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L'aréna Etess est une salle qui a abrité des combats majeurs du temps où Donald Trump était l’un des principaux acteurs du monde de la boxe à Atlantic City, et il sera rempli à capacité samedi soir, comme dans les belles années où l’édifice du futur président des États-Unis s’appelait le Taj Mahal. Par une grande coïncidence, la première soirée de boxe du Hard Rock Hotel aura exactement le même enjeu que la première soirée de boxe du Taj Mahal en 1990, soit le titre WBO des mi-lourds, que possède actuellement Sergey Kovalev.

Le 28 avril 1990, Michael Moorer a livré une solide bataille à Mario Melo pour conserver son titre après avoir brisé son adversaire au 12e round. La promotrice Kathy Duva se souvient de cette soirée comme si c’était hier.

 

« Evander Holyfield était assis à mes côtés et n’arrêtait pas de dire que ces deux boxeurs n’étaient pas payés assez cher pour le spectacle qu’ils offraient. »

Avant que la situation économique ne se dégrade dans la station balnéaire de la côte Est américaine, le Taj a vu Hector Camacho vaincre Roberto Duran par décision en 1996, vu aussi Roy Jones fils subir sa première défaite en carrière aux mains de Montell Griffin en 1997, peu de temps avant le dernier combat de George Foreman, perdu contre Shannon Briggs. Sans compter le Montréalais Arturo Gatti, qui a livré au Etess Arena le premier de ses légendaires duels à Atlantic City avant d’élire domicile au Broadwalk Hall plus au sud.

Que ce soit au Taj ou au Broadwalk, Gatti était chez lui à Atlantic City. Les autres Québécois qui sont venus combattre ici étaient « les visiteurs ». Stéphane Ouellet et Éric Lucas ont boxé à Atlantic City. En décembre 2008, un autre protégé du Groupe Yvon Michel, Hermann NGoudjo, y a subi la défaite par décision contre Paulie Malignaggi.

Dix ans plus tard, Eleider Alvarez tentera de réaliser ce que NGoudjo n’a pas été en mesure de faire, soit détrôner un champion « sur la route », un exploit rare pour les boxeurs québécois, que Joachim Alcine avait réussi en 2007 au Connecticut contre Travis Simms.

Le négligé

Évidemment le Québécois est négligé dans son duel contre Sergey Kovalev. Ce qui ne l’empêche pas d’être serein. Lors de la conférence de presse, on l’a vu souriant et disponible pour les membres des médias. Il n’a visiblement aucun souci en vue de la pesée de vendredi. Il a aussi la satisfaction du travail accompli lors de son dur camp d’entraînement dans sa Colombie natale. Oui il s’attend à souffrir dans le ring contre Kovalev et c’est pourquoi il a souffert à l’entraînement.

Le même sentiment de sérénité se dégage de Sergey Kovalev, repentant de son excès de confiance et de ses lacunes à l’entraînement lors de ses préparations pour affronter Andre Ward. Il n’a toutefois pas été aussi disponible pour les médias et aurait encore beaucoup de travail à faire pour respecter la limite de 175 livres à 14 h vendredi. De plus, son entraîneur n’était pas à la conférence de presse, ce qui soulève quelques questions.

Mais ces faits sont bien anecdotiques comparativement aux faits tangibles dont le camp Alvarez est bien au courant : Sergey Kovalev est l’un des meilleurs boxeurs au monde, il n’a pas perdu ni sa vitesse ni sa puissance malgré ses 35 ans. Ses deux défaites contre Andre Ward ont peut-être exposé des failles, mais elles ont probablement aussi apporté énormément d’expérience au Russe qui ne voudra plus revivre pareil affront.

N’oublions pas que plusieurs (je n’en suis pas) estiment que Kovalev aurait dû obtenir la décision favorable dans son premier duel contre Ward.

Et si Ward a dessiné le plan de match pour vaincre Kovalev, n’oublions pas que ce ne sont pas tous les boxeurs qui ont les habiletés du jeune retraité américain de la boxe. Pour pouvoir atteindre Kovalev au corps à répétition lors du deuxième combat, il fallait une sapré boxe et un courage hors du commun, surtout que Ward avait déjà été envoyé au tapis au début du premier affrontement.

Côté cœur et courage, aucun doute qu’Alvarez a ce qu’il faut. Son jab devra être à son meilleur, plus efficace que celui plus dévastateur de Sergey Kovalev (Jean Pascal pourrait le confirmer). La distance sera la clé dans ce combat. Et peut-être aussi la condition physique. À ce chapitre, on peut présumer que l’avantage irait au protégé de Marc Ramsay, et qu’Alvarez pourrait s’imposer lors des rounds de championnat.

On verra ensuite ce qu’en penseront les juges, tous américains!