Ne demandez pas ce que la boxe peut faire pour vous, mais ce que vous  pouvez faire pour la boxe!

Il paraît que la boxe est en déclin au Québec ces temps-ci, notamment à Montréal. Mon confrère Francis Paquin l’a prouvé hors de tout doute dans son article du 29 mai dernier. Plus les mois passent, plus les assistances baissent.

Pourtant, c’est le contraire en Europe et en sol américain. Bref, la boxe se porte bien partout dans le monde entier, ou presque.

Pourquoi la boxe est-elle en recul chez nous? Pas besoin de faire appel à l’inspecteur Clouseau pour connaître la réponse.

Nous avons à Montréal un champion mondial, deux aspirants à des couronnes mondiales et deux ex-champions du monde. Pourtant, aucun d’entre eux n’a pu battre le record de notre ex-monarque mondial pour les assistances à ses combats. 

Le plus populaire

Vous comprenez que je parle ici de Lucian Bute. Durant son règne, jamais les assistances n’ont baissé sous la barre des 10 000 spectateurs. Bien mieux, contre Jean Pascal en janvier 2014 au Centre Bell, la foule a été de 20 479 spectateurs.

Qui a été l’instigateur d’une si belle foule? Pascal ou Bute? Jusque-là, Pascal avait attiré 14 000 spectateurs contre Sergey Kovalev en mars 2015 et près de 10 000 lors de la revanche en janvier 2016.  Il faut donc croire que Bute était le centre d’attraction.

Alors que chez nous les choses piétinent, 90 000 personnes ont assisté, en Angleterre à la victoire du champion poids lourds de l'IBF Anthony Joshua sur Wladimir Klitschko. Quelques semaines plus tard, 27 000 amateurs ont salué, à leur grand désespoir, la graduation d’Errol Spence comme champion IBF des mi-moyens à la place de Kell Brook.

Ce samedi soir, GYM offrira l’une des meilleures cartes de boxe jamais présentées à Montréal. S’il n’y a pas au moins 10 000 amateurs au Centre Bell, il faudra bien conclure que la boxe est dans une période creuse chez nous.   

Outre les combats Stevenson c. Fonfara et Alvarez c. Pascal, on assistera au retour de Mikaël Zewski ainsi que la marche vers l’excellence de Custio Clayton, Christian M'Bili et Dario Bredicean, toujours invaincus.

Où est le problème?

Peut-être que le problème est causé par l’absence de nos meilleurs boxeurs sur la scène montréalaise.

Adonis Stevenson n’a pas combattu à Montréal depuis trois ans, soit depuis le 24 mai 2014, alors qu’il avait battu Andrzej Fonfara par décision et ainsi conservé sa couronne des mi-lourds du WBC.

Depuis ce jour, il a défendu cette même couronne trois fois à Québec et une fois à Toronto.

Quant à Jean Pascal, on ne l’a pas vu à Montréal depuis sa défaite aux mains de Sergey Kovalev en janvier 2016, soit depuis près d’un an et demi.

Et que penser d’un des meilleurs mi-lourds sur la planète, Artur Beterbiev, qui n’a pas combattu chez nous depuis un an?

Même David Lemieux ne boxe pas souvent dans la ville du maire Coderre. D’ailleurs, depuis son couronnement à titre de champion mondial des poids moyens aux dépens de Hassan N’Dam, le 20 juin 2015, on ne l’a vu qu’une seule fois à Montréal quand il a battu Cristian Fabian Rios en octobre 2016.

Dans son cas, on peut l’excuser.  Il est tellement spectaculaire que Golden Boy Promotions veut le garder en sous-carte de ses meilleurs galas aux États-Unis, et qui sait un jour lui permettre d’affronter Canelo Alvarez.

Vous connaissez le vieux proverbe : « loin des yeux, loin du cœur ». Même Eleider Alvarez n’a été vu à Montréal qu’une seule fois depuis le 15 août 2015, soit depuis près de deux ans. Durant ce temps, il s’est battu trois fois à Québec.

