MONTRÉAL - Comme il l’avait fait la veille, Jean Pascal n’a pas pu s’empêcher de braquer tous les projecteurs vers lui pendant la dernière conférence de presse faisant la promotion de son mégacombat de samedi soir au Centre Bell contre Lucian Bute.

Exaspéré par une déclaration de Bute datant d’avril dernier, Pascal y est allé d’un long monologue sur la définition du mot « gueule » avant de l’inviter à lui dire en plein visage.

« Lucian Bute m’a manqué de respect. Aux dernières nouvelles, je suis un être humain, pas un animal. J’ai une bouche, pas une gueule », a lancé Pascal. « C’est facile de dire ça à travers les médias ou encore son entraîneur. J’invite Bute, s’il a des couilles, à se lever et me le dire. »

La tirade n’a évidemment pas plu à tous et quelques amateurs l’ont laissé savoir en huant Pascal. Sans surprise, Bute a refusé l’offre, mais ces propos d’une incroyable puérilité se sont avérés d’une redoutable efficacité.

Le faciès de l’ancien champion des poids super-moyens de la IBF était crispé et son sourire semblait forcé pendant la prise de photos qui a suivi. Il a ensuite cependant assuré qu’il voyait très clair dans les intentions de son adversaire.

« Il veut jouer dans ma tête, mais ça ne m’intéresse pas », a répondu Bute. « Nous étions censés être ici pour une conférence de presse. Nous avons des choses à régler et nous le ferons samedi soir. »

« Dans chaque combat, il y a des émotions. Et ce combat-là est aussi important pour moi que les autres. Comme je l’ai souvent répété, je suis confiant et je sais comment ça va se passer. »

« Qu'il vienne me fermer la gueule »

Pascal n’a quant à lui pas semblé rassasié lorsqu’il a répondu aux questions des journalistes. Il a même rajouté de l’huile sur le feu, indiquant qu’il voulait faire éclater la vérité au grand jour.

« Je veux que les gens puissent se faire une idée au lieu de se laisser berner par InterBox », a expliqué l’ex-détenteur du titre des mi-lourds du WBC. « Bute, c’est la marionnette de Stéphan Larouche. Je m’en fous de ce qu’il dit. Si Bute était un homme, il se serait levé. »

L’entraîneur de Pascal, Marc Ramsay, avait toutefois été le premier à lancer les hostilités en condamnant l’attitude de son homologue au cours des derniers mois. Selon lui, les entraîneurs n’ont pas à s’immiscer dans la guerre de mots que peuvent se livrer deux boxeurs avant un duel.

« Stéphan, tu vaux plus que ça », a interpellé Ramsay. « Ce genre de propos là frôlent le manque de professionnalisme et de classe. Nous devrions laisser les boxeurs donner un bon spectacle. »

« Je crois qu’il mélange des affaires », a répliqué Larouche. « Je n’ai jamais parlé d’un individu personnellement. Je parle du boxeur et de ses performances. Je ne pense pas que c’est manquer de respect. L’histoire des quatre rounds, ce n’est même pas moi qui en ai parlé en premier. »

« On se prépare pour la guerre »

« Je ne rentrerai jamais dans la vie personnelle d’un athlète. Je ne tweeterai jamais des affaires dans la nuit sur quelqu’un d’autre. Je ne le ferai pas Lucian non plus d’ailleurs. »

Sentant visiblement que sa sortie avait pu être mal interprétée, Ramsay a tenu à rappeler toute l’admiration qu’il a envers celui qu’il a côtoyé pendant les Jeux olympiques d’Athènes en 2004.

« J’ai déjà travaillé avec lui dans les rangs amateurs et c’est un excellent entraîneur », a nuancé Ramsay. « Il est bien meilleur que plusieurs entraîneurs américains qui ont de grosses réputations. Je le classe facilement parmi les cinq meilleurs au monde. »

Évidemment planifiée, il sera intéressant de constater si cette attaque portera ses fruits le soir du combat. En attendant, les deux pugilistes se retrouveront à la pesée vendredi, alors qu’ils devront respecter la limite de 175 livres.

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