Pour une énième fois depuis qu’il a déposé ses pénates au Québec, Oscar Rivas doit tout recommencer à zéro. Pour une énième fois, son prochain combat en est un préparatoire à un autre plus important. Pour une énième fois, il espère que le passé ne sera pas garant de l’avenir.

 

Cela fait déjà huit ans que le Montréalais d’origine colombienne a disputé son premier duel dans les rangs professionnels, mais contrairement à son frère d’armes Eleider Alvarez, sa carrière n’a pas encore véritablement pris son envol, malgré tout le potentiel que tous lui reconnaissent.

 

Des problèmes de visa ainsi que des blessures à l’œil droit et à l’épaule gauche ont ponctué son parcours qu’il est possible de qualifier de véritable chemin de croix. Et c’est encore son fichu œil qui l’oblige à prendre une autre direction qu’il aborde néanmoins avec la même insouciance.

 

C’est que la Commission athlétique de la Californie a récemment décidé – pour la troisième fois – que Rivas (21-0, 16 K.-O.) n’est pas apte à boxer en raison d’un décollement de la rétine subi à l’entraînement en 2013. C’est cette même blessure qui l’avait privé d’un important choc prévu contre Gerald Washington en mars 2016 à Anaheim et qui devait être présenté sur Showtime.

 

Et puisqu’il est également persona non grata dans l’État de New York – où la commission est sous haute surveillance depuis le triste sort réservé à Magomed Abdusalamov – « Kaboom » n’avait d’autre choix que d’aller voir ailleurs si on voulait de lui. La terre promise a été trouvée de l’autre côté de l’Atlantique, où le noble art prolifère à vitesse grand V depuis quelque temps.

 

Ainsi, le poids lourd aura l’occasion de démontrer toute l’étendue de son talent face à l’Espagnol Gabriel Enguema (8-3, 5 K.-O.) en sous-carte d’un gala tenu jeudi au nord-ouest de Paris, ce qui mettra la table à un possible combat contre le Français Johann Duhaupass à Marseille en mars.

 

« Je veux me faire voir. Je veux que les gens sachent que je suis encore capable de me battre avec n’importe qui, a déclaré Rivas en entrevue avec RDS.ca il y a quelques semaines. C’est une grosse opportunité. Je me prépare à aller là-bas en souhaitant que les gens me remarquent. »

 

« La Commission de la Californie a accepté que nous fassions une autre demande, mais ça prend un bout de temps, et je voulais qu’Oscar reste actif pendant ce temps, a précisé son promoteur Yvon Michel. J’ai initié le contact avec [l’organisation française] et [elle] a pris ça avec beaucoup d’intérêt. Il y a peut-être un développement de carrière très intéressant qui l’attend là-bas. »

 

En raison de son association avec l’influent conseiller Al Haymon, il était prévu que le Colombien rencontre éventuellement le champion du WBC Deontay Wilder. Mais comme il lui est interdit de boxer à New York et en Californie présentement, cette option a été écartée pour le moment.

 

Mais cela ne veut pas dire qu’il se retrouve le bec à l’eau pour autant. Plusieurs pugilistes de la catégorie reine de la boxe sont basés en Europe, dont le détenteur des ceintures de la WBA et de l’IBF Anthony Joshua, qui a attiré environ 170 000 spectateurs à ses deux dernières sorties.

 

« Pour moi, c’est le meilleur champion et c’est lui que je veux affronter, a avoué Rivas. Si j’ai un combat avec lui, je vais avoir besoin de me préparer, car c’est un combattant très expérimenté. C’est un combat qui serait important pour la suite de ma carrière. C’est devenu mon objectif. »

 

« Nous avons vu ce que [Carlos] Takam a fait contre Joshua, et comme Oscar est bien meilleur que Takam, ça nous donne beaucoup d’espoir, a renchéri Michel. J’ai aussi eu des discussions avec le promoteur de Dillian Whyte, Eddie Hearn, et nous le prendrions n’importe quand.

 

« Éventuellement, il pourrait affronter [le médaillé d’or chez les super-lourds des Jeux olympiques de Rio] Tony Yoka. Il y a plein de bons poids lourds en [Angleterre et en France]. Si on amène Oscar dans un combat majeur, on pourrait remplir le Centre Bell ou le Centre Vidéotron. Toronto serait intéressée aussi. Oscar est la plus belle carte cachée de la division.

 

Sauf qu’avant de rêver aux plus grands duels sur les plus grandes scènes, Rivas devra implorer que les blessures ne viennent pas contrecarrer les efforts qu’il déploie depuis toutes ces années.

GYM tente une percée en France