COLLABORATION SPÉCIALE

 

Marcus Browne ne vient pas à Montréal pour visiter l’Oratoire Saint-Joseph, ni le Musée des beaux-arts.

 

Non... Il vient à Montréal pour affronter et vaincre le roi Artur. Dans sa tête, il croit fermement qu’il peut ravir les couronnes du double champion.

 

Artur Beterbiev de son vrai nom. Un Montréalais d’adoption depuis 2015, qui revient chez lui après une absence de plus de cinq ans.

 

Face à tous ses succès jusqu’ici, il ne faudrait pas croire que Marcus Browne est battu d’avance.

 

Browne, un vétéran de 25 combats en est totalement conscient. Mais il n’est pas qu’un faire-valoir. Loin de là. C’est un bon boxeur et il soutient qu’il ne faut pas trop se fier à sa défaite face à Jean Pascal…

 

Naturellement, les chiffres sont en faveur d’un triomphe pour le roi Artur.

 

À la veille de cet affrontement, Browne n’a aucune pression sur les épaules. Cette pression, elle devrait hanter le double champion. Mais quand on connaît Beterbiev, on sait qu’il est imperturbable. Sur un ring, il est fait de glace.

 

La dernière fois qu’on l’a vu au Centre Bell, il défendait sa couronne NABA contre un certain Ezequiel Osvaldo Maderna. Il n’avait mis que quatre rounds pour disposer de ce rival portant ainsi sa fiche à 10-0-0 (10 K.-O).

 

Ne vous en faites pas pour lui. Il est loin d’être un « homer ». Il a gagné des matches à Montréal, à Québec, à Mont St-Hilaire, à Chicago, à Strockton, en Californie et à Moscou.

 

L’homme à battre

 

Aujourd’hui, il trône en champion de la WBC et de l’IBF. Il est l’homme à battre chez les 175 livres. Il n’a jamais reculé devant un rival et il ne cherche personne en particulier.

 

Qui chez les mi-lourds pourrait bien faire subir à Artur Beterbiev sa première défaite dans les rangs professionnels?

 

Certainement pas Dmitry Bivol, le champion de la WBA, dont la force de frappe semble s’être envolée avec les années.

 

Pas plus pour Joe Smith Jr., un excellent boxeur, mais dont la science de boxe ne pourrait jamais contrer la force de frappe de Beterbiev. Et je doute que Canelo ose se mesurer à lui à court terme.

 

En fin stratège, Canelo va attendre que Beterbiev se promène avec une canne avant de l’affronter.

 

En somme, le seul danger qui existe chez le double champion de la WBC et de l’IBF, c’est l’âge.

 

Il aura 37 ans

 

Beterbiev est né le 21 janvier 1985. Il aura donc 37 ans dans un peu plus d’un mois. Et à 36 ans, tout peut arriver chez un boxeur.

 

Heureusement, notre Montréalais d’adoption a toujours mené une vie saine et rangée. Il a toujours été constant dans ses entrainements et il a toujours voulu s’améliorer.

 

Mais l’âge commence à faire son apparition chez lui. Plus on vieillit, plus il est difficile de conserver un poids habituel. On l’a constaté jeudi dernier lors de la pesée alors que Beterbiev a dû se reprendre à trois occasions avant de faire osciller l’aiguille du pèse-personnes à 175 livres.

 

Jamais au cours des sept dernières années, le double champion a eu de la difficulté à faire le poids de 175 livres des mi-lourds.

 

Par contre, on se souviendra qu’en début de carrière, son poids a varié entre 179  ¾ livres et 184 ¾ livres.

 

La bonne nouvelle, c’est que Beterbiev frappe comme une mule. Une force qui sort de l’ordinaire comme le prouve sa fiche intacte. 16 victoires, 16 K.-O. Et la dernière chose que perd un pugiliste en vieillissant, c’est sa force de frappe.

 

Mauvaise nouvelle pour Browne. 

 

Il ne fait aucun doute que Browne est un bon boxeur. Il est convaincu qu’il peut vaincre Beterbiev et ainsi lui enlever la chance de se mesurer à Canelo Alvarez si jamais ce dernier décide de l’affronter.

 

Je me pose la question. Si Jean Pascal a pu terrasser Browne trois fois au cours de leur affrontement en août 2019, pendant combien de temps l’Américain pourra-t-il résister aux attaques du champion?

 

Si vous jetez un coup d’œil sur les combats de Beterbiev, vous allez constater qu’il possède une puissance de frappe dans les deux mains et on n’en parle pas assez souvent mais sa défensive est aussi à la hauteur de son talent.

 

En 16 combats, je me souviens que Beterbiev était allé au tapis à deux occasions. La première fois au Colisée Pepsi, de Québec, contre Jeff Page Jr. dans ce qu’on appelle en jargon de boxe (flash knockdown) et la deuxième fois contre Callum Johnson, en octobre 2018.

