Ne manquez pas le combat entre Artur Beterbiev et Joe Smith fils, samedi dès 22 h, sur les ondes de RDS2 et RDS Direct.

MONTRÉAL – Joe Smith fils était un boxeur comme l’Amérique en a connu des milliers d’autres lorsqu’il s’est retrouvé dans le même ring que le légendaire Bernard Hopkins en décembre 2016.

À l’époque, Hopkins s’apprête à disputer un dernier combat qui lui permettra de se retirer sur une bonne note. Douze mois plus tôt, il s’était incliné par décision unanime des juges contre Sergey Kovalev et n’avait pas très bien paru. À vrai dire, il n’avait même pas essayé de gagner.

Hopkins et son équipe sont donc à la recherche d’un boxeur possédant une bonne fiche et qui est porté sur l’attaque. Smith s’est fait connaître à l’été 2016 en battant Andrzej Fonfara après l’avoir envoyé deux fois au plancher en seulement 2:32. De plus, il était négligé à 33-contre-1!

Même s’il est alors âgé de 51 ans, le rusé Hopkins ne devrait pas avoir énormément de difficulté à contrer Smith, qui est âgé de 27 ans. Son père avait beau avoir remarqué que Fonfara exposait son menton après avoir lancé un coup, plusieurs croient qu’il a tout simplement été chanceux.

Smith est une vedette locale dans les régions de New York et Long Island, mais doit néanmoins se lever chaque matin pour aller travailler. Un trajet de 90 minutes qui pèse de plus en plus lourd. Particulièrement lorsqu’il quitte le travail pour aller directement s’entraîner au gymnase.

Lors de la dernière conférence de presse faisant la promotion du combat, Hopkins ne manque d’ailleurs pas de souligner à quel point Smith est « commun » et lui « spécial ». L’ex- champion s’adresse au public en lui demandant qui il choisirait. Le « commun » ou encore le « spécial »?

Smith aurait facilement pu se lancer dans une joute verbale avec Hopkins. Mais il se contente de le regarder, stoïque. Il savait pertinemment que plusieurs s’étaient essayés avant lui, mais aucun n’était parvenu à le déstabiliser. Il se contenterait de faire ce qu’il connaît le mieux : travailler.

Le soir du combat, Smith fait ce que nous avons vu à maintes reprises depuis : il fonce sur son adversaire et lance des coups, sans relâche. Ce n’est pas toujours élégant, mais il parvient quand même à toucher Hopkins. Plus les rounds défilent, plus Smith semble totalement en contrôle.

En au neuvième, coup de théâtre. Smith projette Hopkins hors du ring à l’aide d’une série de coups. Se retrouvant cul par-dessus tête, la légende peine à se relever. Hopkins plaide que Smith l’a poussé, mais ce n’est évidemment pas le cas. Smith l’a simplement anéanti. Il l’a détruit.

« Combien de gars ont réussi à lui faire cela?, a récemment demandé le président de Top Rank Todd duBoef au cours d’une entrevue avec le réputé chroniqueur de Yahoo! Sports Kevin Iole.

La réponse est simple : absolument personne. Avant ce combat, aucun boxeur n’était parvenu à arrêter Hopkins avant la limite. Pas Roy Jones fils. Pas Jermaine Taylor. Pas Joe Calzaghe. Même pas Sergey Kovalev, qui écrasait pourtant tous ses adversaires sur son passage à ce moment-là.

« J’ai toujours su que je pouvais y arriver, a avoué Smith dans plusieurs entrevues au fil des ans. C’est le combat qui m’a ouvert toutes les portes. »

Pourtant, dans les jours qui ont suivi ce combat, Smith a repris son travail de col bleu. Non pas parce qu’il s’ennuyait de ses chums du Local 66, mais parce qu’il n’avait pas vraiment le choix.

« J’ai travaillé pendant quelques semaines et j’ai fini par réaliser que j’avais de gros combats qui s’en venaient, s’est remémoré Smith en entrevue à The Sun. Les gars se demandaient tous ce que je faisais là après avoir battu une légende. C’est que j’avais besoin de gagner de l’argent! »

Père depuis qu’il est âgé de 18 ans, Smith n’a effectivement droit à aucun repos. Il est passé bien près d’affronter Adonis Stevenson après sa victoire contre Hopkins, mais le combat ne s’est jamais matérialisé. Dans les médias, la faute est attribuée à son promoteur Joe DeGuardia.

Smith affrontera finalement Sullivan Barrera, mais le ciel lui tombe sur la tête au deuxième round lorsque le Cubain lui fracture la joue. Après une victoire contre Melvin Russell, il se retrouve contre le champion de la WBA Dmitrii Bivol. La défaite est cependant sans appel.

Mais « The Common Man » ne désespère pas. Il enchaîne les succès face à Jesse Hart et Eleider Alvarez et devient champion de la WBO après avoir battu Maxim Vlasov en avril 2021. Il a quitté son emploi de col bleu et possède sa compagnie d’émondage. Et il a même trouvé le temps d’étudier en sécurité financière. Cela dit, il est resté le même gars humble et facile d’accès.

« Je pourrais me filmer en train de faire des niaiseries et gagner un peu d’argent avec cela, a lancé Smith. C’est fou quand même. Aujourd’hui, il faut être sur les médias sociaux et avoir des abonnés. Cela demande énormément d’effort. C’est un sport qui rapporte finalement très peu, à moins d’être champion du monde. Peut-être devrais-je recommencer et jouer au baseball! »