Les jumeaux Charlo avaient promis un spectacle du tonnerre pour leur gala de samedi soir au Barclay’s Center de Brooklyn. 

Malheureusement, le spectacle leur a sauté en plein visage, surtout dans le cas de l'ainé des jumeaux, Jermell, qui a connu sa première défaite dans les rangs professionnels, perdant du même coup son titre de champion des super-mi-moyens.

Son frère, Jermall, visiblement affecté par la défaite crève-cœur, est venu bien près de connaitre le même sort contre un remplaçant de dernière minute.  Son nom : Matt Korobov. Un mi-lourd.  Un remplaçant de dernière minute,  qui a dû perdre pas moins de huit livres au cours des six derniers jours.

Dans le premier match, Jermell a le droit de chialer et d’exiger un combat  revanche. « Je n’ai jamais perdu ce combat, s’est-il écrié après sa défaite. Je me demande quel combat les juges ont regardé. Tout le monde sait, y compris Tony Harrison, que j’ai remporté la victoire. Je vais me reprendre et retrouver mon titre. »

Le vainqueur, négligé des parieurs à 8 contre 1, a immédiatement répondu que Jermell méritait un match revanche. « Il a été assez bon de me choisir pour cette rencontre.  À moi maintenant de lui rendre la politesse. »

Le combat était serré, c’est évident. Jermell tentait tellement d’impressionner en passant le K.-O. à son rival.

Les trois juges ont rendu chacun un verdict unanime. Julie Lederman 115-113, Ron McNair 115-113 et Robin Taylor 116-112. Personnellement, j’avais Jermell gagnant par 116-112.

Si on jette un coup d’oeil sur les coups lancés, Jermell est en avance dans presque tous les domaines.  Toutefois il a mainte fois raté la cible, ce que les juges ont retenu.

Le grand perdant dans tout cela, c’est Jarrett Hurd, le champion de la WBA et de l’IBF. Il devait affronter Jermell et ainsi unifier ses titres à celui de la WBC. Maintenant, cela devient moins intéressant.  Mais Hurd n’a pas manqué de souligné qu’il n’avait aucune objection à se mesurer à son frère Jermall, chez les poids moyens. « L’un ou l’autre... Pour moi, cela ne me dérange pas. Je sais que je peux les battre tous les deux, » a-t-il souligné.

Quant au nouveau champion, Tony Harrison, il a quitté le centre  Barclay’s peu de temps après sa victoire pour aller célébrer en famille. Il a été chanceux surtout au douzième engagement alors qu’il a été obligé d’accrocher plusieurs fois après avoir été atteint solidement par une droite. Heureusement pour lui, il a été capable de survivre jusqu’au son de cloche final.

Harrison devient donc champion à sa deuxième tentative. Sa performance a montré quelques failles chez Jermell qui se rendait jusqu’en douzième reprise pour une deuxième fois de suite.

Dommage pour lui. Peut-être méritait-il un meilleur sort. Et si l'on se fie à ses déclarations, Harrison ne conservera pas ce titre très longtemps.

Jermall affecté

C’est dans son vestiaire, pendant qu’il se réchauffait en regardant le déroulement du match entre son frère et Tony Harrison, que Jermall a finalement appris le verdict.

« Oui, j’ai été affecté, a-t-il admis. Jermell n’a jamais perdu ce combat.  Même la foule a réalisé que les juges avaient erré. »

Même s’il a perdu les quatre ou cinq premiers rounds de son match contre Matt Korobov, Jermall s’est finalement mis en marche vers le 6e engagement.  Il faut dire que Korobov n’avait livré que deux combats au cours des deux dernières années et qu’il avait dû perdre huit livres pour réduire son poids à 160 livres.

Pour ces raisons, il a commencé le combat avec force, mais au fur et à mesure que la deuxième moitié du duel arrivait, il perdait son énergie.  Tellement qu’en douzième reprise, il a bien failli connaitre le même sort qu’il avait vécu contre Andy Lee, en 2014, alors qu’il avait perdu par K.-O./6.

Un fait demeure : les experts avaient raison quand ils ont dit que Korobov était un meilleur pugiliste que Willie Monroe, banni de la rencontre pour usage de produits non autorisés par la VADA.

Je me demande toujours si le juge Larry Hazard a besoin de lunettes pour voir clairement.  Il a rendu un verdict de 119-108 en faveur de Jermall, ce qui est pratiquement impossible.  Korobov a gagné au moins les quatre premiers rounds et par la suite il  a faibli, ce qu’ont  constaté les deux autres juges, Max DeLuca (116-112) et Steve Weisfeld (115-112).

Korobov  est  un gros bonhomme, bien musclé dont la carrière est difficile à comprendre.  Aux Jeux olympiques de 2004, il avait perdu en deuxième ronde contre Bakhtiyar Artayev, du Kazakhstan, puis il avait fait le saut chez les pros. Il a gagné ses 24 premiers combats avant de baisser pavillon devant Andy Lee, en 2014.

Bien que le Russe croit sincèrement qu’il a gagné ce combat, je doute que Jermall lui offre un match revanche. Mais je suis certain qu’on reverra Korobov quelque part chez les moyens, les super-moyens ou encore chez les mi-lourds.

Whyte par K.-O.

Contrairement à leur première rencontre, cette fois Dillian Whyte n’a pas laissé de doute.  Il a assommé Dereck Chisora au onzième engagement et exige maintenant son match de championnat contre Anthony Joshua.

Pour le moment rien n’est certain, car on tente toujours d’organiser un match entre Joshua et Deontay Wilder, pour le 13 avril prochain.  

Si les deux clans n’en viennent pas à une entente, Whyte aura enfin la chance de venger son seul échec en carrière. En 2015, il avait été vaincu par TK.-O./7 par Joshua.

Le pire dans tout cela, c’est que Chisora menait par 95/94 au début du onzième engagement quand il a été atteint par un foudroyant crochet de la gauche.  Il a chuté lourdement au tapis avant de finalement reprendre conscience.

Malheureusement pour Chisora, il avait été l’agresseur, mais avait vu l’arbitre lui enlever deux points pour coup bas.  D’ailleurs, on a tout eu dans ce duel intéressant.  Des coups bas, des coups d’avant-bras et quoi encore.

Dites-vous bien que si jamais il devait y avoir un match revanche entre Joshua et Whyte, les cotes seront d’environ 30/1 en faveur du triple champion.

Bonne boxe!