Même si elle assure respecter tout ce que Marie-Ève Dicaire a accompli depuis le début de sa carrière, Claressa Shields ne croit pas que la Québécoise sera en mesure de rivaliser avec elle lors de leur mégacombat d’unification des poids super-mi-moyens le 5 mars à Flint, au Michigan.

À vrai dire, la détentrice des titres du WBC et de la WBO, ex-championne unifiée des moyennes et des super-moyennes ainsi que double médaillée d’or olympique a tellement confiance en ses moyens qu’elle est convaincue qu’elle parviendra à arrêter son adversaire au cinquième round.

« Il n’y a pas de combat facile en boxe féminine et il faut toujours être au sommet de sa forme, mais je sais que je vais réussir à la faire craquer au cinquième round, a osé prédire l’Américaine pendant une visioconférence organisée jeudi après-midi. Je suis prête à lui botter le derrière!

« Je ne veux pas la classer comme étant la meilleure adversaire que j’ai affrontée ou la xième... je la considère au même titre que toutes les adversaires invaincues que j’ai affrontées. Mais je dois dire qu’elle a beaucoup en commun avec [Christina] Hammer. Il s’agira de son premier combat à l’extérieur du Canada, alors que Hammer s’était battue une fois hors de l’Europe. »

« C’est bon de croire en soi, mais le combat ne se déroulera pas comme elle se l’imagine, a répondu la championne de l’IBF qui est originaire de St-Eustache. Je la connais par cœur, car ça fait un an que nous nous préparons. Je connais absolument toutes ses forces et ses faiblesses.

« Elle possède beaucoup d’explosion et de vitesse, ce qui lui permet de lancer des combinaisons, et elle est aussi très intelligente dans le ring. Mais mes habiletés vont faire la différence et c’est ce que je vais prouver pendant le combat. Je vais être dans une forme jamais vue ce soir-là. »

Les conseils d'une légende

L’attitude de Shields (10-0, 2 K.-O.) peut sembler arrogante à première vue, mais son parcours est particulièrement impressionnant depuis la conquête de sa première médaille d’or aux Jeux olympiques de Londres en 2012, alors qu’elle encore une adolescente âgée de seulement 17 ans.

Passée chez les professionnelles après sa deuxième conquête de l’or aux Jeux de Rio en 2016, elle a mis la main sur son premier titre en plus de devenir championne unifiée chez les super-moyennes à son quatrième combat, puis a répété l’exploit dans la catégorie inférieure à son sixième. Elle a ensuite mis la main sur les toutes les ceintures chez les moyennes à son neuvième duel avant de descendre chez les super-mi-moyennes à sa dernière sortie en janvier 2020.

Malgré tout, l’Américaine, qui ambitionne également de faire sa marque dans le monde des arts martiaux mixtes, ne se laisse pas influencer par son statut de favorite ou encore ses autres projets.

« Je n’ai jamais regardé au-delà d’une adversaire et ce n’est pas aujourd’hui que je vais commencer, a expliqué Shields. Pour être honnête, je ne pense pas que je puisse être battue par aucune autre femme. J’ai travaillé tellement fort pour me rendre où je suis maintenant et je l’ai fait en affrontant uniquement les meilleures. Et c’est encore ce que je fais avec ce combat.

« Il est évidemment possible de dire que je n’ai affronté qu’une gauchère (Sydney Leblanc, à son troisième combat professionnel, NDLR) depuis le début de ma carrière, mais j’en ai affronté une tonne dans les rangs amateurs, dont aux Jeux olympiques. Ce n’est pas un réel enjeu. J’aurais même pu boxer comme gauchère, mais je suis tout simplement meilleure comme droitière! »

Pour s’assurer de garder les deux pieds sur terre, Shields a notamment profité des judicieux conseils d’Evander Holyfield, un ancien médaillé de bronze olympique qui a aussi été champion unifié dans deux catégories de poids différentes chez les professionnels. Son message était très simple.

« Evander m’a confié que l’objectif est de ne pas crouler sous la pression et de ne surtout pas s’abaisser au niveau des autres, de rester à mon niveau, a précisé Shields. Des gens critiquent mon faible nombre de victoires par knock-out, mais Evander m’a fait remarquer que j’avais démontré que je possède de la puissance dans mes combats et que j’étais très intelligente. »

Le plus gros test de la carrière de Dicaire

Dicaire (17-0) sait qu’elle est négligée pour ce choc, mais ce rôle lui sied particulièrement bien.

« Je vois ce combat comme une opportunité, comme un tremplin. C’est l’accomplissement d’une vie, a déclaré Dicaire. Oui, je suis sous-estimée, mais plus le défi est grand, plus je performe. C’est comme si les gens me disaient que je n’étais pas game de faire quelque chose. Ça m’a souvent mis dans le trouble, mais ça me donne du courage et de la détermination. »

« Avec l’entraînement que Marie-Ève a eu, ça va être un combat difficile pour Shields, a ajouté son entraîneur Stéphane Harnois. Shields a tout ce qu’il faut pour être une boxeuse dangereuse, mais c’est justement ça qui nous drive. Tout est en place pour que nous causions une surprise. »

À l’origine, les deux boxeuses auraient dû s’affronter le 9 mai dernier, mais la pandémie de coronavirus a évidemment bouleversé leur plan. Au total, le combat a été reporté une dizaine de fois avant qu’un ’événement entièrement consacré à la boxe féminine soit mis en place.

« Si j’ai accepté [d’attendre aussi longtemps pour disputer] ce combat, c’est parce que Shields est considérée comme la meilleure boxeuse "livre pour livre" au monde, a conclu Dicaire. Quand tu deviens championne, tu rêves de battre d’autres championnes. C’est toute une opportunité. »

Il n’y a pas à dire, la Dicaire marquerait les esprits ici et ailleurs si elle parvient à vaincre Shields.