Croyez-vous qu’un jour, Oscar Rivas coiffera la couronne mondiale des poids lourds? Qu’Eleider Alvarez remontera la pente? Que Marie-Ève Dicaire parviendra à vaincre Clarissa Shields? Que Jean Pascal continuera à nous épater?

 

Que David Lemieux redeviendra champion? Que Steven Butler se mesurera à nouveau dans un match de championnat mondial? Que Simon Kean est plus qu’un local? Qu’Arslanbek Makhmudov a l’étoffe d’un champion? Que Kim Clavel se rendra jusqu’au haut de sa pyramide? 

 

Autant de questions qui m’ont été posées au cours des derniers jours. Malheureusement, je ne peux pas prédire l’avenir. Peut-être devrais-je m ’inscrire à des cours par correspondance de l’École d’astrologie? 

 

Ce que je peux vous dire, c’est que pour Mikaël Zewski, son match de samedi soir dans la bulle du MGM Grand à Las Vegas contre Egidijus Kavaliauskas est un match de transition. 


Une victoire pour Zewski, et la marche vers un combat de championnat des mi-moyens se poursuit. Une défaite et à 31 ans, c’est un net recul. Peut-être pas un combat qui met fin à une carrière, mais c’est un pas en arrière quand même. C’est le rêve de devenir champion qui s’écroule.

 

Une première 
 

Pour la première fois en carrière, Zewski se mesure à un pugiliste reconnu mondialement en la personne de Kavaliauskas. Et ne vous fiez pas sur sa seule défaite en carrière, subie en décembre dernier contre le champion de la WBO Terence Crawford. 
 

Je vous suggère de voir cet affrontement contre Crawford sur YouTube. Examinez bien le troisième round où Crawford, à la suite d’une puissante droite, s’est retrouvé avec un genou au tapis. 
 

L’arbitre Ricky Gonzalez a décidé qu’il s’agissait d’une poussée par Kavaliauskas et il n’a pas donné de compte. Pourtant, il y a bel et bien eu un foudroyant crochet de la droite au menton du champion juste avant la génuflexion du roi des mi-moyens. 
 

Heureusement, Crawford a pu reprendre ses sens et il a semblé plus déterminé que jamais, à compter de cette chute, d’éliminer son rival au plus vite. 
 

Un réveil du champion 

Le restant appartient aux statistiques. Kavaliauskas a été la cible du boxeur ambidextre qu’est Crawford jusqu’à ce que l’arbitre mette un terme à la rencontre au neuvième engagement.  À ce moment, l’aspirant à la couronne tirait de l’arrière sur les cartes des trois juges (79-72 x 2 et 78-73). Il avait été terrassé une première fois au 7e engagement et deux fois au 9e avant que l’arbitre dise : c’est assez. 
 

Zewski et Kavaliauskas font le poids

Je suis certain que Zewski a visionné cette défaite de Kavaliauskas. Du même coup, il a réalisé que son rival de samedi possède une excellente force de frappe et qu’il a un solide menton. 
 

Zewski évolue dans une division dominée par Errol Spence, Terence Crawford,  Manny Pacquiao, Vergil Ortiz, Shawn Porter et Danny Garcia. Même s’il a déjà 35 combats professionnels derrière lui, il est pratiquement inconnu aux États-Unis. 
 

D’ailleurs, depuis qu’il a été largué par Top Rank, après son revers contre Konstantin Ponomarev, il n’a livré qu’un seul match au pays de Donald Trump. C’était en octobre 2015 contre un certain Ayl Bruce. Depuis, on l’a vu 6 fois au Québec et une fois à Toronto, contre Diego Gonzalo Luque. 
 

Si Kavaliauskas a si bien paru, du moins dans la première partie de son combat contre Crawford, on ne peut en dire autant du combat qu’il a livré à Ray Robinson, juste avant de s’en prendre à Bud Crawford. 
 

Robinson (24-3-2, 12 K.-O.) est un boxeur bien ordinaire qui ne ressemble en rien au grand et immortel Sugar Ray Robinson, avec qui il n’a aucun lien de parenté. 


Dans ce match, Kavaliauskas a dû se contenter d’un verdict nul. Deux juges ont remis des cartes de 95-95, tandis que l’autre y est allé d’un pointage de 97-93 pour Robinson. 
 

Pour vous donner une meilleure idée de la valeur de Robinson, ajoutons qu’il a livré un autre verdict nul à son dernier combat. Cette fois, c’était contre un certain Josh Kelly (9-0-0, 6 K.-O.), le 1er juin 2019. 
 

Ugas est une cible 
 

Juste avant d’affronter Kavaliauskas, Robinson a perdu par K.-O. au 7e round contre Yordenis Ugas (20-3-0, 12 K.-O.), celui-là même qui est maintenant le monarque régulier de la WBA des mi-moyens, où Manny Pacquiao 62-7-2, 39 K.-O.) est le superchampion et Vergil Otiz (16-0-0, 16 K.-O.), le champion or. C’est compliqué, mais il y a bel et bien trois champions. 


Une victoire sur Kavaliauskas vaudrait peut-être un affrontement contre Ugas, le plus faible des meneurs chez les mi-moyens. Mais il faut comprendre que la compétition est extrêmement forte dans cette division. 
 

Nous sommes en face de deux pugilistes, dont un s’est rendu jusqu’en match de championnat mais a été battu, et un autre qui aspire toujours se rendre jusqu’au haut de sa division.

Les deux ont à peu près le même âge. Les deux ont la même taille, à quelques centimètres près. Par contre, Zewski a livré 12 combats et 67 rounds de plus que son rival.  


