LAVAL – Chaque fois qu’il en a l’occasion, David Lemieux se plaît à répéter qu’il ne ressemble en rien au boxeur qu’il était lorsqu’il s’est mesuré à Gennady Golovkin en octobre 2015 à New York.

 

Peu de temps après s’être emparé du titre des poids moyens de l’IBF en mai de cette année-là, le Québécois s’était incliné par arrêt de l’arbitre au huitième round devant celui qui est toujours champion unifié de la division. Au moment de l’interruption, il n’avait toutefois remporté aucun round sur les cartes des trois juges et plusieurs avaient critiqué avec véhémence sa prestation.

 

Un peu plus de deux ans après ce moment charnière de sa carrière, Lemieux (38-3, 33 K.-O.) aura l’occasion de redevenir champion du monde, alors qu’il affrontera le détenteur de la ceinture de la WBO Billy Joe Saunders en finale d’un gala présenté samedi soir à la Place Bell.

 

« J'ai beaucoup évolué depuis Golovkin »

« Beaucoup de monde a regardé Lemieux contre Golovkin, mais Lemieux contre Saunders va être totalement différent, a réitéré le boxeur qui célébrera ses 29 ans la semaine prochaine, après une très courte séance d’entraînement tenue dans un gymnase de Laval mardi après-midi. J’ai beaucoup évolué depuis. J’ai regrimpé l’échelle et j’ai vraiment fait ce que j’avais à faire.

 

« [Mon entraîneur] Marc Ramsay, mon équipe et moi avons travaillé sur beaucoup de petits détails. Je ne suis plus du même niveau où j’étais contre Golovkin. Si [Saunders] pense qu’il va revoir Lemieux contre Golovkin, il est gravement dans le trouble. Je suis inquiet pour lui. »

 

« Il y a plein de choses d’un point de vue tactique et d’un point de vue technique qui ont changé, a confirmé Ramsay. David est devenu un autre boxeur, un boxeur beaucoup plus complet. C’est rendu un vétéran de la boxe, même si nous avons tous l’impression qu’il est encore âgé de 22 ans, parce qu’il a commencé si jeune. C’est un vétéran qui sait ce qu’il a à faire dans un ring.

 

« Il y a aussi beaucoup de travail qui a été effectué dans la gestion des combats. Il y a un monde entre se battre et boxer. Même pendant les séances de sparring, il est maintenant en mesure d’aborder les choses avec un autre angle, et ça, il y a juste l’expérience qui peut amener ça. »

 

Sans surprise, Saunders (25-0, 12 K.-O.) ne croit pas du tout à cette transformation extrême. Pour lui, Lemieux demeurera toujours celui qui s’est écroulé au moment où ça comptait le plus.

 

« Quand vous vous battez contre quelqu’un de la trempe de Golovkin – comme ç’a été le cas pour Jeff Horn face à Manny Pacquiao –, vous donnez toujours le meilleur de vous-même, a expliqué le Britannique. Ce que vous avez vu ce soir-là, c’était le meilleur de David Lemieux.

 

« C’est facile de battre des boxeurs sur le déclin comme il l’a fait, mais c’est une autre histoire lorsque votre adversaire est capable d’esquiver et de répliquer. Peu importe, Lemieux peut dire ce qu’il veut et je peux dire ce que je veux d’ici le combat… Plus rien ne compte maintenant. »

 

Si Saunders ne cache pas qu’il joue – avec plaisir – le jeu de la promotion, il est également possible de remarquer que Lemieux est un peu plus impliqué émotionnellement qu’à l’habitude.

 

« Je veux redevenir champion du monde, s’est défendu le Québécois. Je ne le savais pas, mais j’ai beaucoup de partisans en Angleterre qui m’écrivent pour me dire qu’ils ne l’aiment pas et qui veulent que je m’en débarrasse. Je veux leur faire une faveur et m’occuper de ça samedi! »

 

« Ce n’est pas forcément négatif, a conclu Ramsay avec un sourire en coin. Tous ceux qui ont joué avec les nerfs de David, ç’a mal fini pour eux. Tous ceux qui ont été amicaux avec David, sans dire que ça l’endormait, ça ne le réveillait pas non plus. [Curtis] Stevens avait beaucoup énervé David sur les réseaux sociaux avant leur combat et nous avons tous vu le résultat. »

 

Lemieux avait en effet terrassé Stevens d’un puissant crochet de gauche au menton au 3e round de leur combat présenté en mars plus tôt cette année, réussissant du même coup l’un des plus spectaculaires knock-out sur la scène internationale en 2017, si ce n’est pas le plus notable.