MONTRÉAL – Même si le combat contre Rogelio Omar Rossi ne représentera assurément pas un grand moment dans la carrière de Simon Kean, il était condamné à l’emporter pour montrer que sa défaite subie face à Dillon Carman en octobre dernier à Québec était bel et bien derrière lui.

 

D’une certaine façon, le Trifluvien a réussi à tourner la page sur ce premier faux pas en carrière en battant l’Argentin par arrêt de l’arbitre à 0:39 du 2e round, samedi soir au Cabaret du Casino du Montréal, en finale du deuxième gala de la journée d’Eye of the Tiger Management (EOTTM).

 

« Le combat m’a laissé un peu sur mon appétit, car j’aurais aimé qu’il continue plus longtemps, a lancé Kean (16-1, 15 K.-O.) après son triomphe. J’étais vraiment en bonne condition physique. Je savais que ce n’était pas le plus grand des combats, mais ma condition physique était excellente.

 

« Ça faisait longtemps que je ne m’étais pas senti comme ça avant un combat. Je suis content de tout ce que j’ai travaillé au gymnase. C’était le temps de placer tout ça dans un combat ce soir. »

 

« Je suis vraiment contente de sa prestation, a ajouté son entraîneur Jimmy Boisvert. J’ai aimé son camp d’entraînement, ses préparations physique et mentale dans la chambre avant le début du combat et son travail dans le ring. Il a montré de belles habiletés et beaucoup de souplesse. »

 

Après une première minute plutôt conservatrice, Kean a atteint Rossi (20-8-1) d’un uppercut de la droite avant d’enchaîner avec deux ou trois autres coups qui ont envoyé l’Argentin au plancher. Ce dernier y est retourné quelques instants plus tard, mais il semblait pourtant avoir été poussé.

 

Le favori de la foule a repris là où il avait laissé au début du deuxième round en plaçant un solide direct de la droite au visage de son rival qui s’est instantanément écroulé au sol. Étonnamment, ce dernier s’est relevé, mais son coin a ensuite décidé qu’il était mieux pour sa santé d’arrêter.

 

« J’étais un peu anxieux au début du duel et c’est dans ce temps-là que j’ai tendance à recevoir des coups, a expliqué Kean. C’est pourquoi je n’ai pas voulu me lancer trop rapidement dans des échanges. Je me suis déplacé beaucoup pour casser la glace et j’ai respecté le plan de match. »

 

Dans un monde idéal – dans celui de son entraîneur et de son promoteur Camille Estephan en tout cas – Kean effectuera sa prochaine sortie contre Carman le 15 juin à Shawinigan. Estephan a d’ailleurs dit être très près d’une entente avec celui qui a subi une virulente défaite par knock-out dès le premier round contre Evgeny Romanov en Russie le 22 février dernier.

 

Kean souhaite également régler le dossier Carman, mais il en a de nombreux autres en tête.

 

« J’ai hâte de voir ce qui va se passer. Carman, [Tony] Yoka et [Arslanbek] Makhmudov. Je les veux tous! Je n’ai vraiment peur de personne! Tout ce que je veux, c’est de clairer la division. »

 

Au-delà de cette déclaration faite assurément sur le coup de l’enthousiasme, Kean pourrait avoir aggravé une blessure au coude gauche pendant le combat contre Rossi. Le poids lourd a en effet avoué avoir ressenti énormément de douleur pendant les deux rounds qu’a duré l’affrontement.

 

Maduma voit encore le tapis lui glisser sous les pieds

 

Ghislain Maduma ne vit que pour les combats d’importance depuis qu’il a pris une pause de 20 mois à la suite de sa défaite devant Ricky Sismundo en octobre 2016. C’est précisément ce qu’il a obtenu en Miguel Vazquez, mais l’obstacle s’est finalement révélé un peu trop haut à franchir.

 

Le Montréalais d’origine congolaise s’est incliné par décision partagée des juges (98-92, 97-93 et 93-97) devant l’ancien champion des légers de l’IBF après avoir pourtant connu un intéressant début d’affrontement en mettant continuellement de la pression sur le Mexicain âgé de 32 ans.

 

Mais comme cela avait été le cas lors de ses défaites contre Kevin Mitchell, Maurice Hooker et Sismundo, Maduma (20-4) a vu le tapis lui glisser sous les pieds en raison de son cruel manque d’activité à compter de la quatrième reprise, arrêtant complètement de mettre de la pression.

