Jean Pascal est comme une industrie. Une industrie qui connait beaucoup de succès. Il en est le président, le directeur général et l’exécuteur des hautes œuvres. C’est lui qui décide où, quand et comment sa carrière va se dérouler. Dans le jargon sportif, c’est un joueur autonome. En tout cas, c’est lui qui va clore l’année 2019 pour la boxe québécoise.

 

Mais attention... Jean Pascal a un conseiller spécial. Un expert qui s’occupe de sa façon de travailler sur le ring.  Et il suit les conseils de cet homme à la lettre. Cet homme, c’est Stéphan Larouche, son entraîneur, avec qui il connaît autant de succès.

 

Samedi soir, au State Farm Arena d’Atlanta, il va défendre sa ceinture WBA et sa couronne d'argent WBC des mi-lourds contre Badou Jack, un pugiliste avec qui, jadis, il a eu l’occasion de faire quelques rounds d’entraînement.

 

À 37 ans, pourquoi Jean Pascal boxe-t-il toujours ?

Pour se prouver à lui-même qu’il est toujours un champion non seulement dans l’âme, mais aussi sur le ring.  Il n’a pas besoin de promoteur pour mousser sa publicité. Il est capable de la faire tout seul.

 

L’expérience est là. Après tout, il en est à son deuxième règne à titre de champion. En plus il a le gabarit : il a la taille, le menton et l’énergie.

 

Pascal est un extraverti. Il aime être le centre d’attraction partout où il passe. On peut l’aimer ou le détester, mais il reste qu’il remplit toujours ses engagements, qu’il gagne ou qu’il perde. C’est un boxeur spectaculaire, fait sur mesure pour la télévision.

 

Combien d’autres champions de chez nous peuvent se vanter d’avoir affronté au moins neuf champions mondiaux ?

 

Il a parti le bal

 

C’est lui qui a parti le bal en 2008 en Angleterre, en affrontant Carl Froch. Ensuite, il s’est mesuré à Adrian Diaconu, puis Chad Dawson. Il s’est même payé le luxe de se mesurer au vénérable Bernard Hopkins à deux occasions. Ont suivi ensuite Lucian Bute, Sergey Kovalev, Eleider Alvarez, Dmitry Bivol et Marcus Browne.

 

Il n’a pas gagné tous ses affrontements. Il a baissé pavillon devant Froch, Hopkins, Kovalev, Alvarez et Bivol. Mais il ne s’en fait pas avec ces revers. Au contraire, chaque fois qu’il a perdu, il a appris. Il est revenu plus fort que jamais. Et aujourd’hui, il est de nouveau champion.

 

Qui aurait cru qu’après son balayage aux points contre Dimitry Bivol, il reviendrait en force et serait couronné champion mondial pour une deuxième fois en carrière ?

 

Surprise de l’année

 

Et son grand fait d’armes, celui qui lui vaudra le titre de la surprise de l’année dans le monde de la boxe, en tout cas au Québec, c’est cette victoire contre Marcus Browne (23-1-0, 16 K.-O.), un boxeur qui n’avait jamais subi la défaite jusque-là. Ce même Browne qui avait déjà vaincu Badou Jack par décision. D’ailleurs, dans cette défaite, le juge Don Trella n’avait donné qu’un seul round à la faveur de Jack.

 

Est-ce que Pascal pourra en faire autant? Jack est un boxeur rusé. Il fait partie de l’écurie de Floyd Mayweather et Money ne perd pas son temps avec des boxeurs qui n’ont pas de talent.

 

Exception faite de Derek Edwards, contre qui Jack a perdu par K.-O. au premier round en 2014, il n’a jamais baissé pavillon devant un boxeur médiocre. Il a livré des verdicts nuls à Marco Antonio Periban, James DeGale et Adonis Stevenson et à son dernier combat, il a perdu la décision aux mains de Marcus Browne.

 

Peut-être est-ce un présage, mais Derek Edwards a perdu ses cinq derniers combats et Periban a baissé pavillon dans les deux derniers.

