Dans le monde de la boxe et des combats ultimes les femmes n’ont pas encore atteint la parité avec les hommes, mais le jour n’est pas loin où on ne verra plus la différence.

Si seulement on peut accepter de laisser les femmes livrer des rounds de trois minutes comme les hommes, et participer à des matchs de championnats de douze rounds, tout comme les descendants d’Adam.

Disons que la boxe féminine a connu une période de tranquillité mais depuis quelque temps, on sent une popularité grandissante de semaine en semaine.

Pourtant, il n’y a pas si longtemps, tout semblait aller pour le mieux. Laila Ali disposait de ses 24 victimes à la vitesse de l’éclair, tout comme le faisait son illustre père, Muhammad Ali. À ce moment, la boxe féminine a connu un regain de popularité. Mais le manque de compétition a obligé Laila à se retirer en pleine gloire.

Soudainement, la boxe féminine a connu quelques années sombres. Mais aujourd’hui, elle revit de plus belle.

Retraitée depuis maintenant 12 ans, Laila est parvenue à amasser une fortune qui est maintenant établie à 180 $ millions.

Au tour de Claressa Shields

De nos jours, c’est une jeune femme de 24 ans qui prend la relève de la reine Laila, aux États-Unis. Elle se nomme Claressa Shields, double médaillée olympique et détentrice de neuf victoires en autant de combats dans le monde professionnel.

Soudainement, la boxe féminine retrouve ses titres de noblesse et de gala en gala, on découvre de nouvelles vedettes.

En novembre prochain, Shields aura évolué dans le monde de la boxe pendant trois ans. Elle aura raflé les quatre couronnes mondiales des quatre associations et déjà, on estime sa fortune à trois millions $ US. Toujours pas si mal, avec une moyenne d’un million de dollars par an.

Disons que c’est elle qui est en avance sur toutes les autres en Amérique du Nord. Son style, sa détermination, sa rage de vaincre en font une championne et un attrait pour la télé.

Pourquoi je vous parle de ces reines de la boxe? C'est parce que chez nous au Québec, on a une princesse du nom de Marie-Ève Dicaire qui suit les traces de cette noblesse.

Après 16 combats, Marie-Eve est déjà championne de l’IBF des super mi-moyennes.

Un peu plus de visibilité sur le marché internationale et quelques victoires par K.-O. et son titre vaudra son pesant d’or, car il faut bien l’admettre : elle est très spectaculaire.

Malheureusement, quand on se bat au Québec, on ne peut pas rêver de fortunes aussi gigantesques. Notre télévision payante ne peut égaler les géants réseaux américains et les commanditaires ne sont pas comparables à ceux de l’Oncle Sam.

Un jour, ce sera leur tour

En voyant Amanda Nunes disposer de Holly Holm en un seul round samedi soir dernier lors du gala UFC 239, je me suis mis à chercher le montant de la bourse qu’elle a dû toucher pour sa superbe performance. Or, faisons le calcul.

Elle avait déjà une garantie de 300 000 $ pour combattre. Elle a touché un boni de 200 000 $ pour sa victoire par K.-O. technique sur Holm, dès le premier engagement. Si on ajoute à cela les retombées de la télé payante, sa part du gâteau sera donc de 2 millions $.

De quoi faire rêver Dicaire, Kim Clavel, Corine Laframboise, Jade Masson-Wong et Valérie Letourneau, pour ne nommer que celles-là.

Naturellement, il faudra sortir Dicaire du Casino de Montréal et la présenter dans un amphithéâtre comme le Centre Bell, dans un gala où elle serait la tête d’affiche ou tout au moins en demi-finale, comme ce fut le cas pour Nunes.

Oscar et Marie-Ève

Si jamais Oscar Rivas parvient à vaincre Dillian Whyte la semaine prochaine en Angleterre, Dicaire pourrait facilement l’épauler en demi-finale dans un gala qui serait présenté au Centre Bell et je suis certain que la grosse télé américaine viendrait nous visiter, payant du même coup une partie de la facture.

