S’il y a un boxeur mi-lourd capable de coiffer tous les titres mondiaux des différentes associations, c’est bien Artur Beterbiev, le monarque de l’IBF qui tentera de conquérir la ceinture WBC ce vendredi aux dépens du champion de cette organisation, Oleksandr Gvozdyk, le même qui a mis fin à la carrière d’Adonis Stevenson. Mais le reverrons-nous un jour de retour à Montréal?

On n’a pas vu Beterbiev sur un ring du Québec depuis le 4 avril 2016. Depuis ce jour, il a livré trois combats, tous aux États-Unis.

Si Beterbiev sort victorieux de ce duel, il n’aura aucune difficulté, ou presque, à éclipser le titulaire de la WBA Dmitry Bivol et ensuite à faire mordre la poussière au souverain de la WBO, que ce soit Sergey Kovalev ou bien Canelo Alvarez.

Canelo est peut-être de taille pour Kovalev, mais d’après moi, il ne ferait pas long feu devant Beterbiev.

Pas le favori

J’espère ne pas me tromper en affirmant que Beterbiev est le meilleur de cette catégorie des mi-lourds, même si en date du 15 octobre le site BoxRec le plaçait au 11e rang derrière Kovalev, Gvozdyk, Bivol, Eleider Alvarez, Jesse Hart, Jean Pascal, Badou Jack et Marcus Browne.

Même le site de la revue Ring classe ses meilleurs mi-lourds comme suit : (1) Gvozdyk, (2) Kovalev, (3) Bivol, (4) Beterbiev, juste devant Eleider Alvarez.

C’est peut-être à cause de ces sites si les preneurs aux livres ont établi Gvozdyk légèrement favori pour coiffer les deux couronnes. Il se pourrait aussi que ce soit l’inactivité de Beterbiev au cours des dernières années qui le place comme négligé des parieurs.

Un Montréalais

Beterbiev, c’est un Montréalais qui vient justement de s’acheter une maison dans la ville de la mairesse Valérie Plante il y a quelques mois.

Il est  arrivé chez nous en 2013. Il a livré 10 de ses 14  combats au Québec. Il est champion mondial et il n’a jamais connu la défaite. Pourtant, il est moins connu au Québec que Steven Butler, David Lemieux et Eleider Alvarez, pour ne nommer que ceux-là.

À cause de blessures et un conflit juridique avec GYM, son ex-promoteur, Beterbiev n’a boxé qu’une seule fois par année depuis 2016. En 2019, maintenant qu’il est avec Top Rank, il en sera à son deuxième combat.

C’est à peine si les gens le reconnaissent sur la rue tellement il a été effacé de la scène locale. Pourtant, il ne s’en plaint pas.

Mieux qu’Arturo

Certains diront qu’il a mieux fait qu’Arturo Gatti, qui n’a combattu qu’une seule fois à Montréal au cours de son illustre carrière.

Beterbiev n’est pas spectaculaire comme l’était « Thunder ». En plus, le Montréalais d’adoption est un homme au comportement réservé hors du ring.

Pas gagné d’avance

Il ne faudrait pas croire que ce combat est gagné d’avance pour Beterbiev. Gvozdyk est un Olympien médaillé de bronze lors des Jeux olympiques de 2012 à Londres. C’est vrai qu’il a déjà été défait par Beterbiev chez les amateurs, mais c’était en 2009 et il prétend s’être de beaucoup amélioré depuis ce temps.

Il se souvient qu’il tirait de l’arrière lors de son combat de championnat contre Adonis Stevenson en décembre dernier. Avant le 11e engagement, le pointage était de 96-94, 98-92 et 95-95. Deux juges avaient Stevenson en avance et le troisième voyait le match nul à ce moment.

Soudainement, Gvozdyk a ouvert les valves, une sorte de regain d’énergie. Une série de coups bien placés ont terrassé le champion qui ne s’est jamais relevé.

Gvozdyk est convaincu qu’il fera subir à Beterbiev sa première défaite en carrière professionnelle et que le combat sera spectaculaire. Pour ce faire, Gvozdyk devra éviter d’échanger avec son rival, peut-être moins rapide, mais plus puissant que lui.

Un 3e combat avec Teddy Atlas

Le champion du WBC a une confiance inébranlable en son nouvel entraineur, Teddy Atlas. Ce sera leur troisième combat ensemble et Gvozdyk prétend que sous sa tutelle, il s’améliore de combat en combat. De plus, il n’est pas sans savoir que Beterbiev a été ébranlé lors du deuxième engagement contre Callum Johnson.  Il a même visité le tapis, une simple chute éclair.  Heureusement pour lui, Johnson n’a pas profité de son avantage au troisième round.

Gvozdyk ne peut se payer le luxe d’y aller coup pour coup avec le Montréalais. Sa force de frappe de 82% est bonne, mais celle de Beterbiev est excellente à 100 %.

« Il a boxé très intelligemment contre Adonis Stevenson et ce sera la même chose contre Beterbiev, d’expliquer Teddy Atlas. Oleksandr s’est appliqué à suivre ce plan de match tout au long du camp d’entrainement et quand viendra le temps du combat, il suivra exactement ce plan. Il est un boxeur très intelligent. Peut-être le plus intelligent de tous les pugilistes que j’ai entrainés. »

Que se passera-t-il?

Que se passera-t-il  pour le vainqueur après ce combat? Une autre rencontre pour l’unification des titres WBC, IBF ainsi que celui de la WBA détenu par Bivol. D’ailleurs, ce dernier a déjà déclaré au cours des derniers jours qu’il voulait unifier toutes les couronnes de sa division de poids.

Il reste le cas de la ceinture WBO qui sera en suspens si jamais Canelo Alvarez l’emporte sur Kovalev. S’il gagne, Canelo va-t-il continuer à œuvrer chez les mi-lourds ou est-ce strictement un défi personnel? Si sa tentative est fructueuse, il passera à l’histoire. Mais je doute qu’il défende ce titre des 175 livres. Il reviendra plutôt chez les poids moyens ou chez les super-moyens.

Si jamais c’est Kovalev qui conserve sa couronne, il n’y aura pas de difficulté puisque tout comme Bivol, lui aussi veut unifier tous les titres de sa division. D’ailleurs il aura le temps car il a prétendu pas plus tard que cette semaine qu’il avait l’intention de boxer pendant encore deux ans.

Beterbiev et Gvozdyk ont tous deux des fiches identiques en combats de championnat. Chacun en est à sa troisième défense et chacun a défendu sa couronne avec succès à deux occasions.

Gvozdyk, qui est né en Ukraine, sera certainement le grand favori de la foule à Philadelphie, où on compte une population d’Ukrainiens d’environ 125 000 personnes. Beterbiev est d’origine russe. Il devra donc s’habituer aux huées d’une foule hostile.

Prédiction : Beterbiev par K.-O. après le 9e round.

Bonne boxe!