Lorsque Don King a informé Bermane Stiverne (25-3-1, 21 K.-O.) qu’il se battrait le 23 février en Angleterre contre un boxeur n’ayant que sept combats à sa fiche, il a sauté de joie. Et est parti à rire. « Un boxeur qui n’a que sept victoires à son crédit... Cela va se faire vite. On va avoir du plaisir... », de lancer Stiverne.

J’espère que l’homme à la drôle de chevelure et brandissant l’éternel drapeau américain dans sa main droite et quelques fois dans sa main gauche a expliqué à son protégé que son rival se nomme Joe Joyce (7-0, 7 K.-O.) et que ce dernier était un gagnant de la médaille d’argent aux Jeux olympiques de 2016.

Pourquoi je vous parle de Stiverne, maintenant âgé de 40 ans? Après tout, il n’a pas boxé depuis 14 mois et lors de ce dernier combat, il avait chuté trois fois au tapis en moins de trois minutes avant d’abdiquer devant Deontay Wilder.

Vous avez droit d’avoir oublié son nom. Stiverne n’a pas boxé au Canada depuis huit ans et trois mois. À vrai dire, il ne s’est produit que deux fois au Québec au cours de sa carrière professionnelle et son travail s’est limité à 4:43 minutes sur un ring montréalais.

Si jamais il devait vaincre Joyce, que fera-t-il? Va-t-il continuer à boxer ou va-t-il se cacher quelque part aux États-Unis, comme c’est le cas depuis quelques années?

Difficile à comprendre

Difficile de comprendre le comportement de Stiverne.

Est-il revenu à la compétition parce qu’il manque d’argent?

S’il gagne, va-t-il poursuivre sa carrière?

Il a 40 ans et la dernière fois qu’on l’a vu à l’œuvre, il avait été totalement déclassé par Wilder.

Quant à son terme de champion, il n’a pas fait long feu. Une seule défense et une durée de seulement 252 jours.

Chez Joyce, ce que l’on veut c’est une victoire sur un ex-champion. C’est toujours bon d’avoir vaincu un ex-titulaire. Cela paraît très bien sur la fiche du gagnant.

Joyce est un boxeur qui est passé chez les pros sur le tard. Il est maintenant âgé de 33 ans et il faut faire vite s’il veut un jour combattre dans un match de championnat.

Frustré

Joyce se sent quelque peu frustré. Il trouve qu’il travaille dans l’ombre du champion Anthony Joshua depuis son stage chez les amateurs. Et il connaît bien le triple champion, lui ayant déjà servi de partenaire d’entraînement, tout comme au géant Tyson Fury.

C’est la même chose avec Stiverne, avec lequel il s’est entraîné il y a quelques années de cela. Stiverne prétend qu’il lui a fait l’école durant les séances d’entraînement et Joyce répond que c’est un boxeur qui ne met pas tellement d’ardeur dans son travail et qu’il n’avait eu aucune difficulté à le contrôler.

« S’il n’a pas changé, je vais lui refaire le visage », soutient le Britannique.

C’est un peu la tête basse que Stiverne se présente sur le ring samedi soir à Londres. D’ailleurs, il a tenu à s’excuser auprès des amateurs de boxe pour sa dernière performance « Je m’excuse auprès des amateurs, a-t-il admis. Contre Wilder, j’avais l’air d’un imposteur, pas d’un champion... »

Pas de chômage

Entraîné par Abel Sanchez, Joyce ne veut pas chômer comme aspirant. Il a l’intention de livrer quatre ou cinq combats cette année et ensuite participer à un match de championnat. Même s’il n’a que 19 rounds de boxe à son crédit dans le monde professionnel, il est déjà classé 5e aspirant à la WBA.

En Europe, il y a trois jeunes poids lourds qui n’ont jamais perdu un combat. Outre Joyce, il y a un autre Britannique du nom de Daniel Dubois et le Français Tony Yoka.

Dubois est le plus jeune du trio. Il a seulement 21 ans et présente une fiche parfaite de (9-0, 9 K.-O.). Il sera là l’œuvre le 9 mars prochain au Royal Albert Hall, de Londres, alors qu’il affrontera le vétéran Razvan Cohanu.

