Depuis sa plus tendre enfance, depuis la première fois qu’il a enfilé des gants de boxe Oscar Rivas ne rêve que d’une seule chose, devenir champion du monde. Et c’est au Québec, en 2009, qu’il a choisi de lancer son assaut vers les plus hauts sommets. 

 

Rivas ne peut se permettre le luxe de perdre ce match contre Ryan Rozicki, vendredi, au théâtre Olympia s’il veut se retrouver champion mondial et voir son palmarès comparé avec ceux des  trois plus illustres boxeurs de la Colombie : Antonio Cervantes, Rodrigo Valdez et Miguel Lora. 

 

Non seulement il ne peut pas le perdre, mais il ne peut même pas mal paraitre devant un jeune loup qui n’a que treize combats derrière lui et seulement trente rounds de boxe dans son curriculum vitae. 

 

En somme, toute la pression est sur les épaules de Rivas. Il perd et tout est à recommencer. Il gagne et c’est la gloire et la fortune. 

 

Chez Rozicki, la pression est beaucoup moins forte. À 26 ans, s’il perd, il a le temps de se reprendre. Et si jamais il devait rester debout jusqu’la fin de l’affrontement, il ne reculerait pas d’une seule place au classement des Bridgerweights. Encore plus... ce serait un exploit surprenant. 

 

Un cadeau 

 

Après sa défaite contre Dillian White, en juillet 2019, Rivas s’est vu offrir un cadeau sur un plateau d’argent en affrontant Sylvera Louis, un boxeur qui n’avait pas été impliqué dans un match depuis près de cinq ans. 

 

Je comprends la situation. Rivas connaissait alors quelques problèmes personnels et tentait de se reprendre en main. Mais il y avait aussi la maudite pandémie. 

 

Kaboum s’est entrainé comme un déchainé. Il a réduit son poids pour pouvoir aspirer à un match de championnat de la nouvelle catégorie des Bridgerweights, lui qui a déjà pesé 251 livres par le passé. 

 

L’adversaire qu’il devait affronter, Bryant Jenning, s’est désisté et finalement, c’est Ryan Rozicki qui lui fera la lutte pour le nouveau titre mondial. 

 

En somme, c’est un boxeur lourd léger qui affrontera un poids lourd aminci pour la cause. Un total de 224 livres pour Rivas contre 203 livres pour Rozicki. C’est donc une différence de 19 livres entre les deux. 

 

Pas gagné d’avance 

 

N’allez pas croire que ce combat-là est gagné d’avance. Rozicki n’a peut-être pas l’expérience de Rivas, mais c’est un jeune homme qui n’a  jamais connu  la défaite chez les professionnels. 

 

C’est une sorte de boxeur avec le style d’un taureau. Il fonce vers l’avant, frappe et frappe encore. Il faut faire attention, car il a une bonne claque 

 (13-0-0—13/K.-O.). 

 

Son dossier ressemble à ceux d’Artur Beterbiev et d’Arslanbek Makhmudov (13-0-0—13/K.-O.). Mais là s’arrête la différence entre les trois. Il ressemble plus à celui de Makhmudov qu’à celui de Beterbiev. 

 

Ce dernier a déjà fait ses preuves. Les deux autres, pas tant... Le talent est là, c’est certain, mais les adversaires restent douteux. 

 

Rivas a maintenant 34 ans. Si tout fonctionne comme prévu, il deviendra le premier boxeur à coiffer cette nouvelle couronne. 

 

Avec une victoire spectaculaire, comme il en est capable d’en produire, il impressionnera le puissant réseau de télé ESPN et les offres ainsi que la fortune suivront. 

 

Un feu d’artifice 

 

Attendez-vous à une sorte de feu d’artifice entre les deux hommes. Rivas est reconnu comme un bon frappeur et la fiche de Rozicki est impressionnante avec ses 13 K.-O. en autant de combats. 

 

Rozicki admet lui-même que c’est le style de Jack Dempsey qui est le sien. D’ailleurs, c’est ce qu’il a déclaré à la revue Ring, il y a quelques mois.

