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RÉSULTATS

La boxe québécoise a vécu un changement de garde en 2022

Marie-Ève Dicaire, David Lemieux et Kim Clavel Marie-Ève Dicaire, David Lemieux et Kim Clavel - RDS
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MONTRÉAL – C'est une sorte de changement de garde que la boxe québécoise a vécu en 2022, alors que la première championne du monde de son histoire se retrouve aujourd'hui sans titre et que l'un de ses artisans les plus spectaculaires s'est finalement résigné à accrocher ses gants.

Redevenue championne en décembre dernier, Marie-Ève Dicaire a disputé son deuxième duel d'unification en affrontant Natasha Jonas en novembre à Manchester, en Angleterre, mais la détentrice de la ceinture des poids super-mi-moyens de l'IBF s'est inclinée par décision unanime des juges contre celle du WBC et la WBO. Comme cela avait été le cas contre Claressa Shields en mai 2021 à Flint, au Michigan, Dicaire a affiché beaucoup de courage, mais ce ne fut pas assez.

L'athlète âgée de 36 ans n'a toujours pas statué sur son avenir, mais elle souvent déclaré par le passé qu'elle souhaitait des défis hors du commun pour demeurer motivée. Dicaire a également commencé à préparer son après-carrière en acceptant un contrat d'animation estival à la radio.

Quelques mois avant son combat d'unification face à Jonas, Dicaire avait été rejointe en juillet par Kim Clavel dans le cercle extrêmement restreint des championnes en s'emparant du titre des mi-mouches du WBC en battant Yesenia Gomez par décision unanime. Clavel devait aussi disputer un duel d'unification contre Jessica Nery Plata le 1er décembre, mais elle a toutefois dû déclarer forfait après avoir contracté l'influenza. Elles s'affronteront le 13 janvier à la Place Bell.

L'Olympienne Mary Spencer s'est également signalée en démolissant pratiquement toutes ses adversaires – dont deux anciennes rivales de Dicaire – sur son passage, mais elle toutefois a frappé un mur en se faisant déclasser par Femke Herman dans un combat pour la ceinture de l'IBO – une association qui n'est pas reconnue comme majeure – en décembre à Shawinigan.

Derrière Dicaire, Clavel ainsi que Spencer, Marie-Pier Houle, Leïla Beaudoin et la nouvelle venue Caroline Veyre ont notamment participé à insuffler un vent de fraîcheur sur la boxe québécoise.

La retraite pour David Lemieux

L'année a marqué le chant du cygne pour l'ancien champion des moyens de l'IBF David Lemieux, qui a annoncé sa retraite en août dans la foulée de sa défaire par arrêt de l'arbitre au 3e round contre David Benavidez dans un combat pour la ceinture intérimaire des super-moyens du WBC.

Passé chez les 168 livres depuis quelques années à cause de son incapacité à respecter la limite dans la catégorie inférieure (160 lbs), le Montréalais n'a jamais réussi à prendre son envol dans la division dominée par Saul « Canelo » Alvarez. À 5 pieds 9 pouces et demi, il n'était littéralement pas de taille contre des rivaux mesurant pratiquement toujours plus de 6 pieds.

Cela dit, Lemieux a marqué toute une génération d'amateurs avec ses victoires spectaculaires par knock-out souvent enregistrées en finale de galas présentés à la télévision américaine. Il était devenu champion de l'IBF en battant Hassam N'Dam par décision unanime en mai 2015 à Montréal et avait ensuite immédiatement mis son titre en jeu face au champion unifié Gennadiy Golovkin en octobre de la même année au mythique Madison Square Garden de New York. Il avait cependant été vaincu par arrêt de l'arbitre au 7e round et n'a plus jamais été champion.

À vrai dire, il n'a eu qu'une seule autre chance – contre le champion de la WBO Billy Joe Saunders en décembre 2017 à Laval – mais l'Anglais l'avait complètement dominé en le tenant à distance pendant toute la durée de l'affrontement. Ses problèmes de poids l'ont ensuite mené à passer chez les super-moyens en 2019, mais Lemieux n'a jamais retrouvé l'aura qui l'entourait.

Au contraire de Lemieux, l'ex-champion des mi-lourds du WBC et de la WBA Jean Pascal continue de repousser les limites du temps, même s'il est maintenant âgé de 40 ans. Comme il l'avait fait dans le passé, Pascal a contrecarré les plans d'un jeune espoir invaincu qui le croyait au bout du rouleau en battant Fanlong Meng par décision unanime des juges en mai en Floride.

Pascal effectuait alors un retour dans le ring après deux ans et demi d'absence à la suite d'un contrôle antidopage positif survenu en 2021 avant la défense de sa ceinture de la WBA prévue face à Badou Jack. Celui qui a fait les manchettes récemment en raison de son arrestation pour conduite avec les facultés affaiblies en novembre à Montréal aura la chance de renouer avec ses partisans le 9 février prochain à Laval, alors qu'il se mesurera à Michael Effert dans un choc éliminatoire des mi-lourds de l'IBF. Le gagnant deviendra l'aspirant obligatoire à Artur Bertebiev.

