Jean Pascal a donné un effort vaillant et courageux pendant son combat contre le champion unifié des poids mi-lourds Sergey Kovalev qui était digne d’une série finale de la Coupe Stanley.

Jean a donné tout ce qu’il avait, mais il était ultimement confronté à quelqu’un meilleur que lui.

Malgré la présence de Freddie Roach dans son coin, Jean n’a pas été en mesure de réussir l’impossible. Roach est probablement le plus grand entraîneur vivant de l’histoire de la boxe, mais il ne pouvait pas connaître les forces et les faiblesses de Jean en six ou huit semaines.

L’ancien entraîneur de Jean, Marc Ramsay, le connaît par cœur et sait exactement ce qu’il faut faire pour le préparer. C’est impossible d’évaluer un boxeur en le regardant frapper sur un sac de sable et dans les mitaines en gymnase. Jean avait l’air bon techniquement et Roach s’est basé là-dessus pour déclarer qu’il était un meilleur boxeur que Kovalev et qu’il allait donc le boxer.

Quand j’ai lu les propos de Roach, j’ai alors commencé sérieusement à m’inquiéter. Je ne prétends pas aujourd’hui que Jean aurait battu Kovalev avec Marc dans son coin, mais ce dernier l’aurait fait boxer de façon à ce qu’il représente une menace pour Kovalev pendant tout le combat.

Lorsque Jean a battu Adrian Diaconu, il a été dans son visage tout le temps. Même chose avec Chad Dawson. Il n’a pas gagné contre Bernard Hopkins justement parce qu’il n’a pas été assez hargneux. Et quand il a gagné contre Lucian Bute, c’est parce qu’il lui avait sauté dessus!

Ce que Roach a tenté de faire, c’est un combat tactique et Jean n’avait pas du tout de repères à ce niveau-là. Et c’est précisément pour cette raison que les choses ont été faciles pour Kovalev.

Voué à l’échec

La stratégie de Jean se résumait à y aller en contre-attaque en utilisant sa vitesse. C’est la même stratégie utilisée par Bute qui s’était avérée mauvaise. Bute avait attendu pendant tout le combat d’avoir sa chance et elle n’est jamais venue. Samedi, Jean ne se retrouvait jamais à la bonne distance et Kovalev avait tout le loisir de placer son jab pour ensuite lancer sa droite.

Dans le premier duel, Jean avait été capable de gagner des rounds parce qu’il avait frappé et avait fait mal à Kovalev. Le Russe s’était alors dit qu’il devait faire attention parce que Jean pouvait lui faire mal. Dans le deuxième combat, Kovalev n’a pas du tout eu cette crainte-là.

Jean tenait mordicus à disputer cette revanche, car il empochait beaucoup d’argent. Marc n’y croyait pas, car il se demandait ce que Jean pouvait réellement faire de différent. Et tant qu’à changer d’entraîneur, Jean ne pouvait pas en choisir un meilleur que Roach. Chose certaine, il est impossible de reprocher à Jean de ne pas avoir pris tous les moyens pour l’emporter...

Mais dès le départ, c’était voué à l’échec. Pour que Roach ait une influence sur Jean, il aurait fallu que les deux hommes passent au moins six mois ensemble et livrent d’autres combats pour apprendre à se connaître. Tant mieux s’ils décident de poursuivre leur association dans le futur.

Encore un avenir pour Jean

Pour le moment, Jean doit s’offrir de vraies vacances. Après tout, Bute s’est retiré pendant plus d’un an et demi parce qu’il sentait que c’était de cela qu’il avait besoin. Jean est seulement âgé de 33 ans et doit prendre le temps de se refaire une santé pour ne pas hypothéquer son avenir.

Le temps lui permettra de panser ses blessures et il finira par oublier cette difficile défaite. Il demeure l’un des noms importants de la division des mi-lourds, mais il aura besoin de deux ou trois combats pour retrouver sa confiance et ses moyens avant de relever un autre grand défi.

Il y aura toujours un boxeur désireux d’affronter Jean, car il est un ancien champion du monde. Ce sera à lui de leur jouer des tours comme Hopkins l’a fait si souvent au cours de sa carrière. Mais ce ne sera pas facile, car il devra disputer les deux ou trois combats dont je parlais dans des conditions nettement moins avantageuses que les grands rendez-vous contre Hopkins et Kovalev. Des combats de moindre envergure, mais qui demandent le même niveau d’engagement.

Une mauvaise décision d’Adonis

Il est finalement difficile de passer sous silence les « incidents » qui ont marqué l’après-combat entre Pascal et Kovalev, alors qu’Adonis Stevenson est monté sur le ring pour défier Kovalev.

Tout d’abord, je dois avouer que j’ai trouvé Kovalev cheap en disant qu’il n’avait pas de respect pour Pascal et qu’il a manqué de classe en imitant le bruit d’un canard pour se moquer d’Adonis.

Cela dit, Adonis n’a pas pris une bonne décision en montant sur le ring avec ses gardes du corps. Adonis aurait dû rester assis et tout le blâme aurait été porté sur Kovalev. Si j’avais été assis aux abords de l’arène, je peux vous garantir que cela ne serait pas arrivé. Il faut croire que les Américains raffolent de ce genre de spectacle, mais cela ne fait pas partie de notre culture.

Étant donné qu’Adonis et Kovalev ne s’affronteront pas dans un avenir rapproché, cette anecdote sera complètement oubliée d’ici quelques semaines.

*Propos recueillis par RDS.ca