QUÉBEC - Au cours des derniers mois, il ne s’est pas passé une journée sans que quelqu’un ne reproche à Adonis Stevenson d’avoir évité Jean Pascal, Sergey Kovalev ou Bernard Hopkins.

Depuis qu’il s’est offert les services de l’influent gérant Al Haymon, le champion des poids mi-lourds du WBC a donné l’impression d’avoir perdu le contrôle de sa carrière en défendant son titre contre des adversaires qui ne sont pas reconnus comme les meilleurs de la profession.

Ainsi, nombreux sont ceux qui ont applaudi la décision de lui imposer le gagnant du combat qui opposera Pascal à Kovalev le 14 mars au Centre Bell. Stevenson est d’ailleurs du groupe, lui qui a prétendu que c’est son rêve d’unifier toutes les ceintures. Dans les faits, cela fait des semaines que le champion québécois harcèle son gérant et son promoteur pour que les choses bougent.

« Adonis n’a jamais voulu éviter personne, mais les circonstances ont fait qu’il s’est fait reprocher beaucoup de choses, a indiqué le promoteur Yvon Michel plus tôt cette semaine. Après le combat entre Kovalev et Hopkins, Adonis m’a téléphoné à deux heures du matin pour me dire qu’il voulait se battre contre Kovalev.

« Je lui ai répondu que je comprenais tout ça, mais qu’il y avait certains problèmes, sauf qu’il ne voulait absolument pas les entendre. Il a ensuite appelé son gérant et nous avons parlé jusqu’à quatre heures du matin. Haymon m’a notamment dit que les choses finissent toujours par s’arranger dans le monde de la boxe et c’est exactement ce qui est arrivé. »

Si l’annonce du WBC a causé une certaine commotion, Stevenson, Michel et Haymon l’avaient vu venir. À vrai dire, si le trio avait refusé que le WBC impose au champion le vainqueur du duel Pascal-Kovalev, rien ne l’obligeait à affronter un boxeur non classé par son association.

Il reste encore évidemment énormément de détails à régler, mais les astres sont alignés pour qu’un mégachoc Stevenson-Kovalev soit le plus important jamais présenté chez les mi-lourds.

« Des boxeurs comme Roy Jones fils, Dariuz Michalczewski ou encore Michael Spinks ne se sont jamais battus à la télévision à la carte, a mentionné Michel. Chez les mi-lourds par exemple, Jones n’a jamais eu de grands adversaires pour organiser un mégacombat.

« Si Adonis et Kovalev s’étaient battus à l’automne, ce combat-là n’aurait pas fait de record. Ç’aurait été un bon combat, mais rien d’historique. Si Adonis et Kovalev finissent par s’affronter, ce sera le combat le plus gros de l’histoire des mi-lourds. Celui qui générera le plus de revenus. »

Les relations ne sont pas nécessairement au beau fixe entre Michel et la promotrice de Kovalev Kathy Duva. Malgré tout, le Québécois croit que cela ne pèsera pas très lourd dans la balance.

« Il faut vraiment saluer la volonté de Kovalev, a reconnu Michel. Un champion de trois associations qui se bat en éliminatoire pour affronter un autre champion, c’est du jamais vu.

« Si nous n’arrivons pas à nous entendre, nous allons nous assurer d’aller chercher les ressources pour remporter la mise aux enchères (purse bid). Les dirigeants de Showtime nous ont déjà dit qu’ils sont prêts à investir énormément. Et je verrais bien ce combat à l’automne dans le nouveau Colisée. Ce serait rempli au maximum de sa capacité et nous aurions les revenus nécessaires pour l’organiser sans l’aide de personne d’autre. »

Signe des temps, le nom de Pascal ne sera jamais réellement invoqué par Michel comme adversaire potentiel d’un mégacombat d’unification WBC, WBA, IBF et WBO. Mais comme Stevenson l’a lui-même évoqué cette semaine, un duel avec Pascal aurait la même portée historique et peut-être même encore plus.