FRISCO, Texas – Autant Eleider Alvarez entend prouver que sa victoire par knock-out sur Sergey Kovalev en août dernier ne relevait pas du hasard, autant le Montréalais d’origine colombienne est condamné à l’emporter s’il souhaite assurer son avenir financier ainsi que celui de sa famille.
 
Alvarez (24-0, 12 K.-O.) a en effet signé un lucratif contrat de 7 combats à livrer en 24 mois avec le promoteur américain Top Rank et le réseau ESPN quelques jours  seulement avant Noël, mais il ne deviendra officiel que s’il parvient à battre Kovalev (32-3-1, 28 K.-O.) à sa première défense de sa ceinture mi-lourds de la WBO, samedi soir au Ford Center à The Star de Frisco, au Texas.
 
« La revanche de samedi fait partie de l’entente que j’avais conclue avec Main Events pour le premier combat. Nous sommes partenaires à 50-50, mais c’est Main Events qui décidait du lieu du combat et du réseau de télévision qui le présenterait, a expliqué Yvon Michel en entrevue.
 
« Avec l’arrivée d’ESPN et de DAZN, nous voulions nous assurer de profiter de l’engouement que la victoire d’Eleider a suscité. Mais pour que le contrat se mette en marche, il doit absolument l’emporter. Chaque victoire l’assurera ensuite de deux combats majeurs supplémentaires, parce qu’il y aura toujours une clause de combat revanche. Il s’assurera ainsi d’un filet de sécurité.

« C’est certain que c’est majeur. Avec une victoire, tu te retrouves au sommet de la chaine de la division et une défaite, t’es relégué au niveau des aspirants. Et un aspirant qui est dangereux, donc qui ne serait peut-être pas invité rapidement pour se battre en championnat du monde. »
 
Alvarez, son gérant Stéphane Lépine et son entraîneur Marc Ramsay ont été mis au courant de toutes les étapes des négociations entre Michel – qui est lié au Colombien jusqu’en 2024 – et ses deux partenaires américains, mais le champion n’en aurait pas fait véritablement de cas.
 
« C’est peut-être qu’il est maintenant plus confiance de dire ce qu’il pense, mais Eleider n’a aucun problème à parler d’argent, a dit Michel. Il ne s’agit évidemment pas d’un montant comparable à celui récemment obtenu par Saul “Canelo” Alvarez, sauf que c’est intéressant. »
 

« À ce niveau-là, c’est toujours une question de vie ou de mort à chaque combat. Il y a toujours une pression monétaire et on y pense au début du camp d’entraînement, mais au point où nous sommes rendus maintenant, nous sommes vraiment concentrés sur le travail que nous avons à accomplir, a ajouté Ramsay. Ça ne donne rien de mettre une pression supplémentaire avec ça. »
 
« Pour moi, ce sera un grand travail de le garder motivé, a reconnu Lépine. Mais c’est pour cela que nous voulions des combats rapides [dans l’entente avec ESPN] afin qu’il demeure actif. »
 
S’il est déjà acquis qu’Alvarez disputera la majorité des combats de son contrat aux États-Unis et quelques-uns au Québec, il est complètement exclu qu’il combatte en Colombie natale. Le principal intéressé ne serait pas nécessairement entiché à l’idée de se produire devant les siens.
 
« Il n’y aura pas d’effet Leonard Dorin ou Lucian Bute, a mentionné Michel. J’étais prêt à donner les droits de télévision en Colombie, mais il n’y avait pas vraiment d’intérêt là-bas. À l’époque, les gens en Roumanie étaient très intéressés aux combats de Dorin et quand nous sommes allés là-bas, ç’avait littéralement explosé. Eleider était jusqu’à encore tout récemment un inconnu dans son pays. Ç’a peut-être légèrement changé quand il a été nommé athlète de l’année. »
 
La limite respectée à la pesée
 
Sans surprise, Alvarez et Kovalev ont respecté la limite de 175 livres lors de la pesée présentée vendredi après-midi. Les deux boxeurs ont affiché des poids de 174,8 et 174 livres. Exactement comme cela avait été le cas la veille à la conférence de presse, leur face-à-face a été intense.

Krusher et Alvarez font le poids

« Eleider aurait pu rester là jusqu’à demain, a blagué Lépine. Je ne connais pas Kovalev, mais je sais qu’Eleider est très fort mentalement. De se battre sur la route, ce n’est pas quelque chose qui le dérange en raison de son bagage dans les rangs amateurs. Ce n’est pas un désavantage. »
 
Tout comme Alvarez, Kovalev jouera extrêmement gros samedi soir. Une victoire le ramènera évidemment à l’avant-plan de la division des mi-lourds, alors qu’un revers fragilisera son avenir et celui de sa promotrice Kathy Duva. Kovalev est la dernière véritable tête d’affiche de Main Events qui compte plusieurs boxeurs qui commencent leur carrière chez les professionnels.
 
Alvarez et Kovalev devraient monter sur le ring aux environs de minuit et demi, heure normale de l’Est. Leur combat suivra celui de Teofimo Lopez et Diego Magdaleno qui débutera à minuit.

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