Après seulement deux combats chez les mi-moyens, il est évident que Terence Crawford est aussi à son aise à 147 livres qu’il l’était à 140 livres et à 135.

Après avoir célébré avec sa famille pendant une bonne partie de la nuit, il se posait toujours la même question. « Qui sera mon prochain rival? Moi, je veux des gros combats contre des gros noms ».

Malheureusement pour lui, tous les gros noms dans sa catégorie sont hors de portée. Et si une entente n’intervient pas entre les autres champions mi-moyens, Crawford devra trouver un rival ailleurs, et peut-être de moindre talent. Un peu comme ce fut le cas avec Jose Benavidez fils.

Avant même que le combat soit organisé, Crawford prétendait que Benavidez n’avait pas assez de talent pour lui.

Toutefois, les méchantes langues prétendent que Crawford ne fera pas la loi chez les mi-moyens comme il la faisait chez les super-légers. On va même jusqu’à dire qu’il n’est pas assez populaire pour la télé payante.

« Maintenant, je veux des champions, soutient-il. Errol Spence fils est mon premier choix. Keith Thurman... quand cela lui tentera... Manny Pacquiao m’intéresse moins. Je ne le reconnais pas comme un vrai champion. »

Les choses en sont donc là après ce triomphe sur Benavidez. Faut rendre à César ce qui appartient à César. Benavidez a assez bien fait pour un type, qui, à la dernière minute était négligé à 32-contre-1 par les parieurs.

Il a tenu son bout tant bien que mal durant la première partie du combat. Puis, il a commencé à raidir et à ralentir. Rendu au septième engagement, il avait l’air d’un piquet de clôture, tellement il ne bougeait pas devant un rival qui augmentait la vitesse de minute en minute.

La fatigue

J’ai l’impression que c’est par la fatigue que Crawford est venu  bout de son rival au 12e engagement. Son uppercut de la main droite a été lancé à la perfection et l’arbitre Celestino Ruiz a bien fait d’arrêter le carnage avant qu’il ne soit trop tard. Malheureusement pour Benavidez, il restait alors seulement 18 secondes à faire dans le combat.

Benavidez (27-1) devient donc la sixième victime de Crawford à voir sa fiche vierge souillée à tout jamais. Les autres étaient Jeff Horn (18-0-1), Julius Indongo (22-0), Viktor Postol (28-0), Yurioskis Gamboa (23-0) et Andre Klimov (16-0).

Sa popularité est centrée surtout dans son patelin d’Omaha, au Nebraska. Encore samedi soir, « Bud » a rempli le CHI Health Center de près de 14 000  personnes. Et à la télévision d’ESPN, on est ravi puisque selon Nielsen, le match et celui de Shakur Stevenson a permis d’établir une nouvelle marque pour le nombre de téléspectateurs qui ont vu le gala.

Il faudrait une entente

Ce n’est pas facile de trouver des adversaires pour Crawford chez les mi-moyens. La raison est bien simple : tous les rivaux possibles font partie de l’écurie d’Al Haymon, tandis que Crawford porte les couleurs de Top Rank.

Spence, Thurman, Shawn Porter et Pacquiao sous tous sous contrat avec Haymon, or avant de rêver à un match de championnat contre Spence, ou encore Thurman, il faudrait qu’il y ait entente entre Haymon et Bob Arum, ce qui n’est pas chose faite.

C’est dommage, car Crawford est un boxeur électrisant à voir à l’œuvre. Il excelle non seulement en attaque, mais il est aussi brillant défensivement. D’ailleurs, il est le septième champion super-léger à passer chez les mi-moyens et à coiffer une couronne mondiale. Les autres sont Pacquiao, Adrien Broner, Floyd Mahyweather fils, Oscar De La Hoya, Pernel Whitaker et Barney Ross.

À la télé payante

Arum, le grand patron de Top Rank, veut que son protégé passe à la télé payante l’an prochain. Si tel est le cas, c’est donc dire que Crawford a été vu à la télé d’ESPN pour la dernière fois. Par contre, si jamais Arum réussit dans sa tentative, il lui faudra trouver des rivaux de classe pour son protégé. Car ce n’est pas avec des Benavidez, Indongo, John Molina, Felix Diaz, Postol, Hank Lundy, Horn et Dierry Jean qu’on peut rêver à la télé payante.

Il y a un an à peine, Crawford combattait chez les super-légers. Le 17 août 2017, il remportait la victoire par knock-out au 3e round sur Indongo. Il pesait alors 140 livres.

À 147 livres, Crawford a paru à son aise à sa deuxième tentative chez les mi-moyens, mais le rival était un boxeur ordinaire. Si on compare Crawford aux autres champions mi-moyens, il  n’est rien d’autre qu’un super-léger qui est passé chez les plus lourds, car il avait tout balayé sur son passage à 140 livres.

Comment se comporterait-il contre un rival tel, Spence, un boxeur qui a toujours été un mi-moyen naturel depuis ses tout débuts en 2012?

Le cas Custio Clayton

Un autre fait cocasse est celui de Custio Clayton. Comme on le sait, il est installé au premier rang des aspirants à la couronne WBO de Crawford, mais je me demande bien comment il s’y prendra pour le confronter dans un match de championnat?

Clayton est à couteaux tirés avec son promoteur Eye of the Tiger Management et il a fait le ménage dans son entourage.

Il ne fait aucun doute que Clayton est un bon boxeur. Mais est-il de taille pour Crawford? Je ne le crois pas. En tout cas, pas tout de suite. Il est pratiquement inconnu aux États-Unis et pour s’y faire connaître, il lui faut des combats. Mais qui va les organiser?

C’est une histoire à suivre.

Shakur, le magnifique

Scott Quigg (34-2-2, 25 K.-O.) et Lee Selby (24-2, 9 K.-O.), deux ex-champions mondiaux n’ont pu faire mieux que de gagner par décision leurs matchs contre le Roumain Viorel Simion (21-2, 9 K.-O.). Shakur Stevenson 8-0, 5 K.-O.), à son neuvième combat chez les pros, l’a couché dès le premier round. Après trois chutes au tapis, il a finalement gagné par arrêt de l’arbitre. Jamais auparavant, Simion avait visité le tapis.

Le médaillé d’argent des Jeux olympiques de Rio en 2016 veut maintenant se mesurer à Selby, l’ex-champion IBF des plumes, qui vient de perdre son titre aux mains de Josh Warrington.

« Je veux Lee Selby, de lancer Shuakur, tout souriant après son triomphe. On dirait que ça fait une éternité que je veux me mesurer à lui. Et ensuite, je veux le champion Josh Warrington.»

Retenez bien ce nom... Aucun lien de parenté avec Adonis Stevenson.

Bonne boxe!