 

Une fiche tout de même respectable pour le protégé de Money.  Surtout qu’encore de nos jours, Jack persiste à croire que son verdict nul contre Adonis Stevenson a été une décision locale à l’égard du champion. Mais avant de gager sur ses chances, souvenez-vous qu’il n’a gagné  qu’un seul combat depuis près de trois ans.

 

Un long combat

 

On peut s’attendre à un match qui se rendra à la limite, car les deux boxeurs ne sont pas reconnus pour être des cogneurs redoutables. Mais n’allez pas dire cela à Marcus Browne.

 

Pascal a passé le K.-O. à 20 de ses 34 victimes tandis que Jack en a eu 13 en 27 combats.

 

Le champion québécois a livré seulement deux combats de douze rounds à ses cinq derniers matches, soit depuis le mois de juin 2017, alors qu'il affrontait Eleider Alvarez.

«Je suis plus que prêt pour Jean Pascal»

 

Jack a été forcé à la limite de douze rounds dans quatre de ses cinq derniers affrontements.

 

Ce qu’il faut retenir, c’est que Jack n’a jamais perdu dans un match de championnat du monde. Sa fiche est de 4-0-2, 1 K.-O. Mais il faut se souvenir aussi que Pascal était en avance 75/74 sur les cartes des trois juges au moment de l’arrêt de son match contre Browne, au huitième engagement.

 

Au moment d’écrire ces lignes, Badou Jack était largement favori pour vaincre Jean Pascal. C’est mal connaitre le boxeur du Québec. Il n’y a rien que Pascal aime mieux que de défier le choix des experts et faire mentir les preneurs aux livres.

 

Autre question qu’il faut se poser : le gagnant affrontera-t-il Artur Beterbiev dans un match d’unification?

 

Un match entre Pascal et Beterbiev au Québec est-il possible? Combien de fois a-t-on vu Pascal défier Adonis Stevenson, sans jamais voir le match se matérialiser? Peut-être aurait-il plus de chance avec Beterbiev…

 

Prédiction : Jean Pascal par décision

 

2e combat de championnat

 

Cette soirée à Atlanta présente aussi un deuxième match de championnat qui pourrait faire des flammèches. C’est celui entre le protégé par excellence de Floyd Mayweather, Gervonta Davis (22-0-0, 21 K.-O.) et le Cubain Yuriorkis Gamboa (30-2-0, 18 K.-O.).

 

Davis est favori pour remporter les honneurs de ce match. Ce que l’on veut éventuellement, c’est un affrontement entre Davis et Vasyl Lomachenko. Mais attention, Gamboa n’a pas dit son dernier mot.

 

Il faut tout de même respecter la médaille d’or olympique de Gamboa et ses deux stages comme champion WBA et IBF des plumes.

 

Gamboa prétend qu’il a déjà vaincu des boxeurs plus puissants que Davis. Pourtant, il a déjà été mis K.-O. par Bud Crawford, en 2014 et par Robinson Castellanos, en 2017. Sait-il que Davis est un cogneur encore plus puissant que ces deux là ?

 

Pourra-t-il résister à la puissance des coups de Davis ?

 

Peu probable, car Davis est non seulement un bon boxeur, mais il est aussi un puissant cogneur. De toute sa carrière professionnelle, seul Michael Farenas est parvenu à rester debout devant lui durant douze assauts. C’était en 2012. Depuis ce jour de décembre, treize boxeurs se sont présentés devant Davis. Les treize n’ont jamais terminé leur combat.

 

Gamboa a gagné ses quatre derniers matches, mais un seul s’est terminé par un K.-O. contre Roman Martinez, en juillet dernier.

 

Gamboa a maintenant 38 ans. Même s’il ne veut pas l’admettre, il est rendu sur les derniers milles. D’ailleurs, Davis est largement favori pour remporter la victoire.

 

Prédiction :- Davis par KO avant le 5e round.

 

Bonne boxe!