Si vous êtes un vrai amateur de boxe, vous ne saurez plus où donner de la tête ce samedi. Il y a ce gala à Québec, où Adonis Stevenson met son titre en jeu contre Oleksandr Gvozdyk, et ensuite, il y a cet affrontement entre Deontay Wilder et Tyson Fury à Los Angeles. Un gala rempli d’une sous-carte fort intéressante.

Lequel vous intéresse le plus?

Ainsi, après une carrière d’une douzaine d’années, Adonis Stevenson a décidé de laisser tomber les pieds de céleri qu’il a affrontés pour se concentrer à unifier tous les titres possibles. Il veut prouver qu’il est le meilleur mi-lourds au monde.

Stevenson et Gvozdyk font le poids

Bravo! À 41 ans, faut le faire. Si je comprends bien, c’est fini les Andrzej Fonfara, les Tommy Karpency, les Dmitry Sukhotsky, les Sakio Bika et qui encore… Maintenant, il a ajusté sa mire sur Dmitry Bivol, Artur Beterbiev et Eleider Alvarez. Il veut toutes les couronnes.

Son intention est honorable, mais elle arrive un peu tard dans sa vie. Il a déjà 41 ans. Or, pour aspirer coiffer les quatre couronnes, il lui faudrait demeurer champion jusqu’en 2020.

Pour la première fois depuis 2015, Superman livrera deux combats cette année. Auparavant, il se contentait d’un seul match par an. Et n’allez pas croire qu’il est sorti du bois à la veille de la 10e défense de son titre contre Oleksandr Gvozdyk.

D’ailleurs, Superman est négligé des parieurs dans ce match, même s'il crie sur tous les toits qu’il passera le K.-O. à son rival.

« Un seul coup de poing et ce sera terminé », persiste à dire le champion.

D’accord… mais contre Badou Jack il a connu quelques moments difficiles. Et dans un match entre un cogneur et un boxeur scientifique, c’est celui qui a la meilleure science de boxe qui sort victorieux.

Stevenson est présentement le champion qui a conservé sa couronne mondiale le plus longtemps. Il est le détenteur du titre WBC depuis maintenant cinq ans, à la suite de neuf défenses, et il est conscient que la ville de Québec est sa ville chanceuse. Il y a combattu à quatre reprises et est sorti victorieux à chaque occasion.

Un adversaire redoutable

Enfin, un adversaire de qualité pour Superman. Ce Gvozdyk est supérieur à Badou Jack, son dernier rival contre qui le roi des mi-lourds a été obligé de se contenter d’un verdict nul.

« Je suis en meilleure forme que la dernière fois »

Gvozdyk n’est pas le plus puissant cogneur chez les mi-lourds. Cette qualité va à Adonis Stevenson et à Artur Beterbiev. Mais sa science de boxe compense pour ce manque de puissance.

Gvozdyk est un médaillé de bronze des Jeux olympiques de 2012. Lors des séries mondiales de 2012, sous les couleurs des Dynamos de Moscou, il a gagné tous ses combats. Il a répété l’exploit la saison suivante pour les Otamans d’Ukraine, alors qu’il a été victorieux dans ses cinq duels.

En mars dernier, il a remporté la victoire par décision sur Mehdi Amar et est ainsi devenu le premier aspirant à la couronne WBC de Stevenson. 

C’est la première fois depuis 2013 que Superman affrontera son aspirant à sa couronne.

Les mauvaises langues

Si jamais il parvient à vaincre Gvozdyk, il fera taire les mauvaises langues, surtout les chroniqueurs américains qui le voient comme un champion qui s’est contenté de boxeurs de deuxième ordre pour conserver sa couronne aussi longtemps.

Ce Gvozdyk est invaincu en 15 combats, mais il n’a jamais fait face à un boxeur aussi puissant que Stevenson. Les deux ont un adversaire en commun. Il s’agit de Tommy Karpency. Superman l’a mis K.-O. en trois rounds tandis que Gvozdyk s’est rendu jusqu’au sixième engagement avant de régler son compte. Toutefois, il faut se rappeler que l’Ukrainien s’était retrouvé au tapis dès le premier round sur un court crochet de la droite dans ce match.

Bien que le menton de Gvozdyk soit suspect, sa jeunesse et sa technique de boxe lui donnent un certain avantage sur son rival, dix ans plus vieux que lui.

Contre Badou Jack, Stevenson a prouvé qu’il pouvait combattre durant 12 assauts, même son l’adversaire a placé plusieurs bons coups. Selon ses dires, le Surhomme souffrait d’un vilain rhume lors de l’affrontement. Cette fois, il se dit en parfaite forme mais il est plus âgé de sept mois.

Prédiction : Gvozdyk par décision

Une première Québécoise

Si jamais Marie-Ève Dicaire parvient à vaincre Chris Namus, en sous-carte du gala, elle deviendra la première Québécoise championne mondiale de sa catégorie.

