QUÉBEC – Même s’il n’a pas connu un parcours dans les rangs amateurs comparable à plusieurs de ses semblables chez Eye of the Tiger Management (EOTTM) et InterBox, Mathieu Germain s’est néanmoins imposé comme l’un des pugilistes les plus prometteurs sur la scène québécoise.

Ex-champion junior canadien, le jeune homme âgé de 26 ans a connu des débuts intéressants dans les rangs professionnels en remportant ses 13 premiers combats sans perdre le moindre round, du moins pour tous ses duels qui ne se sont pas arrêtés avant la limite qui était prévue.

« G-Time » a d’ailleurs commencé la nouvelle année sur les chapeaux de roues en s’offrant une victoire spectaculaire aux dépens de l’Albertain Cam O’Connell en sous-carte d’un événement présenté en février dernier à Shawinigan et mettant en vedette le poids lourd Simon Kean. Pour lui, ses succès ne sont pas le fruit du hasard et étaient prévisibles jusqu’à un certain point.

« J’ai toujours été confiant en mon talent et mes moyens. Ce n’est pas de l’arrogance, mais je sais que je m’entraîne fort avec [mon entraîneur] Mike Moffa, a expliqué le boxeur de Rosemont plus tôt cette semaine. Ce n’est donc pas une surprise de savoir que je domine comme ça, parce que je m’entraîne fort et que je suis un boxeur talentueux, dur à toucher et dur à boxer. »

Samedi soir au Centre Vidéotron, Germain (13-0, 7 K.-O.) aura une autre occasion de prouver que les espoirs en lui sont fondés, puisqu’il affrontera le Mexicain Miguel Zamudio, de loin son adversaire le plus expérimenté au chapitre des gains (40), des combats (51) et des rounds (229).

Sauf que dans un univers impitoyable comme celui de la boxe professionnelle, le talent ne fait malheureusement pas foi de tout. Un athlète peut posséder tout le talent du monde, mais il doit être en mesure d’offrir quelque chose de particulier aux partisans afin de les rallier à sa cause.

« Ce n’est pas juste une question de savoir si je vais gagner, mais comment je vais gagner, concède le père de deux enfants. De combat en combat, je ne veux pas juste gagner, je veux détruire mon adversaire. Je ne veux pas juste gagner de manière normale, je veux dominer. »

Germain a d’ailleurs rapidement manifesté son animosité envers Zamudio (40-10-1, 24 K.-O.) – ajoutant ainsi rapidement un élément distinctif aux autres duels qui s’annoncent spécialement inégaux – en l’invectivant à la conférence de presse jeudi matin, puis à la pesée vendredi midi.

« C’est lui qui est venu rajouter de l’huile sur le feu, relativise le Montréalais. Nous savons que c’est un adversaire d’expérience qui va venir vendre chèrement sa peau, mais d’aller dire que j’allais courir [dans le ring], c’est certain qu’il ne me connaît pas pour dire des choses comme ça.

« Pour lui, je ne suis rien. Je ne suis qu’un feu de paille. Je vais lui montrer que je suis du même niveau que les autres boxeurs qui l’ont battu avant et même que je suis encore meilleur! »

Il est difficile d’imaginer que Germain fera mieux que Javier Fortuna, qui lui avait passé le knock-out en 68 secondes en avril 2013, mais reste qu’une victoire décisive enverrait un message fort. Il ambitionne d’ailleurs de percer les classements mondiaux d’ici la fin de l’année, que ce soit chez les légers ou les super-légers, catégorie où il a disputé la quasi-totalité de ses combats.

« Je les veux tous! Il n’y a pas d’adversaire que je ne veux pas affronter, martèle Germain. Pour te rendre au sommet, il faut que tu battes tout le monde. C’est certain que si on me donne un adversaire, je ne le refuse pas. Je suis sûr d’être le meilleur dans ces catégories au Canada.

« C’est pourquoi j’ai lancé un défi à Tony Luis. Je suis ouvert aux grands combats à 135 ou 140 livres. Il y a des portes qui se sont ouvertes depuis que [l’ancien champion unifié des super-légers] Terence Crawford a abandonné toutes ses ceintures. Je n’ai que cette idée en tête. »

Contraint à l’inactivité pendant près de cinq ans avant son passage chez les professionnels en raison d’une blessure à une main, Germain estime que le temps passé sur les lignes de côté a été bénéfique, car il lui a permis d’entamer cette grande aventure avec sérénité et maturité.