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MONTRÉAL – « Une belle ville avec de belles personnes » – a dit deux fois plutôt qu’une le chef de la direction de Mayweather Promotions, Leonard Ellerbe –, mais visiblement pas assez huppée pour accueillir le choc entre le champion des mi-lourds du WBC Adonis Stevenson et Badou Jack.

Après avoir martelé pendant des mois que le combat du 19 mai serait présenté au Centre Bell, le promoteur Yvon Michel a appris vendredi après-midi que l’événement aurait finalement lieu à Toronto. Ce revirement de situation était tellement inattendu qu’une campagne de promotion a roulé sur les différents écrans du réseau du métro de Montréal pendant toute la fin de semaine.

En raison d’une « opportunité d’affaires » qu’il était impossible de laisser passer, Michel a dû remuer ciel et terre pour trouver un amphithéâtre – l’Air Canada Centre – et s’entendre avec son homologue Lee Baxter, qui avait déjà prévu l’organisation d’un gala à Niagara Falls le même soir. Tout ce beau monde était réuni mercredi à Montréal pour tenter d’expliquer l’inexplicable.

« Je n’ai aucun contrôle là-dessus, a répété Stevenson à moult reprises pendant une mêlée de presse d’une quinzaine de minutes avec les journalistes. C’est [mon gérant] Al Haymon qui gère le tout avec le [réseau de télévision] Showtime. On me dit que je boxe avec telle personne, alors je boxe avec telle personne. Ce n’est pas moi qui prends la décision... je n’ai aucun contrôle. »

Pourtant, Stevenson annonçait lundi que son combat suivant celui contre Jack serait présenté à Montréal. Il l’a ensuite répété aujourd’hui en direct à la télévision avant de nuancer ses propos.

« C’est [Haymon] qui décide, mais moi, je peux suggérer. C’est sûr que ce serait le fun qu’on fasse [le prochain] combat à Montréal, a expliqué le champion. [Pour le duel face à Jack], je n’ai rien suggéré, mais ça fait du bien d’aller à Toronto, parce qu’en Ontario, il n’y a jamais de boxe. »

« J’ai vraiment posé la question et je n’ai pas été capable d’avoir la réponse, a juré Michel. Au début, Al voulait organiser le combat [à l’extérieur] au Budweiser Stage, mais je lui ai demandé s’il était fou! Nous ne sommes pas à Las Vegas! Nous avons déjà organisé des galas au Stade Uniprix en juin et c’était limite. En allant [à l’extérieur], il s’en allait vers une catastrophe. »

De plus, le WBC avait annoncé il y a deux ans qu’il ne sanctionnerait plus de combat en Ontario en raison de préoccupations relatives à la santé des boxeurs dans la foulée de l’incident impliquant le Mexicain Guillermo Herrera. Sauf erreur, la Commission athlétique de la province a changé de commissaire depuis, mais aucune modification n’a été faite à la réglementation.

Qui plus est, des interrogations avaient été soulevées quant à la quantité de bandage qui peut être utilisée – 10 verges par rapport à 40 verges au Québec notamment – pour bander les mains fragiles de Stevenson. Sauf qu’il paraît qu’il n’y aurait que les fous qui ne changent pas d’idée.

« Une fois que j’ai fait le combat [contre Tommy Karpency en septembre 2015 au Ricoh Coliseum à Toronto] là-bas, j’ai remarqué que mes mains étaient correctes et que ça frappait encore plus fort quand j’avais moins de bandages, a révélé le cogneur gaucher. Depuis ce temps-là, j’ai entraîné ma main et mon entraîneur Tiger Paul l’a vraiment renforcée avec des entraînements de karaté. Je pourrais frapper un fer et elle serait encore correcte! »
 
Cela dit, rien de concret n’explique encore pourquoi le gala a été déplacé à Toronto, d’autant plus que le promoteur québécois se demande comment Premier Boxing Champions fera ses frais.

« Comme d’habitude, j’avais fait un budget avec des prévisions et à moins que la vente des billets aille au-delà de nos espérances, ça va être un lourd fardeau pour Premier Boxing Champions, a prédit Michel. À l’origine, il parlait du Budweiser Stage parce que l’endroit est la propriété de leur partenaire Live Nation, mais je ne veux pas faire d’extrapolation...

« Chose certaine, ce n’est pas parce qu’Adonis ne veut pas se battre au Québec. Ce n’est pas ce qu’on m’a dit. Si ç’avait été le cas, on ne me l’aurait pas dit parce que je l’aurais ensuite dit [aux journalistes]. J’ai prévu Al qu’on aurait de la difficulté à revenir [au Québec] si c’était le cas. »

Comme il le martèle depuis plusieurs années, Stevenson a réitéré son désir d’unifier les titres de la division, espérant même une victoire d’Eleider Alvarez sur Sergey Kovalev cet été. Par contre, Michel voit mal comment son protégé pourrait éviter son nouvel aspirant obligatoire Oleksandr Gvozdyk. Les mauvaises langues rétorqueront qu’il a évité Alvarez pendant plus de deux ans...

Stevenson répond aux nombreuses questions
« Je n'ai jamais fui aucun aspirant »