Sa rivale en sera à la deuxième défense de son titre IBF. C’est la première fois que Namus se retrouve Amérique du Nord. Elle a combattu en Allemagne, en Argentine et au Brésil, mais jamais au Canada.

Les deux boxeuses ne sont pas reconnues pour leur force de frappe. Dicaire n’a jamais gagné par K.-O. et Namus n’a que huit mises hors de combat à sa fiche. Cette dernière n’a pas remporté la victoire par K.-O. depuis cinq ans. Or, c’est donc celle qui présentera la meilleure science de boxe qui sortira victorieuse.

Dicaire a un superbe jab, un bon menton, énormément d’énergie et une très bonne science du ring.

Prédiction : Dicaire gagnante par décision

Rivas doit gagner

Pour Oscar Rivas, il n’y a pas de lendemain, ça passe ou bien ça casse...

Son rival, Fabio Maldonado est reconnu comme un puissant cogneur. D’ailleurs, il a passé le K.-.O à 25 de ses 26 dernière victimes. Le seul à ne pas avoir quitté le ring avec un mal de tête est un certain Glen Morgan qui s’était vu disqualifié de son match de six assauts en 2004, au Desert Diamond Casino, de Tucson, en Arizona.

Ce Maldonado est un ex-pugiliste de l’UFC, un adepte du jiu-jitsu brésilien qui a compilé une fiche de 24-12-0, 17 K.-O.

Pourquoi Rivas doit-il éclipser ce Maldonado?  Parce que le 18 janvier prochain, il doit affronter Bryant Jennings, au Turning Stone Resort et Casino, de Verona, dans l’état de New-York. Or, une défaite est inacceptable.

Rivas n’a pas tellement le choix. C’est la victoire ou bien devenir garde-du-corps et chauffeur pour son ami et champion Eleider Alvarez.

Beaucoup de gens ont confiance en Rivas, or il est temps qu’il montre qu’il a l’étoffe pour devenir un jour champion, tout comme son compatriote Alvarez.

Prédiction : Rivas par K.-O. avant le 9e assaut

De la boxe ou de l’accrochage

À trois heures de différence de Québec, Deontay Wilder fermera enfin sa grande bouche et tentera de passer le K.-O. à Tyson Fury, conservant ainsi sa couronne WBC des poids lourds. C’est lui-même qui prédit le K.-O.

De l’autre côté, Fury est tellement certain de sa victoire qu’il est prêt à donner sa bourse à sa fondation.

Cet affrontement est celui d’un boxeur de 6’9’’ contre un autre de 6’7’’.

Wilder n’a jamais combattu contre un pugiliste plus grand que lui et le même cas s’applique pour Fury.

Tout ce que j’espère, c’est que le combat soit intéressant. Pas une série d’accrochage comme ce fut le cas quand Fury était parvenu à enlever les couronnes à Wladimir Klitschko.

Ce que les deux boxeurs visent, c’est un match millionnaire contre le triple monarque Anthony Joshua.

Disons que pour Fury, le risque est plus grand que chez Wilder. Même son entraineur Ben Davison aurait aimé que son protégé participe à au moins quatre matchs avant  de se mesurer à Wilder. Mais depuis les dernières semaines d’entrainement, Davison se montre de plus en plus confiant, vu l’excellente forme physique de son protégé.

Fury vient de loin. Il n’a livré que deux combats en trois ans et il est loin d’avoir brillé dans ses deux victoires depuis son retour. Surtout que ses rivaux étaient des boxeurs bien ordinaires. Il a fait usage de drogues. Il a été victime d’une dépression. Il a menacé de suicider. Il s’est mis les pieds dans la bouche dans les médias quand il a mélangé homosexuels et pédophiles.  Son poids a « balouné » à près de 400 livres. Bref, selon plusieurs son retour contre un adversaire aussi puissant que Wilder est un peu hâtif.

Une frousse

Wilder n’a pas boxé depuis 9 mois, soit depuis qu’il a failli se faire battre par Luis Ortiz. Heureusement, il a repris ses sens après le septième engagement et a vaincu son rival par K.-O. technique au 10e round.

Les deux adversaires n’ont jamais connu la défaite au cours de leur carrière.  Wilder a mis K.-O. ses sept derniers rivaux. Le seul et dernier adversaire qui a résisté à sa force de frappe est Bermane Stiverne, le 17 janvier 2015.

Fury n’est pas un aussi puissant cogneur que Wilder mais il est surprenant. Il est inactif depuis huit mois, soit depuis sa victoire aux points sur Francesco Pianeta.

En dépit de tous les problèmes que Fury a eu à faire face,  l’ex-champion mondial des poids moyens, Billy Joe Saunders a misé pas moins de 100 000 $ sur son ami avec des cotes de 11/8 qu’il sortirait victorieux.

Même si cette mise de Saunders est impressionnante, je persiste à croire que c’est cette longue inactivité et le peu de combats  de Fury contre des rivaux de classe qui m’obligent à opter pour Wilder.

Prédiction : Wilder par K.-O. avant le 10e round

Bonne boxe!

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