 

Jamais blessé

 

Jamais il n’a été blessé, même pas étourdi ou dans les vapeurs après une chute et je doute que Marcus Browne possède la force nécessaire pour salir le fessier du maillot du champion.

 

Le dernier combat que Browne a gagné par K.-O, c’était contre Francy Ntetu, en janvier 2018. Cela vous donne une idée de sa force de frappe.

 

À son tableau de chasse, on retrouve les noms de Radivoje Kalajdzic (25-2-0—17 K.-O). Sean Monaghan (29-3-0—17 K.-O), à qui il a fait subir un premier revers dans le monde des pros.

 

Marcus Browne n’a perdu qu’un seul combat en carrière. C’était contre Jean Pascal, au Barclays Center, de Brooklyn. Un coup de tête non intentionnel avait mis fin à la rencontre au 8e engagement.

 

En dépit de trois chutes au tapis pour Browne, le pointage des trois juges fut de 75-74 x 3 en faveur de Pascal. C’est donc dire qu’à l’exception des chutes, il a gagné pratiquement tous les rounds.

 

Heureusement, Beterbiev fait toujours bien son travail. Il est toujours bien entrainé et suit son plan de match à la perfection. 

Prédiction : Beterbiev par KO avant 8 rounds

 

C’est meilleur la 2e fois

 

Ce n’est pas cette défaite par blanchissage contre Claressa Shields en mars dernier qui a réduit les ardeurs de Marie-Ève Dicaire (17-1-0—0 K.-O).  Au contraire, elle a pris les bouchées doubles depuis ce revers, si bien que vendredi soir au Centre Bell, elle aura la chance de redevenir championne mondiale de l’IBF, dont le titre est vacant chez les super mi-moyennes.

 

Dicaire est bien dans sa peau. Elle sait bien qu’il n’y a pas de honte à être battue par Claressa Shields (11-0-0—2 K.-O).

 

Le triomphe n’est pas chose faite. Sa rivale, la Mexicaine Cynthia Lozano est surtout reconnue pour sa force de frappe.

 

Sept victoires par K.-O en neuf combats chez les femmes, c’est un fait rare. Par contre, si on scrute attentivement la fiche de la Mexicaine, on constate que ses mises hors de combat sont survenues contre des débutantes ou presque. Des boxeuses qui ne sont certes pas du calibre de Marie-Ève.

 

Deux K.-O

 

Si on se fie à Box Rec, Marie-Ève Dicaire a enregistré deux victoires par K.-O. dans les rangs amateurs. Il faut remonter jusqu’en 2013 pour trouver les noms des deux victimes. Ce sont Robbe Cook et Shelby Bialkowski, deux pugilistes qui n’ont jamais œuvré chez les pros.

 

Il est difficile d’évaluer le talent de Lozano. J’ai pu voir sur YouTube sa victoire sur la regrettée Jeanette Zacarias Zapata, en mai 2021, au Mexique. C’était la dernière défaite de Zapata avant d’affronter Marie-Pier Houle au Québec.

 

Dicaire n’a pas boxé depuis sa défaite contre Shields, il y a 9 mois.  Mais elle a continué à s’entraîner comme c’est son habitude, c’est-à-dire au maximum de son talent.

 

En somme quand on compare les deux boxeuses, ce sont les nombreux  jabs de Dicaire qui devront contrer la puissance de frappe de sa rivale.

 

Une chose est certaine, Dicaire possède un bon menton. Elle l’a prouvé hors de tout doute contre Claressa Shields.

 

Déjà 35 ans 

 

Les deux boxeuses ont 35 ans.  Elles doivent donc y aller à fond de train et toucher les bourses les plus intéressantes de leurs carrières au plus vite. Pour cela, il faut des victoires.

 

Un fait demeure. Pour Dicaire, ce match de championnat pour le titre vacant de l’IBF des super mi-moyennes, n’est qu’un tremplin vers d’autres sommets.

 

Cela m’amène à me demander qui sera le prochain champion mondial de chez nous pour épauler Beterbiev et Oscar Rivas.

 

Dicaire a la chance de redevenir championne mondiale vendredi soir. Parmi les autres, qui sera le premier à coiffer, peut-être, une couronne mondiale?

 

Le scrutin est ouvert… Lequel de Christian Mbilli, David Lemieux, Arslanbek Makhmudov et Kim Clavel a le plus de chances de remporter un titre mondial? 

 

Mon choix : Christian Mbilli. 

Quel est le vôtre ?

 

Prédiction : Marie Eve Dicaire par décision  

 

Bonne boxe 

 

Une pesée compliquée pour Beterbiev et son équipe