 

Vazquez (41-7), ancien champion des légers de l’IBF d’août 2010 à septembre 2014, a réussi à freiner les ardeurs de Maduma grâce à une défense étanche et des déplacements continuels.

 

« Il boxait bien et il bougeait bien. Je n’ai pas été capable de mettre ma stratégie en place, a dit Maduma à la suite de sa défaite. C’était un bon combat technique, mais je n’ai pas d’excuses. J’étais en grande forme et je me sentais bien dans ma tête. Je lui donne vraiment tout le crédit.

 

« Et même si j’avais gagné, je n’aurais pas été content de ma prestation. Je comprends comment les juges ont pu voir le combat. Je le répète : ç’a vraiment été un bon combat. J’avais plein d’options sur la table et c’est moi qui ai décidé de l’affronter. C’est ce que je voulais. »

 

Un « retour » victorieux pour Jukembayev

 

Disputant un premier duel depuis qu’il a quitté EOTTM avant de renouer avec l’entreprise, Batyr Jukembayev (15-0) a relancé sa relation sur les chapeaux de roues en battant Gilberto Meza (10-6-1) par décision unanime (98-92, 98-92 et 98-92). Appelé à la dernière minute pour remplacer Carlos Jimenez, Meza est loin d’avoir mal paru. Comme les deux derniers gauchers qui avaient affronté le Montréalais d’origine kazakhe, le Mexicain est parvenu à atteindre la cible plutôt fréquemment. Dans les faits, Meza n’a jamais laissé la chance à Jukembayev de prendre sa vitesse de croisière. Au moins, il n’a pas été envoyé au tapis comme à ses deux dernières sorties.

 

Comme son compatriote, Nurzat Sabirov (9-0) a ajouté une autre victoire à sa fiche en disposant de Cesar Hernan Reynoso (15-12-4) par arrêt de l’arbitre à 1:27 du 7e round. Nettement plus imposant physiquement que son rival, Sabirov est parvenu à imiter Jorge Sebastian Heiland et l’actuel champion des super-moyens de la WBA Callum Smith en stoppant Reynoso avant la limite. Sabirov a envoyé Reynon au plancher au 6e round avec une combinaison commencée avec un crochet de droite à la tête, puis l’arbitre Martin Forest a décidé de mettre fin aux hostilités au 7e en raison du manque de volonté et de l’exaspération évidente de l’Argentin.

 

En ouverture, Artur Ziyadinov (9-0, 8 K.-O.) a réussi un exploit qu’Erik Bazinyan et Dario Bredicean n’avaient pas accompli avant lui : battre Michal Ludwiczak (16-10) avant la limite. Le Montréalais d’origine russe l’a en effet arrêté à 2:33 du 4e round, après que le Polonais se soit précédemment permis une pause pour aller régurgiter dans son coin. Au 3e round, Ziyadinov a obligé Ludwiczak à poser deux fois le genou au sol à la suite de frappes plutôt précises au flan.

 

Andranik Grigoryan (10-0) pensait sûrement s’être offert une rare victoire par knock-out après avoir envoyé Jonathan Aguilar (19-8) au plancher dès le premier round, mais le Mexicain s’est relevé, si bien que le Montréalais d’origine arménienne l’a emporté par décision unanime (99-90, 99-90 et 98-90). Grigoryan s’est même retrouvé les quatre fers en l’air au moment où la cloche s’est fait entendre à la conclusion du troisième round, mais cela s’est avéré anecdotique.

 

À son premier combat prévu pour huit rounds depuis le début de sa carrière, Clovis Drolet (9-0) a été fidèle à son habitude en étant extrêmement méthodique avant de l’emporter sur Rodrigo Ramon Maizares (7-4) par décision unanime (80-72, 80-72 et 80-72). Le boxeur de Beauport n’a jamais été mis en danger par son adversaire argentin qu’il a dominé grâce à un savant mélange de coups au corps et à la tête. « Il essayait de voler les rounds, a expliqué Drolet. J’entendais son coin dire continuellement le temps qu’il restait. Il commençait toujours à travailler avec moins d’une minute. Je suis très content dans l’ensemble, mais j’aurais aimé lancer plus d’uppercuts. »