il aime enseigner les grandes leçons de la vie dans sa communauté pendant ses temps libres.

« Je connais des choses que la plupart des boxeurs ne savent même pas », a conclu Campbell. « Avec le temps, tu apprends à connaître ce que tu peux recevoir, ce que tu peux endurer. »

« Je suis maintenant rendu tellement vieux que je n’écoute plus que ce que les gens disent à mon sujet. Si je suis aussi relax, c’est beaucoup à cause de ça! »

Mais avec cinq filles, dont quatre fréquentent l’université, Campbell continue d’encaisser des coups dans l’arène afin de leur permettre de réaliser leurs rêves. Cela ne l’empêche cependant pas de briser ceux de parfaits inconnus au passage.

 

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