L’ex-champion mondial et légende de boxe Roy Jones affronte le champion invaincu des pugilistes à poings nus, Bobby Gunn, ce vendredi pour le titre pratiquement inconnu de la WBF (La World Boxing Foundation).

Peut-être ne connaissez-vous pas Bobby Gunn.  Après tout, il n’a pas mis des gants de boxe dans ses poings depuis sa défaite sur  un ring le 18 décembre 2013 contre nul autre que Glen Johnson.

Ce boxeur, né à Niagara Falls, en Ontario, possède la double citoyenneté canadienne et américaine.

Il a maintenant 48 ans et, au cours des dernières années, il s’est battu poings nus dans des garages, des entrepôts, dans des stationnements et il n’a jamais subi la défaite. Sa fiche est maintenant de 73-0. Si cela vous intéresse, vous pouvez visionner ses prouesses pugilistiques sur YouTube.

C’est beaucoup mieux que sa fiche de 21-6-1 (18 K.-O.) en boxe.

Si le nom Bobby Gunn ne vous dit rien, vous connaissez certainement son rival Roy Jones.

Plus que l'ombre de lui-même

Jones n’est plus que l’ombre de lui-même, mais il ne veut pas ranger ses gants pour aucune considération. Et pourtant, il a soufflé 48 chandelles sur son gâteau de fête le 16 janvier dernier.

Si vous croyez que les quadragénaires sont trop vieux pour boxer,  permettez-moi de vous rafraîchir la mémoire. Pas plus tard que le 12 décembre 2015, Steve Ward a perdu par K.-O. technique (3e round) contre Jody Meikle en Angleterre. Ward avait alors 59 ans, et son rival, 24 années de moins.

Depuis quelque temps, la boxe à poings nus connaît un regain de popularité en Europe et aux États-Unis. Mais elle est toujours illégale en terre d’Amérique.

Pour le moment, la boxe à poings nus tente une percée, mais l’ombre du monde interlope pèse quelque peu sur ses épaules. Sans commission athlétique, il est difficile de garantir des bourses aux gens qui se tapent à qui mieux mieux dans des entrepôts et des garages.

En somme, ce vendredi, c’est un combat de boxe de douze rounds, et les deux figurants sont déjà certains de toucher une bourse respectable.

Dans ces combats sans gants les bourses sont minables et elles proviennent plus souvent qu’autrement des badauds qui assistent à ces rencontres dans des cours arrière de maison, ou bien des entrepôts désaffectés, ou encore  dans des parcs.

Bobby Gunn prétend que trois États américains sont sur le point de légaliser la boxe sans gants ni bandages, mais il refuse de dévoiler les noms de ces trois États.

Une chose est certaine, vous ne verrez pas un combat de boxe à poings nus à Montréal sous le règne de Michel Hamelin. Le patron de la Régie ne se gêne  pas pour dire : « ce serait retourner pratiquement à la barbarie », m’avait-il confié lors de notre dernière rencontre. « Vous ne verrez jamais cela à Montréal. »

Selon le corps médical, c’est le nombre de coups sur la tête qui cause des blessures au cerveau, notamment la démence pugilistique.

Peu de coups à la tête

Àcette affirmation, Bobby Gunn répond : « dans des combats à poings nus, sans bandage, très peu de coups à la tête sont nécessaires pour avoir raison d’un rival.  Bien souvent, un seul suffit. Certes, comme à la boxe conventionnelle, il y a des coupures aux yeux et des saignements de nez. En somme, ce sont les mains, et les jointures qui sont le plus souvent blessées ».

Ce n’est certainement pas l’argent qui pousse Roy Jones à boxer.  On prétend que sa fortune se situe entre 45 et 70 millions de dollars.  Ce qui est loin des avoirs de son rival.

« Il me reste trois ou quatre combats à disputer, de prétendre Gunn.  Mais dites-vous bien que je ne changerais rien à ma vie   si j’en avais le pouvoir… »

Ce même Bobby Gunn a déjà battu Syd Vanderpool, un autre boxeur canadien, alors qu’il œuvrait chez les amateurs.

