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RÉSULTATS

Yvon Michel explique les raisons de l'annulation du combat d'Oscar Rivas en Colombie

Oscar Rivas - Vincent Ethier
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Mise à jour

Le champion des poids super-lourds-légers du WBC Oscar Rivas et son entourage l'ont espéré pendant longtemps, mais ils ont finalement dû se rendre à l'évidence : le Montréalais d'origine colombienne n'effectuera pas la première défense de sa ceinture devant les siens cette année.

Après des mois de tractations, le promoteur du boxeur, Yvon Michel, a confirmé en entrevue téléphonique à RDS.ca vendredi que le projet d'un événement en Colombie avec son protégé en tête d'affiche est mort et enterré... du moins pour le moment. En effet, il n'est pas totalement exclu que le champion âgé de 35 ans puisse un jour réaliser son rêve de se battre dans son pays natal.

C'est une entrevue accordée par Rivas à Caracol Sports qui a permis le plus récent épisode de cette telenovela commencée il y a six mois quand il avait annoncé qu'il défendrait son titre pour la première fois contre le Polonais Lukasz Rozanski le 13 août 2022 dans sa ville natale de Cali.

Le combat devait être le point culminant d'un événement pendant lequel Jennifer Lopez offrirait une prestation. Des médias colombiens avaient rapporté qu'une autre vedette de la chanson, Marc Anthony, et les anciens footballeurs Roberto Carlos et Ronaldinho étaient aussi attendus.

Et il semble que c'est à partir de ce moment-là que le train a commencé à dérailler. Michel avait effectivement annoncé un premier report du gala, désormais prévu le 15 octobre, puis le 29, en raison d'une mésentente contractuelle avec Lopez. Le 5 novembre a ensuite évoqué, mais dans une nouvelle ville, Barranquilla. Ultimement, aucun billet n'a jamais officiellement été vendu.

« Nous nous sommes fait avoir par quelqu'un qui était très, très bon pour manipuler les gens, a reconnu Michel. La bourse négociée pour Oscar aurait été sa meilleure en carrière, de loin supérieure à celle obtenue pour son combat contre Dillian Whyte le 20 juillet 2019 à Londres.

« Nous y croyions parce que nous ne pouvions pas nous imaginer qu'il se donnerait tout ce mal pour faire des choses qui ne se réaliseraient pas. Pendant des mois, il nous en a mis plein la vue jusqu'à ce que nous réalisions que le gars ne possédait juste pas les ressources nécessaires. »

Ce « gars », c'est l'homme d'affaires Juan Carlos Crillo Mereno, qui aurait floué de nombreux investisseurs dans l'aventure, a prétendu Rivas dans l'entretien qu'il a donné à Carcol Sports.

« Le gars a arnaqué beaucoup de gens, a lancé Rivas. Il y en a qui ont perdu jusqu'à 200 millions de pesos [colombiens] (56 790 dollars canadiens). Jusqu'à maintenant, il y aurait 18 victimes. »

Rivas aurait brisé le silence, étant donné que la pression se faisait de plus en plus forte autour de lui. Parmi les investisseurs floués, il y aurait certains de ses proches en plus de connaissances.

Le champion aurait cependant eu des soupçons d'irrégularités après que lui et des membres de son équipe se soient rendus pour la première fois à Cali en vue de faire la promotion du gala.

« C'était étrange de voir l'hôtel dans lequel on nous avait logés, a expliqué Rivas. C'était très bon marché et on n'avait pas accès au transport dont on avait besoin pour tous nos déplacements. »

« Nous avons rencontré des gens du gouvernement et le maire de Cali. J'avais exactement eu la même impression la première fois que j'étais allé en Roumanie avec [l'ex-champion] Leonard Dorin, a cependant nuancé Michel. Il y avait énormément de frénésie à ce moment-là et nous étions revenus de là avec une entente pour un combat et l'événement s'était très bien déroulé.

« Dans l'ensemble, ça se passait plutôt bien avec le [promoteur colombien] à part le fait qu'il n'effectuait les dépôts requis auprès du WBC et que chaque fois il avait une bonne raison. Deux fois, il a présenté de faux certificats et avant que nous ayons le temps d'effectuer toutes les vérifications, il nous revenait avec un nouveau report. C'est la première fois que je vivais cela. »

Michel et sa garde rapprochée ont fini par comprendre que Crillo Mereno n'avait pas réussi à trouver des partenaires solides pour organiser l'événement à Cali, jusqu'à ce qu'il trouve un autre mécène, qui exigeait toutefois qu'il soit présenté à Barranquilla. C'est précisément quand ce dernier intervenant a décidé de retirer toutes ses billes que le château de cartes s'est écroulé.

Le promoteur québécois reconnaît qu'il aurait pu s'impatienter beaucoup plus tôt, mais que toute l'incertitude entourant l'organisation du gala le servait finalement bien, car Rivas n'était pas en mesure de se battre lors des premiers pourparlers en raison d'une blessure à une main.

Rivas a ensuite subi une nouvelle blessure mineure à l'entraînement, si bien qu'il n'a toujours pas effectué de sparring depuis août. « Nous n'avons pas poussé plus qu'il ne faut, ce n'était pas véritablement indiqué qu'Oscar se batte à l'automne, a expliqué Michel. Nous avons gardé la porte ouverte, car c'était pour lui l'occasion de toucher sa plus importante bourse en carrière. »

Au final, Rivas pourrait finalement affronter Rozanski, mais à Rzeskow, en Pologne, le 25 février. Michel et le promoteur du boxeur polonais se sont entendus, mais le WBC doit cependant donner son aval. Michel se rendra d'ailleurs au congrès de l'organisation qui commencera le 6 novembre à Acapulco, au Mexique, pour tenter de convaincre le WBC d'accepter sa proposition.

Si Rivas l'emporte, il pourrait ensuite se mesurer à Alen Babic, qui devrait être nommé aspirant obligatoire, et enfin réaliser son rêve de se battre devant les siens en mai ou juin 2023 à Cali. Évidemment, il serait judicieux de se garder une gêne avant de prétendre que c'est chose faite.