Évidemment, quand on se lance tête première dans la boxe ou dans les combats ultimes, il faut se contenter de bourses qui souvent ne dépassent pas les 1000 $ pour des matchs préliminaires. C’est à peu près la même chose que dans le monde artistique. Tu bûches, tu sues, tu saignes, et éventuellement, cela fonctionne, mais strictement pour les plus talentueuses.

C’est un peu comme le ciel : tous sont appelés mais peu sont élus.

Revivez un peu les débuts de notre reine de la chanson, Céline Dion, à ses tous débuts alors qu’elle n’était qu’un enfant. Imaginez tous les sacrifices qu’elle a dû endurer et le travail acharné qu’elle fut contrainte de faire avant de devenir la star numéro un dans le monde entier. C’est exactement la même chose dans le sport.

Une seule sur 100 hommes

Malheureusement, une seule femme, la championne de tennis Serena Williams, s’est classée parmi les cent plus hauts salariés dans le monde du sport en 2018 selon Forbes. Elle vient en 63e place. Mais d’autres suivront éventuellement. Caroline Wozniacki a empoché pas moins de 33 $ millions. Il y a aussi Sloane Stephens, qui est riche à millions.

Il ne faudrait pas oublier notre reine québécoise, Eugenie Bouchard.  Elle fut la première Canadienne à remporter les honneurs du Grand Chelem chez les juniors, en simple à Wimbledon en 2012. En 2013, elle a été couronnée la recrue de l’année et aujourd’hui, elle trône sur une fortune évaluée à 6 millions $.

Une longue visite

Même la quadruple championne des mi-moyennes, Cecilia Braekus, sentant les honneurs et l’argent, vient d’obtenir sa carte de résidence à long terme aux États-Unis. Elle est consciente que la boxe féminine est en progression au pays de Donald Trump et elle veut y faire fortune elle aussi.

Non pas qu’elle soit dans la misère. Elle a livré trois combats en sol américain l’an dernier et on rapporte qu’elle a touché entre 500 000 $ et un million pour ses trois matchs victorieux, mais ces chiffres ne sont pas officiels. Il se pourrait qu’elle ait touché beaucoup plus.

Dans les sports violents, il y a Ronda Rousey, la première championne poids coqs de l’UFC, qui a déjà amassé une fortune de 12 millions $ et qui continue à augmenter sa richesse.

Parmi les femmes qui ont le mieux fait jusqu’ici dans le monde du sport, il y a très peu de boxeuses et d’adeptes des arts martiaux. Toutefois, Katie Taylor, la quadruple championne des poids légers, trône en tête de liste.

Selon le promoteur Eddie Hearn, elle est la pugiliste la mieux payée chez les femmes présentement. Hearn a fait cette déclaration avant qu’elle affronte et l’emporte sur Delfine Persoon, le 1er juin dernier au Madison Square Garden, en sous-carte du match entre Anthony Joshua et Andy Ruiz fils.

Et Hearn a ajouté que très prochainement, il en coûterait un million $ par match et peut-être plus pour la voir à l’œuvre.

Et notre Marie-Ève Dicaire?

Tout cela est bien beau, mais comment élever notre championne Dicaire à ce niveau?

Il faut tout d’abord la faire connaître au niveau international et lui faire affronter des rivales de son calibre de championne. Le nom de Ewa Piatkowska, la monarque de la WBC des super-mi-moyennes, a été mentionné et peut-être celui de Hanna Gabriels, la reine de la WBA.

Gabriels est la mieux connue des deux, mais elle ne viendra pas à Montréal pour des pinottes. On peut donc imaginer qu’un tel match, s’il se concrétisait,  aurait lieu aux États-Unis et serait télédiffusé sur ESPN ou encore Showtime. Mais, il faut comprendre que Gabriels est pratiquement inconnue aux États-Unis, où elle n’a livré qu’un seul match, qu’elle a perdu par décision aux mains de Shields, en juin 2018.

Dicaire a déclaré récemment qu’elle aurait l’intention d’augmenter son poids et de passer chez les moyennes, là où trône justement en maîtresse Shields. Pour le moment, c’est de rêver en couleur de croire que les deux pourraient s’affronter mais qui sait. Peut-être qu'un jour, ce sera son tour.

Bonne boxe!