MONTRÉAL – Marie-Ève Dicaire et son entourage n’ont jamais cessé d’y croire depuis les débuts professionnels de la boxeuse québécoise il y a un tout petit peu moins de trois ans : elle a tout ce qu’il faut pour devenir la première représentante de la Belle Province championne du monde.

Et ce sentiment s’est accentué quand le duel contre la championne des poids super-mi-moyens de l’IBF Chris Namus a été officialisé mercredi. Il aura lieu le 1er décembre prochain au Centre Vidéotron en sous-carte de la 10e défense du titre des mi-lourds du WBC Adonis Stevenson.

« Même si nous sommes passés près d’un combat contre [la détentrice de la ceinture du WBC Ewa] Piatkowska [le printemps dernier], mon choix était Namus, a réitéré l’entraîneur Stéphane Harnois après un point de presse tenu vendredi dans les locaux de Groupe Yvon Michel (GYM) dans le Vieux-Montréal. [Namus] possède un style qui va très, très bien avec celui de Marie-Ève.

« Une fille qui fonce... c’était la meilleure chose à faire pour battre Marie-Ève dans le temps. Mais ce n’est plus le cas maintenant. Dorénavant, les filles qui vont décider de foncer tête baissée sur Marie-Ève vont avoir droit à toute une surprise. [Namus] n’est pas prête à affronter une fille aussi rapide et mobile que Marie-Ève. Je suis sûr à 200 pour cent qu’elle va gagner. »

Sur papier, Dicaire (13-0) est cependant loin de posséder une feuille de route comparable à celle de Namus (24-4, 8 K.-O.), qui a notamment déjà été battue par la championne unifiée des mi-moyens Cecilia Braekhus en février 2016. Contre la Québécoise, l’Uruguayenne effectuera la deuxième défense de son titre acquis après sa victoire sur Yamila Esther Reynoso en août 2017.

« Le dernier combat face à [Alejandra] Ayala a été le déclic qui m’a fait dire que [Marie-Ève] commençait à comprendre de laisser aller ses mains, a répondu Harnois. Ça n’a pas été parfait, mais ç’a été un walk in the park à partir du moment où elle lui a fait mal au deuxième round. [Ayala] n’a jamais été capable de revenir dans le combat et Marie-Ève a respecté la stratégie. »

« L’objectif ultime d’un combat, c’est la victoire bien sûr, mais c’est [également] de m’améliorer et de travailler sur quelque chose qui me donnait toujours de la difficulté, et c’est ce que j’ai senti contre Ayala que j’affrontais pour la deuxième fois, a confirmé Dicaire. J’ai vraiment senti que je franchissais une marche et que j’étais maintenant prête pour les Ligues majeures. »

Plus concrètement, la boxeuse de Saint-Eustache juge que son possible manque d’expérience a été amplement compensé par le genre d’adversaires qu’elle a affrontées depuis le début de sa carrière. Elle pense notamment aux trois Argentines avec qui elle a précédemment croisé le fer.

« Je les mets un peu toutes dans le même panier. [Namus] est une battante, une personne très persévérante qui va mettre de la pression et qui ne baissera jamais les bras, a énuméré Dicaire. Des fois, il y a des boxeuses qui vont avoir tendance, après quelques coups, à relâcher un petit peu parce que le combat est inaccessible. Dans son cas, je sais que de la première à la dernière seconde, elle va être là pour se battre et me donner de l’adversité dans la mesure du possible. »

Du sparring avec Zewski et Phinn!

À l’image de plusieurs de ses semblables, Dicaire ne peut puiser dans un important bassin de rivales pour préparer ses combats. Selon le site spécialisé BoxRec, elles ne sont que 82 chez les mi-moyennes et les super-mi-moyennes, comparativement à près de 4000 chez les hommes.

C’est ainsi qu’elle s’est tournée vers ses coéquipiers de GYM Mikael Zewski et Shakeel Phinn en amont de son plus important défi en carrière. Au total, c’est environ 120 rounds d’entraînement qu’elle a disputés avec Zewski, Phinn et plusieurs athlètes qui évoluent dans les rangs amateurs.

« Nous avons décidé de mettre les gants avec Mikael et Shakeel parce que nous savions qu’ils avaient l’intelligence de se contrôler, a précisé Dicaire. Avec les filles des amateurs, il faut avoir recours à trois d’entre elles parce qu’elles sont habituées à faire des combats de trois ou quatre rounds. Ce n’est pas la meilleure des situations, mais nous nous arrangeons très bien avec cela.

« Mon équipe a travaillé très fort à me déstabiliser. Avec Mikael, c’est vraiment là où j’ai le plus appris. C’était vraiment comme un jeu d’échecs. Quand j’arrivais à passer un coup, je n’étais pas capable de le faire une deuxième fois. Quand j’étais trop en confiance avec les filles des amateurs, mon équipe m’arrivait avec des gars! Mais je n’avais pas le choix pour ce combat-là. »

Ultimement, ces séances de sparring ne lui ont fait que confirmer ce qu’elle sait depuis toujours.

« Depuis le début de ma carrière, Stéphane me dit continuellement qu’il n’y a pas une fille qui a mes habiletés et mes aptitudes. Qu’avec ma façon de boxer, la seule personne qui peut me battre, c’est moi, a conclu Dicaire. Peu importe l’adversaire, la clé, c’est vraiment la préparation physique et mentale. À partir de ce moment-là, toutes les adversaires sont à ma portée. »