Cette fois Gunn s’attaque à un rival qui n’est plus que l’ombre de lui-même, mais qui montre occasionnellement des coups qu’ils réussissaient si souvent alors qu’il coiffait ses couronnes mondiales.

L’affrontement entre les deux hommes sera présenté à la télévision payante pour la modique somme de 29.99 $.  Lors d’un tel affrontement sur les réseaux payants il y a quelques années, on était parvenu à attirer 50 000 spectateurs.

Le gala sera présenté vendredi soir en provenance du Chase Center de Wilmington, au Delaware.

On cherche le K.-O.

Bobby Gunn est confiant de passer le K.-O. à son rival tandis que Jones prétend qu’il émerveillera le monde par son triomphe.

Jones a gagné ses deux derniers combats en mars et en août  contre Vyron Phillips et Rodney Moore, deux pugilistes (des faire-valoir)  avec des records encore pires que celui de Bobby Gunn.

Après avoir été volé de sa médaille d’or  par une décision arrangée d’avance par les juges lors des Jeux olympiques de Séoul, en Corée du Sud en 1988, on avait tenté de se racheter en accordant à Jones le trophée Val Barker, accordé au meilleur boxeur du tournoi.  Essayez de comprendre.

Jones a perdu neuf combats au cours de sa carrière dont cinq par K.-O.   C’est Antonio Tarver qui a parti le bal en 2004, puis ont suivi Glen Johnson, Danny Green, Denis Lebedev et Enzo Maccarinelli.

Bien qu’imbattable à poings nus, Bobby Gunn n’a jamais présenté un menton de granite sur une arène de boxe.  Il a été passé K.-O. par Sergio Garvia, Enzo Maccarinelli, Tomasz Adamek et James Toney. Pour lui c’est un retour aux sources après une absence de quatre ans, soit depuis sa défaite par décision contre Glen Johnson.

Comme un cirque

Pourquoi un tel combat ?  Pour faire un peu comme le cirque, c’est-à-dire égayer le monde, pas plus, pas moins.

En dépit de ses 48 ans, et qu’il montre un menton de plus en plus fragile  je choisis Roy Jones pour sortir victorieux de cet affrontement.

La vraie boxe

Du côté de la vraie boxe,  c’est au Ohio Cintas Center, sur le campus de l’université Xavier, à Cincinnati, en Ohio que l’action se passera samedi soir prochain.

On verra à l’œuvre Adrien Broner face à Adrian Granados dans un match de 12 assauts.

Deux boxeurs totalement différents.  Broner est surnommé " The Problem " et il porte très bien son nom.  Quant à Granados, il est un pugiliste vraiment malchanceux.  Quatre fois en carrière, il a dû s’avouer vaincu. Deux fois par décision partagée et deux fois par décision majoritaire.

Broner est un bon boxeur, mais il manque souvent de jugement surtout à l’extérieur du ring ou il aime montrer son argent en public.  Un peu comme le fait à l’occasion Floyd Mayweather.  Plusieurs de ses frasques lui ont causé des problèmes.  En octobre dernier, il a tenté d’étouffer une serveuse de restaurant. En janvier, à Cincinnati, il a été accusé d’assaut et de tentative de vol à main armée.  Heureusement pour lui, les accusations ont été abandonnées.

À l’occasion, il a aussi montré des signes suicidaires.

Broner, un ex-champion dans quatre catégories de poids,  a connu deux défaites au cours de sa carrière.  Ce fut tout d’abord une décision perdue face à Marcos Maidana.  Pourtant, Broner était favori à 5 contre 1 pour gagner ce combat, mais encore une fois, il a laissé tomber ses supporteurs.

Son autre défaite est survenue contre Shawn Porter,  en 2015.  Broner avait bien failli épater la foule, car un bon crochet de la gauche à la 12e reprise avait envoyé son rival au tapis, mais ce fut trop peu trop tard.

Normalement, Broner devrait gagner ce combat à condition qu’il prenne son rôle au sérieux, arrive en bonne condition physique et suive un plan de match bien établi. Malheureusement on ne peut jamais prévoir quoi que ce soir avec " The Problem ".   Mais quand il le veut, il sait boxer.

Mon choix: Broner par décision.

Bonne boxe !