Ce n’est pas tous les jours qu’un double champion mondial, invaincu en 26 combats et doté d’une bonne force de frappe perde ses deux titres contre un autre monarque de deux associations. Pourtant c’est exactement ce qui est arrivé devant 24 000 personnes, à Moscou, la plupart des partisans de Murat Gassiev aux mains d’Oleksandr Usyk.

Maintenant détenteur des quatre ceintures chez les lourds Léger, Usyk avait été pressenti comme gagnant du trophée Muhamed Ali dès le lancement de cette série mondiale de boxe. Et il n’a pas fait mentir les experts.

Usyk devient donc le sixième champion à conquérir tous les titres de sa division.  Le premier a été Evander Holyfield qui portait sur sa tête trois couronnes en 1988, alors que la WBO n’existait pas.  Par la suite, cinq autres boxeurs ont réédité l’exploit. Il s’agit de Bernard Hopkins, JermainTaylor, Cecilia Braekhus. Terence Crawford et finalement Usyk.

Il a réussi son ascension vers le trophée Mohamed-Ali en passant le K.-O./10 à Marco Huck, en quart de finale et en remportant des décisions contre Mairis Briedis et finalement Murat Gassiev.

Prestation quasi parfaite

Rarement a-t-on vu un pugiliste livrer une prestation aussi parfaite. D’ailleurs, le pointage des trois juges le prouve hors de tout doute. Un juge a donné tous les rounds (120/108) au quadruple champion tandis que les deux autres inscrivaient des pointages de 119/109.

On aurait dit un Vasyl Lomachenko. dans un corps de lourd léger. D’ailleurs, on se souviendra que les deux hommes ont gagné des médailles d’or lors des Jeux olympiques de 2012 à Londres pour le compte de leur pays natal, l’Ukraine.

Lors de ces jeux de 2012, Usyk avait éclipsé Artur Beterbiev dès la première ronde.

Pourtant, la force de frappe allait du côté de Gassiev, mais il n’a jamais été mesure de dégainer ses coups de puissance, tellement le jab de Usyk le tenait à distance.

En somme, c’est le jab d’Usyk, son énergie et son plan de match qui ont fait toute la différence dans le combat. Au premier round, il a lancé 44 coups dont 9 ont atteint la cible. Incroyable, mais vrai… Au dernier engagement, il a atteint Gassiev 47 fois sur 117 coups. Tout un exploit pour un boxeur de près de 200 livres.

Jusqu’où se rendra Usyk ?  Personne ne le sait… Il a déjà parlé de faire une incursion chez les lourds. Il a le gabarit pour graduer chez ces mastodontes.  Il mesure 6'3" et peut facile monter son poids à 215 ou 220 livres.

Immédiatement après sa victoire, il a lancé un défi à Tony Bellew en disant : « S’il ne veut pas réduire son poids à 200 livres, je vais manger un peu plus de pâtes et je vais l’affronter chez les lourds. »

Bravo pour une super performance

Une première défense

Il y a 9 466 kilomètres par avion qui séparent les villes de Moscou et de Las Vegas. Et c’est dans cette ville du péché que Jaime Munguia a défendu avec succès sa couronne WBO des super-mi-moyens pour la première fois. Cela fait drôle, car il n’y a pas si longtemps  la Commission de boxe du Nevada refusait à Munguia d’affronter Gennady Golovkin prétextant qu’il était trop jeune et pas assez expérimenté pour affronter GGG lors du jour (cinco de mayo).  Or, on s’est tourné vers Vanes Martirosyan comme brebis à envoyer à l’abattoir.

Jaime Munguia impressionne!

Résultat, la brebis a été liquidée en deux rounds seulement et tout le monde était content. Vegas c’est Vegas.

Samedi soir dernier, tel que présenté sur RDS, Munguia a été accueilli à bras ouverts par la même commission de boxe pour affronter son premier aspirant Liam Smith.

Pour la première fois de sa carrière, Munguia a été poussé  la limite de 12 rounds par Smith qu’il a vaincus par décision (116/111), (119/110) et (119/108).  Il a donc réussi avec succès la première défense de son titre.

Le talent de Munguia est évident. Il mesure 6 pieds sur moins de 155 livres ce qui en fait un champion pratiquement parfait sur toute la ligne.

Pas tout à fait. Munguia est champion, mais il a encore des croutes à manger avant d’être porté aux nues comme Canelo Alvarez avec qui on le compare souvent. Alvarez a commencé sa carrière professionnelle à 15 ans tandis que Munguia a dû attendre à sa 17e année avant de monnayer son talent.

Au sixième engagement Smith s’est retrouvé au tapis, mais par la suite, il a tenu son bout jusqu’à la fin. Munguia n’a donc pas pu égaler la marque de Saul Alvarez qui avait terrassé Smith quatre fois en route vers un triomphe par K.-O. au 9e engagement.

Golden Boy le veut

Golden Boy qui s’occupe de la carrière de Munguia voudrait bien le mettre sous contrat à long terme. Oscar De La Hoya prétend que Munguia a tous les atouts pour prendre la relève de Saul Alvarez, un de ces jours.

D’ailleurs, le combat venait à peine de prendre fin que déjà Munguia lançait un défi à Jarrett Hurd, le champion de  la WBA et de l’IBF afin d’unifier les titres.

Il arrive parfois qu’une décision arrange bien les choses. Par exemple si la Commission de boxe du Nevada avait permis à Munguia d’affronter Gennady Golovkin, il est probable qu’il aurait subi sa première défaite en carrière. Or cette décision lui a permis de chercher ailleurs. Il a trouvé Sadam Ali sur son chemin et lui a ravi sa couronne WBO en lui passant le K.-O. en quatre rounds.

Jusqu’où ce jeune homme de Tijuana pourra-t-il se rendre ?  Il est trop tôt pour le savoir. Ce que je sais c’est que son talent manque de fini. On dirait un diamant qu’on n’a pas encore fini de polir.

Bonne boxe