MONTRÉAL – Il semble y avoir un consensus à l’idée que le combat que David Lemieux disputera contre David Benavidez pour le titre intérimaire des poids super-moyens du WBC le 21 mai prochain à Glendale, en Arizona, sera celui de la dernière chance.

Comme quoi le cogneur québécois n’aurait plus jamais l’occasion de s’illustrer sur la scène internationale s’il n’était pas en mesure d’infliger une première défaite à son adversaire américain.

« Les gens peuvent dire ce qu’ils veulent, mais je sais que chaque fois que je monte dans le ring, je donne un bon spectacle, a dit l’ex-champion des moyens de l’IBF en marge d’un entraînement organisé jeudi avant-midi à Montréal. Où je suis rendu, chaque combat est important et crucial.

« Les amateurs aiment me voir à l’œuvre et savent que je donne toujours mon 100 pour cent. Je suis là pour de bon. »

Reste qu’à 33 ans et père d’un 3e enfant depuis peu, Lemieux (43-4, 36 K.-O.) aurait mille et une raisons de réfléchir à son après-carrière, mais cela serait très mal le connaître apparemment.

« David Lemieux a encore faim et le monde semble oublier ça », a répondu le principal intéressé.

« J’ai toujours regardé vers l’avant, jamais vers l’arrière, et c’est certain que je rêve d’affronter des gars comme [Saul] ‘’Canelo’’ [Alvarez] ou [Jermall] Charlo. Je regarde vers l’avant, mais jamais au-delà de la première étape. Sans [victoire face à] Benavidez, il n’y aura rien ensuite. »

Cette sagesse n’a pas été inutile, puisque le monde de la boxe a encore prouvé qu’il peut changer aussi vite qu’un épisode de Lance et Compte. Jusqu’à samedi, le gagnant du combat entre Lemieux et Benavidez (25-0, 22 K.-O.) pensait ensuite devenir l’aspirant obligatoire à « Canelo », mais ce dernier s’est incliné par décision unanime des juges contre Dmitry Bivol.

Cela dit, la défaite de « Canelo » ne change rien aux ambitions de Lemieux, qui disputera un premier combat significatif depuis qu’il a affronté Gary O’Sullivan en septembre 2018 à Las Vegas. Il n’avait alors mis que 2 minutes 44 secondes pour anéantir de son rival moustachu.

Lemieux a ensuite eu un peu plus de difficultés contre Maksym Bursak à son passage officiel chez les super-moyens, mais il n’a ensuite fait qu’une bouchée de Francy Ntetu et David Zegarra.

« Il y a une énorme motivation qui vient avec le fait d’embarquer dans un gros combat avec l’un des tops de la division, a expliqué Lemieux. Ç’a changé mon éthique de travail pendant le camp.

« La boxe est un sport excessivement mental et sans que tu t’en rendes vraiment compte, tes coups de poing deviennent pratiquement de cinq à dix fois plus puissants à l’entraînement. »

Mais c’est ultimement lorsqu’il parle de sa conjointe, l’ex double médaillée olympique Jennifer Abel, et son fils, Xander, que Lemieux témoigne le mieux des raisons de tous ses récents efforts.

« Ma femme est solide, a lancé Lemieux avec énormément de fierté. En tant qu’ancienne athlète, elle comprend l’importance que revêt ce combat pour moi. Ma priorité était d’être présent à l’accouchement et tout a bien été. J’ai pu ensuite me concentrer sur mon combat.

« Je veux gagner cette ceinture pour mon fils. Si je fais tout ça aujourd’hui, c’est pour lui. »

« Ce genre d’événement peut devenir une motivation ou une distraction et c’était à nous de décider comment nous allions l’utiliser, a ajouté son entraîneur Marc Ramsay. Tout ce que je peux dire, c’est que ç’a été très, très positif. David a donné sa pleine mesure à l’entraînement. »

Autant Lemieux refuse de croire qu’il s’agit du combat de la dernière chance, autant il sera ardu pour lui de retrouver dans un avenir rapproché un niveau motivation semblable à celui qu’il est présentement en train de vivre en cas de défaite. Le combat de la dernière chance? Peut-être.