Certains combats contribuent à établir une légende. Des combats qui, dans quelques années, seront encore regardés avec admiration en intégralité.

Hier, nous avons été témoins de l'une de ces prestations mémorables, qui servira un jour à illustrer la légende de David Lemieux.

Dans cette oasis improbable, au milieu de nulle part dans l'ouest de l'État de New York, le Québécois de 28 ans, n'avait qu'une seule intention : détruire son adversaire.

Dès les premières secondes du duel contre Curtis Stevens, la puissance des coups de Lemieux a dynamisé le casino de Verona. La décharge d'énergie s'est répandue comme une traînée de poudre sur les spectateurs, rivés sur le bout de leur siège. Les répliques potentiellement dangereuses, et bien esquivées, de Stevens, nous ont fait réaliser que le combat allait tenir ses promesses. Il pouvait se terminer à tout moment!

Et c'est ce qui s'est produit. Dès le 3e round, Lemieux a réussi à placer ce crochet de gauche au visage, parfaitement travaillé à l'entraînement avec Marc Ramsay, pour enregistrer l'un des K.-O. qui sera l'un des candidats au K.-O. de l'année.

La prestation inspirante de David Lemieux saura réconcilier plusieurs amateurs avec la boxe. Et le contexte de la victoire de Lemieux, devant les caméras américaines de HBO, avec la présentation de Michael Buffer, tout juste après l'hommage au regretté Lou Duva de Main Events, nous permet de revivre d'une certaine manière, ce que nous avait fait vivre, il y a une vingtaine d'années, le Montréalais Arturo Gatti.

Pour le spectacle!

C'est par ses combats passionnés que Gatti s'est taillé une place au Temple de la renommée de la boxe à Canastota, une petite ville située à proximité de l'endroit où Lemieux livrait bataille à Stevens samedi.

Comme Lemieux, Gatti s'est lancé dans la boxe professionnelle peu après ses 18 ans, après un bref passage en boxe amateur. Les deux jeunes Québécois se sont démarqués en début de carrière avec les nombreux K.-O. enregistrés rapidement.

Un K.-O. percutant de Lemieux

Mais alors que Gatti avait suivi son frère Joe au New Jersey, c'est au Québec que Lemieux s'est illustré, d'abord avec le promoteur Yvon Michel et l'entraîneur Russ Anber.

Tant Gatti que Lemieux ont subi la défaite, mais ont pu s'en relever. Le type de boxe spectaculaire de l'un et de l'autre, leur aura permis de devenir millionnaires grâce aux dollars versés par le télédiffuseur américain HBO.

Gatti a été deux fois champion du monde. Lemieux l'a été une fois. Difficile toutefois de dire s'il le redeviendra un jour dans cette fabuleuse division relevée des poids moyens.

Gatti a affronté les meilleurs, et il a perdu contre les meilleurs, qu'ils soient Oscar De La Hoya ou Floyd Mayweather.

Lemieux a eu le courage d'affronter le terrifiant Gennady Golovkin, et on peut croire que d'ici un an ou deux, il affrontera soit « Canelo » Alvarez ou Golovkin encore.

Gatti a terminé sa carrière avec un dossier de 40 victoires contre 9 défaites et 31 gains par K.-O. Lemieux présente une fiche comparable avec 37 victoires contre 3 défaites et 33 gains par K.-O.

Ne me méprenez pas. Je ne suis pas en train de dire que Lemieux sera un jour immortalisé à Canastota. Si Gatti est entré au Temple de la renommée, ce n'est pas en raison de sa technique, de sa défensive ou de ses prestations dans les combats de haut niveau. C'est que Gatti a frappé l'imaginaire des amateurs de boxe par son courage et ses guerres, dont cette formidable trilogie contre Mickey Ward.

Soyons toutefois conscients que nous avons la chance d'avoir sous les yeux un guerrier, qui ne se bat pas nécessairement pour des ceintures et des défenses de titre bidon. Nous avons David Lemieux qui nous permet de garder intacte notre passion pour la Boxe.

La question du poids

Arturo Gatti a mis un terme à la carrière de Joey Gamache après des irrégularités à la pesée, et je me demande si nous n'aurons pas maintenant une similitude malheureuse entre Gatti et Lemieux.

« J'ai été dominant du début à la fin »

La question du poids aura sans doute été un facteur dans l'issue dramatique du combat. Stevens était conscient avant de se rendre à l'hôpital. Il faudra toutefois attendre pour mesurer l'ampleur des séquelles sur sa santé.

Rappelons que Lemieux s'est volontairement absenté de la pesée matinale tenue par l'IBF, pour le titre nord-américain. Camille Estephan a expliqué que cette décision est liée à l'heure tardive de la première pesée à la veille du combat.

Même s'il a gagné, Lemieux n'était plus admissible au titre IBF nord-américain.

Mission accomplie

La délégation québécoise a quitté Verona avec le sentiment du devoir accompli. Lemieux et Yves Ulysse fils ont livré des prestations impeccables. Ulysse a particulièrement épaté contre Zachary Ochoa et il semble que HBO tient à le revoir.

Ulysse ne fait qu'une bouchée d'Ochoa

Marc Ramsay semblait particulièrement émotif dans les minutes après le combat. Ses poulains Lemieux et Eleider Alvarez (il y a deux semaines contre Lucian Bute) ont réussi de main de maître leur dernier test.

Souhaitons à Ramsay que les choses se règlent rapidement pour son autre étoile Artur Beterbiev.

Pascal était sur place

Jean Pascal avait fait la route pour assister à la soirée de boxe. Il affirme qu'il procédera cette semaine à des annonces pour la suite de sa carrière. Il n'a pas voulu préciser s'il s'agissait d'un retour avec Interbox-Eye of the Tiger, ou peut-être même d'une entente avec Golden Boy Promotions.

Canelo est la cible de Lemieux