Listen to "Le compte de 8 - 12 juin 2018 - Kean et Braidwood se retrouvent enfin" on Spreaker.

SHAWINIGAN, Qc – Du haut de ses six pieds cinq pouces et deux cent trente quelques livres, et fort de l’appui de toute une région, Simon Kean devrait normalement déborder de confiance à quelques jours du combat qu’il disputera contre Adam Braidwood samedi soir à Shawinigan.

Et pourtant. Comme c’est le cas chaque fois où il est monté dans l’arène depuis le début de sa carrière, le géant trifluvien sera rongé par la nervosité et fera les cent pas en attendant ce qu’il considère comme son plus important défi depuis son passage dans les rangs professionnels.

« Même [à mon dernier combat] contre [Ignacio] Esparza, je suis arrivé dans le ring stressé. Oui, j’avais peur, a reconnu Kean (14-0, 13 K.-O.) jeudi avant-midi pendant la dernière conférence de presse faisant la promotion de la rencontre au sommet qui sera tenue au Centre Gervais Auto.

« Les boxeurs qui disent qu’ils n’ont peur de rien, c’est impossible. Ce n’est pas que nous avons peur de quelqu’un, mais de quelque chose. Nous sommes tous stressés et nerveux, mais ça fait partie de la game. Samedi soir, je sais que ça va être difficile, mais en même temps, j’aime ça!

« La nervosité va commencer à partir quand je vais être dans le vestiaire et commencer à me réchauffer. À ce moment-là, je tombe dans un rythme et quand la cloche sonne, il n’y a plus d’enjeu. C’est la même chose pour n’importe quel combat. Dès que la cloche sonne, tu te bats et puis c’est tout. C’est exactement la même affaire en sparring ou dans un plus petit combat. »

À l’opposé, Braidwood (13-1, 12 K.-O.) est loin d’être rongé par quelconque remise en question. Après avoir lancé quelques mots en français, le Britanno-Colombien a imploré Kean de ne pas profiter du grand ring de 20 pieds sur 20 pieds pour se servir de ses jambes et ainsi se défiler.

« Il veut que j’aille dans le milieu du ring pour que je me batte avec lui, mais il faut savoir qu’il n’arrête pas de répéter ça pour essayer que je tombe dans le piège de vouloir faire plaisir à mes partisans, a fait remarquer Kean. Ils me hueront s’il le faut, mais ça ne me dérange pas du tout.

« Je vais gagner tous les rounds et montrer que je suis capable de faire dix rounds facilement. Je vais le knockouter en temps et lieu. S’il le faut, je ne le knockouterai pas. L’objectif, c’est de ne pas se faire frapper. Moins je reçois de coups à la tête, plus ma carrière sera longue. C’est le but.

« D’ailleurs, je trouve ça bien plus beau des boxeurs qui savent se déplacer et qui montrent qu’ils ont des habiletés plutôt que deux gars qui se battent comme des goons de la Ligue nord-américaine de hockey. Deux gars qui se mettent la main dessus, ce n’est pas de la boxe... »

« Braidwood va vouloir aller se cacher derrière sa mère »

Même s’il considère Braidwood comme un « gars de compétition de haut calibre » en raison de son passé de footballeur dans les rangs universitaires américains et dans la Ligue canadienne de football, Kean ne croit pas que son rival est pleinement conscient de ce qui l’attend samedi soir.

« La boxe, c’est sérieux, c’est dangereux, a rappelé Kean. Lorsque nous arrivons dans le ring et que ça brasse, l’arbitre n’arrêtera pas le combat à ce moment-là. T’es littéralement pris dans le ring. Il ne trouvera pas ça drôle. Il fait le clown, mais je suis curieux de voir comment il va réagir.

« [Dans le passé], il a essayé de m’intimider et de me faire peur, mais je n’embarque pas là-dedans. J’en ai affronté des gars de même et c’est lui qui va se faire frapper comme il ne s’est jamais fait frapper auparavant. Je me suis déjà fait frapper par les meilleurs boxeurs au monde.

« J’ai déjà goûté aux grosses compétitions [dans les rangs amateurs] sur la scène internationale et aux gros combats. À l’entraînement, je peux vous garantir qu’il ne fait pas 10 pour cent de ce que je fais. Je suis allé partout à travers le monde pour mettre les gants avec d’autres boxeurs et je me fais même appeler par des champions du monde. Lui, par qui se fait-il appeler au juste? »

À première vue, il peut être effectivement difficile de se demander comment Braidwood pourra rivaliser avec Kean, d’autant plus que le premier ne compte que 27 rounds d’expérience en boxe professionnelle contre 44 pour le second, qui a aussi participé aux Jeux olympiques de Londres.

Mais si Kean aspire à affronter un jour les Anthony Joshua et Deontay Wilder de ce monde, il doit commencer par se mesurer aux meilleurs boxeurs présents dans sa – grande – cour. Et c’est précisément pour cette raison que Braidwood et tout ce qu’il représente sont un passage obligé.