Parlant de Beterbiev, il a ajouté la ceinture de la WBO à celles du WBC et de l'IBF qu'il possédait déjà en ne mettant que 5 minutes et 19 secondes pour se débarrasser de Joe Smith fils en juin à New York. Plusieurs observateurs croyaient que Smith offrirait au Montréalais d'origine russe l'une de ses meilleures oppositions en carrière, mais Beterbiev l'a malmené sans ménagement.

Le champion entraîné par Marc Ramsay se frottera à son aspirant obligatoire à la WBO Anthony Yarde le 28 janvier prochain en Angleterre et aura de fortes chances de signer une 19e victoire par knock-out en autant de sorties en carrière. Les preneurs aux livres le favorisent à 6-contre-1.

Autant 5 minutes et 19 secondes dans un ring peuvent paraître peu, autant c'est énorme par rapport à absolument rien comme cela a été le cas pour Oscar Rivas. Le Montréalais d'origine colombienne rêvait d'effectuer la première défense de son titre des super-lourds-légers du WBC dans son pays natal, mais l'affaire a tourné au vinaigre. « Nous nous sommes fait avoir par quelqu'un qui était très, très bon pour manipuler les gens », avait d'ailleurs avoué le promoteur Yvon Michel en entrevue à RDS.ca en octobre pour expliquer l'annulation du mégaévénement.

Rivas avait enfin vu un peu de lumière au bout du tunnel en acceptant un combat contre Efe Ajagba le 14 janvier prochain à Verona, dans l'État de New York, mais il a dû déclarer forfait à cause d'une blessure à un œil subie à l'entraînement. La gravité de la blessure de Rivas n'est pas encore connue, sauf qu'il a un historique à ce chapitre. Sa carrière pourrait être compromise...

Mbilli en route vers les plus hauts sommets

Comme c'est le cas depuis de nombreuses années, de nombreux boxeurs québécois sont avantageusement positionnés dans les différents classements mondiaux et certains d'entre eux pourraient avoir l'occasion de disputer un combat éliminatoire ou de championnat en 2023.

Après sa victoire contre Vaughn Alexander en décembre à Nantes, en France, Christian Mbilli a confirmé son duel éliminatoire des super-moyens du WBC face à Ali Akhmedov qui devrait avoir lieu au printemps. Mbilli a connu une année faste en battant également Nadjib Mohammedi en mars et DeAndre Ware en septembre pour se hisser au deuxième rang du classement du WBC.

Son collègue chez Eye of the Tiger Management Erik Bazinyan est également bien en scelle chez les super-moyens – 2e à la WBA, 4e au WBC, 10e à l'IBF et 3e à la WBO, mais sa vie a été bouleversée par le décès de son père. Il effectuera son retour dans l'arène contre Alantez Fox le 2 février au Cabaret du Casino de Montréal et mettra alors à l'enjeu deux ceintures mineures.

Le poids lourd Arslanbek Makhmudov a enregistré une 14e victoire avant la limite en autant de combats en février, mais il a eu besoin de 12 rounds pour se défaire du vétéran Carlos Takam en septembre. Le Franco-Camerounais a notamment su tirer son épingle du jeu pendant ce duel, si bien que plusieurs observateurs se sont demandé si le géant russe n'était pas un peu surévalué. Et ce n'est pas avec son choc contre Michael Wallisch que les doutes ont été dissipés, puisque l'Allemand s'est bêtement retiré de leur combat en décembre à Shawinigan après le 1er round.

Quant à Simon Kean, il aurait aussi dû se battre dans sa Mauricie natale, mais il a dû déclarer forfait en raison d'une blessure au dos subie à l'entraînement. Une année très particulière pour Kean, qui a vu un de ses adversaires – Newfel Ouatah – poser un de ses genoux au sol et refuser de combattre quelques secondes seulement après le début de leur affrontement en septembre.

Toujours chez Eye of the Tiger Management, Yves Ulysse fils a enchaîné avec deux victoires et il se mesurera au vétéran Javier Molina en février. Ulysse est classé 15e chez les 140 lbs au WBC.

Les choses sont résolument plus tranquilles chez Groupe Yvon Michel, mais impossible de passer sous silence la belle histoire de Mazlum Akdeniz, qui s'est emparé d'un titre mineur chez les super-légers. De son côté, l'ancien aspirant mondial Mathieu Germain s'est également joint à l'organisation. Maintenant entraîné par Stéphan Larouche, il a enregistré deux victoires en 2022.

Finalement, l'ex-combattant d'arts martiaux mixtes Yan Pellerin, qui s'était retrouvé classé mondialement après avoir mis la main sur une ceinture mineure de la WBO en 2021, a perdu en demi-finale d'un gala dont il était le promoteur. Peu importe, les espoirs de son entreprise New Era Fightning & Promotion sont dirigés vers le nouveau champion canadien des lourds Alexis Barrière, qui a servi une véritable correction à Adam Braidwood en novembre à Saint-Hyacinthe.