Quand The Police a lancé son single « Roxanne » en avril 1978, cela devait permettre au groupe de sortir de l’anonymat des clubs et d’obtenir la reconnaissance du public. Malheureusement, le succès n’a pas du tout été au rendez-vous et le trio a dû encore patienter pour arriver à ses fins.

Le lancement de la chanson aux États-Unis et le succès international qu’elle a connu a ensuite permis à Sting, Andy Summers et Stewart Copeland de la relancer au Royaume-Uni en avril 1979 et éventuellement devenir l’un des groupes les plus populaires et marquants de son époque.

Il peut être facile – ou pas – d’imaginer que Mikael Zewski aura cette histoire en tête lorsqu’il se présentera dans la « bulle » de Las Vegas pour y affronter Egidijus Kavaliauskas le 12 septembre prochain. Un gain sur le Lituanien pourrait le propulser à l’avant-scène chez les poids mi-moyens.

« C’est un combat qui est très motivant, a dit le Trifluvien lors d’une visioconférence organisée par Groupe Yvon Michel jeudi avant-midi. Une victoire me donnerait de la crédibilité auprès des amateurs et des promoteurs pour affronter des gars de la trempe de Terence Crawford. J’étais motivé comme jamais à l’entraînement. Je vais là-bas flipper des tables et changer la donne. »

Zewski (34-1, 23 K.-O.) avait déjà eu une première occasion de « percer » à Las Vegas en mai 2015, mais avait failli à la tâche en s’inclinant contre Konstantin Ponomarev par décision unanime (99-91, 98-92 et 97-93) au terme d’un duel où il n’avait pas été l’ombre de lui-même.

Cette défaite a éventuellement mené à la fin de son association avec Top Rank et Zewski a dû revenir faire ses classes au Québec au cours des dernières années face à des adversaires qui lui ont permis de se hisser dans les classements de trois des quatre organisations internationales (13e au WBC, 7e à l’IBF et 7e à la WBO), mais malheureusement pas de gagner en notoriété.

« [La fin de mon association avec Top Rank et ma défaite], ce sont des événements que j’ai mis de côté dans ma tête depuis longtemps, a avoué Zewski. Je n’entretiens pas de rancœur envers Top Rank. Il faut comprendre que pour eux, c’est une business, c’est une question d’argent...

« Je fais résolument partie du côté B de l’équation, mais je ne déteste pas cette situation. Je suis très à l’aise d’aller là-bas en tant que négligé pour montrer ce que je suis capable de faire. C’est moins de pression pour moi et les gens seront juste plus impressionnés si je gagne le combat. »

« Je sais que cela ne sera pas facile et que je devrai rester vigilant de la première à la dernière seconde. Je devrai être dans le moment présent pour livrer une très grosse performance. »

Si Zewski concède qu’il s’agit d’un choc « 50-50 », il assure qu’il possède tout ce qu’il faut pour infliger une deuxième défaite de suite à celui qui s’est incliné par arrêt de l’arbitre au 9e round face à Crawford à son dernier combat en décembre dernier. Le Québécois était d’ailleurs aux premières loges pour assister à ce duel présenté au Madison Square Garden de New York.

« C’est un boxeur que je connais très bien, puisqu’il s’est également souvent battu en sous-carte des galas dont je faisais partie, a expliqué Zewski. C’est un boxeur vif, très rapide et qui est très fort physiquement. Mais il y a quelques petites affaires que je peux exploiter pendant le combat. C’est un boxeur qui a notamment montré de petites lacunes psychologiques dans ses combats.

« Il ne faut pas oublier non plus qu’il revient d’un revers et d’un verdict nul, face à Ray Robinson, alors que je suis sur une série de (huit, NDRL) victoires et que j’ai le vent dans les voiles. Tous les ingrédients sont réunis pour que ce soit un combat électrisant, puisque nos styles concordent. »

« Prêt à 100 pour cent »

À l’instar de Kim Clavel et Eleider Alvarez qui se sont battus dans la « bulle » de Las Vegas au cours des dernières semaines, Zewski a dû composer avec les restrictions imposées par la santé publique dans sa préparation, ce qui n’est pas le cas de Kavaliauskas (21-1-1, 17 K.-O.). Parmi celles-ci, il y a notamment les combats d’entraînement (sparring) qui sont toujours interdits.

« Je n’aurais jamais accepté ce combat si je n’avais pas eu la certitude de ne pas être prêt à 100 pour cent, a mentionné Zewski avant d’ajouter qu’il n’avait pas l’intention de donner davantage de détails. C’est simple, je vais être prêt. Je n’aurai pas [de retard] rapport à mon adversaire. »

« Nous nous sommes adaptés pour travailler sa rapidité et ses réflexes, a continué son père et entraîneur de toujours Jean Zewski. Nous n’avons pas eu de problèmes pendant la préparation de Mikael. Nous sommes convaincus que les choses vont très bien aller pendant le combat. »

Zewski aurait pu être l’un des premiers boxeurs à se rendre dans la « bulle » de Las Vegas, mais a dû renoncer à des propositions d’affrontements en juin et juillet en raison d’une blessure à un pouce subie à son dernier combat en novembre qui tardait à guérir. Cette fois, tout est en place.

Personne ne pourra jamais lui reprocher de mettre toutes les chances de son côté, car il sait plus que quiconque qu’il n’aura pas le droit à l’erreur. À 31 ans, le père de famille sait pertinemment que cette deuxième chance qu’il attendait depuis si longtemps ne se représentera peut-être jamais.