D’un côté, le vétéran vieillissant qui cherche désespérément à revivre l’ivresse du sommet des palmarès. De l’autre, le jeune prodige dont le potentiel à enchaîner les tubes à succès paraît infini. Ou pour les gens ordinaires et un peu pressés : David Lemieux contre David Benavidez.

Depuis qu’il est passé chez les poids super-moyens en 2019, le Québécois n’avait pas encore eu la chance de livrer des duels d’importance comme il l’avait fait chez les moyens précédemment. En effet, après des débuts extrêmement difficiles face à Maksym Bursak, il a dû se résoudre à se mesurer à Francy Ntetu et David Zegarra, la pandémie réduisant le bassin de rivaux possibles...

Mais son souhait sera exaucé le 21 mai prochain à Glendale, en Arizona, alors que Lemieux (43-4, 36 K.-O.) affrontera Benavidez (25-0, 22 K.-O.) pour le titre intérimaire du WBC. Un choc qu’il qualifie de « crucial », car il pourrait lui ouvrir les portes de quelque chose d’encore plus grand.

« C’est un très, très gros combat. Il s’agit d’une opportunité en or, parce qu’une victoire contre [Benavidez] me positionnerait là où je souhaite être dans ma carrière, a d’abord lancé Lemieux pendant une visioconférence organisée mardi après-midi par le réseau américain Showtime.

« Je ne veux pas manquer ma shot, a-t-il ajouté. Je sens que c’est un combat très important. »

Le cogneur s’est sagement gardé une gêne en refusant de fantasmer sur la suite des choses en cas de succès, mais tous espèrent que le vainqueur du duel Lemieux-Benavidez croise ensuite le fer avec Saul « Canelo » Alvarez pour déterminer l’identité du « vrai » champion du WBC.

Un contexte qui n’est pas s’en rappeler celui du milieu de la dernière décennie, alors que Lemieux avait affronté le champion unifié Gennadiy Golovkin en octobre 2015 au mythique Madison Square Garden de New York immédiatement après s’être emparé du titre de l’IBF.

Sauf qu’avant d’en arriver là, le Montréalais devra écarter Benavidez de son chemin, une tâche qui s’annonce titanesque. Depuis l’annonce du combat, il est d’ailleurs largement négligé des preneurs aux livres à 9-contre-1. À vrai dire, personne ne s’attend à ce qu’il l’emporte le 21 mai.

« Je n’ai jamais refusé d’adversaire et je savais à quoi m’attendre avec la position que j’occupe au classement, a répondu Lemieux. Je possède le style pour lui faire mal. Cela ne me dérange pas d’être le négligé. Ce n’est pas le genre de chose à laquelle je porte attention. Je serai prêt.

« Il est peut-être invaincu, mais tout le monde est battable. Personne n’est invincible. À la boxe, il n’y a pas moyen de tricher. C’est une question de préparation et d’entraînement. C’est tout. »

Même s’il se sait largement favori, Benavidez n’a pas joué la carte de la confiance, mettant l’accent sur tout le travail effectué en gymnase et le risque que représente son adversaire.

« Quand Lemieux est prêt, c’est une bête, a fait remarquer l’Américain originaire de Phoenix. Je veux affronter les meilleurs boxeurs et j’ai toujours eu énormément de respect pour lui et tous les champions que j’ai affrontés. Et ce que j’aime de Lemieux, c’est qu’il vient pour se battre.

« Ce combat a le potentiel d’être l’un des meilleurs présentés cette année. Chose certaine, je me suis entraîné fort pour l’arrêter avant la limite, comme je l’ai fait avec mes derniers adversaires. Lemieux possède beaucoup de force et d’expérience, donc je sais que cela ne sera pas facile. »

Au final, Lemieux et Benavidez savent qu’ils n’ont pas le droit à l’erreur. Que seule une victoire avec éclat leur permettra d’être considérés par « Canelo ». Visiblement, il y aura plus qu’un titre de champion du monde intérimaire à l’enjeu.