Une vraie ville de boxe

Je sais que la ville de Québec est un centre nerveux de la boxe québécoise, surtout depuis la construction du Centre Videotron. Les amateurs de la Vieille Capitale sont en or. D’ailleurs, ils l’ont prouvé avec Lucian Bute. Toutefois, pour prospérer, c’est à Montréal qu’il faut intéresser les gens en leur présentant leurs favoris le plus souvent possible. Plus ils brilleront par leur absence, moins les amateurs seront intéressés à les encourager.

Durant  les belles années de Johnny Greco, alors qu’il n’y avait pas de télévision, il se battait parfois deux fois par mois devant les siens. Même chose pour Armand Savoie. Donato Paduano en est un autre qui livrait un combat par mois dans les années 1970-1971.

En fin de carrière, l’immortel Sugar Ray Robinson a livré pas moins de 14 combats entre le 6 mars 1965 et le 10 novembre 1965. 

Un autre immortel, l’ex-champion des lourds Rocky Marciano, s’est battu sept fois entre janvier 1951 et octobre 1951, dont deux fois en mars 1951.

Le cheptel vieillit

Il faut comprendre que notre cheptel commence à vieillir. Superman a 39 ans, Pascal est âgé de 34 ans, Alvarez 33 et Beterbiev 32. Ils ne sont pas éternels.

À la veille de ce fameux gala, on peut se poser quelques questions :

a) s’il perd, Stevenson va-t-il accrocher ses gants?

b) s’il gagne, Stevenson va-t-il affronter le gagnant du combat entre Ward et Kovalev?

c) s’il gagne, Alvarez va-t-il enfin se mesurer à Stevenson?

d) s’il perd, que va-t-il arriver de Pascal?

e) s’il gagne, Pascal va-t-il enfin se battre contre Stevenson?

Pour le plus grand bien de la boxe montréalaise, j’espère que les amateurs se retrouvent en grand nombre au Centre Bell samedi soir pour voir à l’œuvre la crème de nos boxeurs.

Les prédictions

Maintenant, c’est le temps de se mettre au blanc et de faire nos prédictions. Allons-y.

Stevenson devrait conserver sa couronne aux dépens de Fonfara.  D’ailleurs, je crois que Superman règlera son cas avant le huitième engagement. Stevenson est facile à reconnaître, même si on ne l’a pas vu sur un ring montréalais depuis trois ans. C’est celui qui va se présenter sur le ring avec le costume de Superman.

Ne vous en faites pas trop pour lui. Fonfara est loin d’être dans la même classe que lui. N’oubliez pas qu’il a perdu par K.-O. au premier round contre Joe Smith et à son dernier combat, il a bel et bien vaincu Chad Dawson par K.-O. au 10e. Mais souvenez-vous qu’il perdait aux points quand l’arbitre a mis un terme au duel.

Ce ne sera pas facile

En demi-finale, j’ai hésité quelque peu pour finalement en venir à la conclusion qu’Eleider Alvarez gagnerait par décision sur Jean Pascal. Mais je ne gagerais pas ma chemise sur cette prédiction. Alvarez est un superbe boxeur technique, tandis que Pascal est un vieux routier qui a affronté les meilleurs au monde.

Alvarez n’aura pas la tâche facile contre lui. Pascal est un peu comme un musicien de jazz qui joue ad lib. Ce combat pourrait se jouer de deux façons. Il pourrait être spectaculaire si Pascal parvient à dominer en attaque à longue portée. Mais si jamais Alvarez ferme sa défense comme une huître, la soirée pourrait être longue.

Quant aux autres, mettez-les tous gagnants.

Je vous vois samedi soir au Centre Bell.

Bonne boxe!

L'avenir de la division des mi-lourds, au Québec?