Là où on retrouve un certain avantage, c’est sur la puissance de frappe. Jusqu’ici, Kavaliauskas a conservé une moyenne de victoire de 73,9 % de K.-O., comparativement à 65 % pour Zewski. 
 

Et le gagnant est...

Même si je n’ai pas suivi de cours à l’École d’astrologie, je prévois que Zewski devra trimer dur s’il veut sortir victorieux. Mais je vais le favoriser quand même pour gagner par décision, car je ne crois pas qu’il ait la force de frappe assez forte pour passer le K.-O. à son rival


Pourquoi je favorise Zewski? 


Parce qu’il ne peut pratiquement pas se permettre le luxe de perdre cette chance d’être reconnu comme un des meilleurs mi-moyens au Canada, supérieur à Custio Clayton classé en avant de lui sur BoxRec, et que la chance de se retrouver sur le puissant réseau ESPN peut lui donner l’élan qu’ il recherche depuis plusieurs années. 

Pour gagner, Zewski devra protéger son menton. Il se souviendra certainement de cette frousse contre Abner Lopez (27-10-1, 23 K.-O.),  alors qu’il avait visité le tapis au 6e round de leur match présenté au Casino de Montréal. 

Lopez est un  boxeur moins talentueux que Kavaliauskas, dont l’atout principal est sa force de frappe. Zewski devra se souvenir de cette chute au tapis. 
 

N’oubliez pas que le match est présenté en direct de Las Vegas sur RDS à compter de 21 h ce samedi. C’est Stéphan Larouche qui sera l’analyste de ce gala. 
 

La bombe Canelo explose! 

Le chat vient de sortir du sac, pas plus tard que mercredi dernier. Cela fait un bon bout de temps que Canelo et DAZN sont à couteaux tirés. Le Mexicain vient d’intenter une action en justice de 280 millions $ contre ce site et ce n’est pas tout. Canelo, qui a livré trois combats avec DAZN,  veut se dissocier totalement de son promoteur Golden Boy. 


Je vous disais dans ma chronique de la semaine dernière que ça allait mal entre Canelo et DAZN. Maintenant, c’est officiel. 


Dans le fond, on ne peut pas blâmer Canelo d’en avoir assez de son inactivité. En tout, il n’aura disputé que trois combats avec son faramineux contrat de 345 millions $  signé en 2018. 


Si on se fie à Kevin Iole de Yahoo!, Alvarez a reçu 15 millions $ pour son premier match contre Rocky Fielding et les deux autres contre Daniel Jacobs et Sergey Kovalev faisaient partie de l’entente de dix matchs à raison de 35 millions $ chacun. 
 

Aller chercher des abonnés 
 

Le but premier de la signature de Canelo avec DAZN, c’était d’aller chercher de nouveaux abonnés aux États-Unis et surtout de se mesurer à Gennady Golovkin pour une troisième fois. 
 

En mars dernier, la pandémie a commencé à faire ses ravages. Jusque-là, Canelo avait affronté Rocky Fielding, le plus faible champion chez les super-moyens, Daniel Jacobs qui avait livré une bonne bagarre à GGG et le vieillissant champion des mi-lourds Sergey Kovalev. 
 

Pourquoi la trilogie contre GGG n’a-t-elle pas été réalisée? Canelo prétend que la faute revient à Golden Boy. Oscar De La Hoya, le président de Golden Boy, soutient que c’est la faute de DAZN. 
 

DAZN a accepté que Canelo affronte ou bien Callum Smith, ou bien Billy Joe Saunders, mais pas pour une somme de 35 millions $, tel que stipulé dans son fabuleux contrat.
 

L’argent est rare 


On peut comprendre DAZN de ne pas vouloir verser 35 millions $ par match à Canelo tant et aussi longtemps que la pandémie durera et qu’il n’y aura pas de partisans dans les enceintes où se dérouleront les combats. 
 

Mais là n’est pas la faute de Canelo. C’est DAZN qui s’est mis les pieds dans les plats en offrant autant d’argent au boxeur mexicain. 


Par contre, Canelo doit comprendre qu’en devenant joueur autonome et en se cherchant un nouveau promoteur, il n’obtiendra jamais 35 millions $ pour affronter qui que ce soit, à moins que le rival soit GGG et que le match soit présenté à la télévision payante.

 

Et encore là... Est-ce possible de payer 35 millions $ pour Canelo et au moins 15 millions $ pour GGG en temps de pandémie, sans assistances alors que l’argent se fait de plus en plus rare? 


Je ne vois pas Canelo gagnant dans cette affaire. Il savait en signant son contrat que DAZN voulait absolument le voir affronter GGG afin d’aller chercher le plus d’abonnés possible. Il faut aussi se souvenir que Golovkin aura 39 ans en avril prochain. 
 

On a manqué le bateau 
 

Quelqu’un a manqué le bateau dans ce cas. Si Canelo s’était levé debout et avait exigé d’affronter GGG au plus vite, comme le voulait DAZN, les choses ne se seraient pas détériorées.
 

Par contre, il y a un autre coupable, et c’est Golden Boy. Si De La Hoya avait forcé la note un peu plus avant la pandémie et était parvenu à s’entendre avec le clan de Golovkin, on ne serait pas devant cette impasse aujourd’hui. 
 

Par contre, peut-être aussi, la vache à lait de DAZN qu’est Canelo ne serait plus champion. Et un roi déchu ne vaut pas cher...
 

Bonne boxe!