Après son désormais célèbre « Are you willing to take the test? » (Es-tu prêt à passer le test?) avant son combat revanche contre Bernard Hopkins, Jean Pascal a trouvé une autre formule-choc une décennie plus tard à deux semaines de sa deuxième confrontation avec Badou Jack.

Le champion « régulier » des poids mi-lourds de la WBA a cette fois martelé « It was a fake knockdown » (C’était une fausse chute) au cours de la conférence de presse virtuelle servant à faire la promotion de leur duel qui sera tenu le 6 juin prochain au Hard Rock Stadium de Miami.

Répliquant à son adversaire qui a déclaré la semaine dernière que 75 pour cent des gens qui avaient regardé le premier combat le donnaient gagnant, le Québécois a argué qu’il n’avait pas été victime d’une vraie chute au plancher pendant le 12e et dernier round de leur affrontement qu’il a gagné par décision partagée des juges (114-112, 114-112 et 112-114) en décembre 2019.

Petit rappel des faits. Alors qu’il menait virtuellement 106-102, 106-102 et 104-104 sur les cartes des 3 juges après 11 rounds, Pascal s’est retrouvé au tapis environ 40 secondes après le début du 12e. Dix-huit mois plus tard, il n’en revient toujours pas de la décision de l’arbitre ce soir-là.

« Badou pense qu’il a remporté le premier combat, mais les experts disent le contraire, a lancé Pascal (35-6-1, 20 K.-O.), qui en sera à une première sortie depuis sa victoire. De quels experts est-il question? Des juges autour du ring... les gens dont il parle ne connaissent rien à la boxe.

« La vérité, c’est que je suis allé au plancher [après avoir perdu l’équilibre] en lançant un coup de poing. Alors que toi, tu es allé au plancher [au quatrième round] après avoir reçu un vrai coup de poing. Regarde la vidéo! Je t’aime comme un frère, mais c’est vraiment ce qui s’est passé. »

En prenant Pascal au mot, il est possible de constater qu’il a plongé vers le canevas après avoir largement raté la cible en lançant une gauche. Mais il omet cependant de mentionner que Jack (23-3-3, 13 K.-O.) l’avait précédemment atteint à cinq reprises avec des coups en puissance à la tête, ce qui pouvait laisser une immense place à l’interprétation – et à l’erreur – à vitesse réelle.

« Badou est un véritable gentlemen, mais chaque fois qu’il perd, il pleurniche », a ajouté Pascal.

« Je ne me plains pas, a immédiatement répondu Jack. Des trois juges autour du ring ce soir-là, il n’y avait que Julie Lederman qui avait de l’expérience et par pur hasard, elle m’avait gagnant. »

Habitué aux revanches

Quoi qu’il en soit, Pascal disputera déjà un quatrième combat revanche depuis le début de sa carrière. Il tentera le 6 juin de mettre fin à une série de deux défaites contre Bernard Hopkins et Sergey Kovalev en pareilles circonstances après avoir battu Adrian Diaconu à son premier essai.

« Ç’a été un combat serré la première fois, parce que j’ai commis de petites erreurs, a avoué le boxeur âgé de 38 ans. Tout allait bien pendant les six premiers rounds, mais je suis devenu trop confiant par la suite. C’est peut-être parce que Badou avait été mon partenaire d’entraînement dans le passé et que j’avais dominé nos rounds de sparring. J’étais peut-être un peu trop à l’aise.

« En même temps, si le combat n’avait pas du tout été serré, il n’y aurait pas eu de revanche! »

En vue de leurs retrouvailles, Jack a quant à lui décidé de brasser les cartes et s’est adjoint les services d’un nouvel entraîneur en Johnathon Banks, un ancien poids lourd qui avait succédé au légendaire Emmanuel Steward dans le coin de Wladimir Klitschko à la suite du décès du premier.

Au cours des dernières années, le nom de Banks a été associé à ceux de Dillian Whyte, Gennady Golovkin ou encore Cecilia Braekhus. Il s’agira pour lui d’un deuxième duel aux côtés de Jack, après celui de remise en forme contre Blake McKernan remporté par décision unanime en novembre dernier et que l’Américain d’origine suédoise a qualifiée de « séance de sparring de huit rounds ».

Si l’idée largement répandue veut qu’un boxeur et son nouvel entraîneur mettent un an et demi à trouver leur vitesse de croisière, Pascal a très largement dépassé ce délai de prescription avec Stéphan Larouche. Les deux hommes collaborent depuis la fin de l’année 2016 et les résultats se sont particulièrement fait sentir dans les affrontements contre Marcus Browne et ensuite Jack.

« Stéphan a certainement amélioré ma technique, a expliqué Pascal. Depuis que je travaille avec lui, je m’"assois" davantage sur mes coups, ce qui me permet de frapper beaucoup plus fort. »

Pascal a en effet démontré plus de puissance à ses deux derniers combats en envoyant Browne trois fois au plancher et Jack à une reprise. Dans le passé, sous les ordres de Marc Ramsay, il était surtout reconnu pour sa force physique brute et sa très grande imprévisibilité dans l’arène.

Chose certaine, les deux boxeurs n’auront certainement pas l’excuse d’une préparation bâclée en cas de défaite, étant donné que leur revanche devait être présentée en avril 2020 avant de connaître de nombreux reports à cause de la pandémie de coronavirus qui a frappé la planète.

Pascal s’est ainsi exilé à Porto Rico depuis décembre, après avoir commencé sa préparation en octobre à Montréal. Personne ne sait ce que l’avenir lui réservera ensuite, mais s’il est aussi en forme qu’en verve, il y a fort à parier qu’on le reverra dans le ring au moins à une autre reprise.

La revanche Pascal-Jack sera présentée en demi-finale de l’exhibition entre Floyd Mayweather fils et le YouTubeur Logan Paul. Si les câblodistributeurs canadiens n’ont pas encore manifesté leur intention d’offrir ou non l’événement à la carte au moment d’écrire ces lignes, il est cependant déjà possible de le commander sur la plate-forme en ligne Fanmio pour 49,99 $ CAN.