 

« J’avais quinze ans que j’ai vu un film d’un match de Dempsey. Tout de suite j’ai compris que je voulais devenir comme lui, un champion et un vrai bagarreur. » 

 

Il peut remercier le ciel de s’être vu offrir un match de championnat, où le vainqueur passera à l’histoire vu qu’il s’agit d’un nouveau titre dans une nouvelle division. 

 

Présentement, Rozicki doit se contenter du titre WBC International (argent) des Lourds légers qu’il a gagné par K.-O./3 en mai 2019, aux dépens de Shawn Miller dans son patelin de Sydney, en Nouvelle-Écosse. 

 

Présentement iI n’a eu que six semaines pour se préparer à ce match où il est largement négligé des parieurs. 

 

Pas inconnu à Montréal 

 

Chez les amateurs, il a connu passablement de succès. Il a remporté les honneurs au niveau provincial. Il a été champion national des gants dorés et il a aussi fait partie de l’équipe nationale, en 2015. 

 

Malheureusement pour lui, il a dû combattre la plupart du temps chez les super lourds dans les rangs amateurs. 

 

« Trois fois, j’ai affronté Simon Kean chez les amateurs » se souvient-il. Lors de mon dernier combat, on a accordé la décision à mon adversaire. Avant même que la décision ne soit rendue, par l’annonceur maison, j’avais déjà décidé que c’était mon dernier match dans cette ligue. À partir d’aujourd’hui, je boxerais chez les professionnels. 

 

Rozicki a aussi été le partenaire d’entrainement de Simon Kean, Eleider Alvarez, Dillon Carman, Franz Rill, Kirk Johnson et Mladen Miljas. 

 

Il ne se sent donc pas perdu à Montréal et quand on lui fait remarquer qu’il est négligé à 8 contre un pour remporter la victoire, il admet qu’il comprend la situation.  

 

Les 5 dernières victimes 

 

Je veux bien croire que Rozicki est un jeune boxeur talentueux, mais en jetant un coup d’œil sur ses cinq dernières victimes, j’ai constaté ceci :

 

(1)-Sylvera Louis a perdu ses trois derniers combats par K.-O. 

(2)-Vladimir Reznicek a été vaincu dans deux de ses trois derniers matchs. 

(3)-Shawn Miller a perdu deux de ses trois combats par K.-O. 

(4)-Khetag Pliev n’a pas boxé depuis le 7 septembre 2019 après avoir perdu par TKO/2 contre Rozicki 

(5)- Lazlo Penzes a été vaincu par K.-O. à ses quatre derniers combats. 

 

Comme vous le voyez, la compétition n’a pas été tellement forte et c’est toute une commande qu’aura sur les bras Rozicki, vendredi soir face à un boxeur de calibre mondial et qui a été impliqué dans quinze combats de plus que lui. 

 

En boxe, un combat n’est jamais gagné d’avance. On en a eu, une autre preuve il y a à peine une semaine quand l’ex-quadruple champion Mickey Garcia, pourtant favori à 12 contre un, a perdu la décision majoritaire face à un illustre inconnu du nom de Sandor Martin, à Fresno, en Californie. 

 

Par contre, il faut toujours se souvenir qu’en boxe, un bon cogneur, si erratique ou inexpérimenté soit-il, a toujours une mince chance de frapper un circuit avec un « lucky punch ». 

 

Une bonne mâchoire 

 

Malheureusement pour l’adversaire, Oscar Rivas a une très bonne mâchoire. Il a déjà résisté aux meilleurs coups de Dillian Whyte, Bryant Jennings, Fabio Maldonado et Hervé Hubeaux. 

 

Malgré tout, il faut se montrer prudent à la veille d’un tel match. Le quatrième aspirant à cette nouvelle couronne est le Polonais Lukasz Rozanski (14-0-0—13/K.-O.), le 5e est Alen Babic (8-0-0—8/K.-O.) de la Croatie. Le 6e est Shigabudin Aliev (9-0-0—6/K.-O.).

   

Tout comme Rozicki, tous ces aspirants ont très peu d’expérience et se retrouvent quand même en avance sur le Canadien qui doit se contenter de la 15e place. 

 

Prédictions : Rivas par K.-O./5 

 

Bonne boxe!