Dubois et Yoka

Contrairement aux deux autres, Dubois n’a pas participé aux Jeux olympiques, mais il a tout de même conservé une fiche de 69-6 chez les amateurs.

Quant au Français Yoka, il est toujours sous le coup d’une suspension d’un an pour dopage qui prendra fin en août prochain. Il présente une fiche de (5-0, 4 K.-O.). En 2016, aux Jeux olympiques de Rio, il avait remporté les honneurs de la médaille d’or, aux dépens de Joyce qui avait dû se contenter de l’argent.

Joyce a le gabarit parfait pour réussir l’exploit. Il fait 6’6’’ et combat entre 250 et 265 livres.

Pour vous donner une idée de son talent, ses quatre dernières victimes ont toutes été des vétérans et il ne lui a fallu que neuf rounds de boxe pour les endormir. Tout cela en moins d’une année.

Ses victimes ont été Lenroy Thomas (KO/2), Ivica Bacurin (KO/1) , Lago Kiladze (KO/5) et Joe Hanks (KO/1) et leurs fiches combinées sont de 101 victoires contre 22 revers.

Prédiction : Joyce par K.-O. avant le 8e round

Difficile à juger

Stiverne et Joyce se battent en demi-finale du gala mettant en vedette James DeGale et Chris Eubank fils. Ce match est pour le titre vacant IBO des super-moyens.

Qui va gagner? Votre choix est aussi bon que le mien. DeGale est le plus connu des deux, du moins au Québec, où il a combattu avec succès à deux occasions.

En mai 2013 Il n’avait fait qu’une bouchée de Sébastien Demers qu’il avait détruit en deux rounds au Casino du Lac-Leamy. Puis, en novembre 2015, il était parvenu à vaincre Lucian Bute par décision unanime au Centre Vidéotron, de Québec.

Du côté d’Eubank, il faut admettre qu’il est un bon boxeur, mais qui s’écroule chaque fois qu’il combat dans un match de championnat. C’est arrivé en 2014 quand il a perdu la décision partagée contre Billy Joe Saunders pour le titre du Commonwealth et il a récidivé en 2018 en abdiquant par décision contre George Groves pour les titres IBO et WBA des super-moyens.

Prédiction :  Eubank par décision

Ce sera Fornling

Cette fois, il semble bien que c’est officiel. Artur Beterbiev affrontera le Suédois Sven Fornling, le 4 mai prochain sur les ondes d’ESPN.

Beterbiev défendra son titre en mai

J’ai bien hâte de voir combien de téléspectateurs vont regarder ce combat? Pourquoi le 4 de mai? Les organisateurs de ce match ne savent-ils pas que le 4 de mai, c’est le Cinco de Mayo à Las Vegas, mettant en vedette Saul « Canelo » Alvarez contre Daniel Jacobs.

Surtout qu’il s’agit d’un match entre deux boxeurs pratiquement inconnus aux États-Unis. Beterbiev s’y est battu à trois occasions, deux fois à Chicago et une autre fois à Fresno, en Californie. Quant à Fornling, ce sera sa première présence en sol américain.

On aurait de la difficulté à reconnaître Beterbiev en pleine rue Ste-Catherine, tellement il est absent du ring chez nous. Quant à Fornling, je ne l’ai jamais vu à l’œuvre.

Je sais qu’il est classé 9e à la WBC et 4e à l’IBF. Je sais aussi qu’il a déjà perdu par TKO/5 contre un dénommé Makhtelenko (6-4) en juin 2014. Imaginez s’il n’a pas tenu le coup contre un vainqueur de six combats ce qui arrivera contre Betterbiev.

Cette fois, j’espère que Fornling sera le prochain rival. Depuis quelque temps, on a éclipsé les noms de Joe Smith fils, Sullivan Barrera, Murat Gassiev et Sergey Kovalev, de la liste d’aspirants à la couronne de Beterbiev.

Quant à Kovalev, je me suis laissé dire que c’était bel et bien lui et non pas Beterbiev qui ne voulait pas d’un affrontement. Un jour... peut-être, mais pas en mai.

Enfin, si jamais Fornling devait venir à bout de Beterbiev, ce sera la plus grande surprise de l’année dans le monde de la boxe.

Bonne boxe!