La finale du gala de la série « Rapides et Dangereux » qui sera présenté samedi soir au Centre Bell mettra en vedette deux boxeurs - Adonis Stevenson et Jesus Gonzales - qui disputeront le combat le plus important depuis le début de leur carrière.

Comme tout le monde le sait maintenant, la position de deuxième aspirant au titre des poids super-moyens de la IBF sera à l'enjeu. Celui qui remportera le combat se retrouvera dans une position extrêmement avantageuse, puisqu'il s'assurera au minium d'un duel éliminatoire en vue d'un éventuel affrontement contre Lucian Bute.

Les amateurs ont redécouvert Adonis en 2011 et nous croyons fermement que 2012 sera son année. Il a fait d'énormes sacrifices pour atteindre son objectif de devenir champion du monde et est même parvenu à retenir les services du réputé entraîneur Emanuel Steward.

Malheureusement, cela signifie la fin de son association avec Howard Grant et cette séparation me désappointe au plus haut point. J'ai tenté de réconcilier les deux partis, mais cela n'a pas fonctionné.

Fondamentalement, Adonis sait que la chance qui se présente à lui aujourd'hui ne passera pas deux fois. Il est âgé de 34 ans et il manquerait probablement de temps pour se remettre d'une défaite. En comparaison, Jean Pascal était âgé de seulement 26 ans lorsqu'il s'est incliné en combat de championnat du monde contre Carl Froch.

Pas une partie de plaisir

Il s'agira du huitième gala de la série « Rapides et Dangereux » et aussi étonnant que cela puisse paraître, les boxeurs du Groupe Yvon Michel qui ont fait les frais de la finale présentent un dossier de quatre victoires contre trois défaites.

C'est donc dire que les adversaires qui se présentent à Montréal ou Québec sont loin d'être déjà comptés pour battus. Gonzales m'a d'ailleurs beaucoup impressionné depuis son arrivée. Il est accompagné de toute son équipe, un signe qui en dit long.

Je ressens le même feeling que lorsque David Lemieux s'est battu contre Marco Antonio Rubio au mois d'avril dernier. Rubio avait derrière lui toute une délégation et nous savons tous ce qui s'est produit par la suite.

Pour ceux qui n'ont pas encore eu l'occasion de le voir à l'œuvre, Gonzales est un gaucher qui aime bien travailler en combinaisons. Il n'a pas froid aux yeux et n'a également pas peur de visiter le plancher.

À son dernier combat face à Francisco Sierra, Gonzales a accepté de monter dans le ring même si son adversaire dépassait de sept livres la limite au moment de la pesée. Il l'a ensuite emporté par décision unanime des juges.

Gonzales était une perle rare dans les rangs amateurs, il cherche maintenant une occasion de briller chez les professionnels.

Une étape à la fois pour Alvarez

En demi-finale, Eleider Alvarez affrontera Otis Griffin et il n'est pas impossible que le combat se rende à la limite de 12 rounds.

Pas plus tard que l'année dernière, Griffin s'était retrouvé en duel éliminatoire des mi-lourds de la IBF avant de s'incliner par décision partagée contre Yusaf Mack. Il a ensuite perdu face à Karo Murat et Shawn Hawk et il est évident qu'il souhaite relancer sa carrière.

Une victoire décisive d'Eleider enverrait un message clair, à savoir qu'il est un boxeur d'exception. Eleider est un gars intelligent et il possède beaucoup de charisme. Les comparaisons avec Bute sont faciles à faire, mais il n'y a qu'un Bute et j'imagine mal un autre boxeur parvenir à atteindre son niveau de notoriété.

Par contre, Eleider se fera beaucoup d'admirateurs et nous souhaitons même qu'il se batte un jour devant les siens en Colombie. J'envoie d'ailleurs régulièrement les films de ses combats à une station de télévision là-bas, un peu comme je le faisais avec Leonard Dorin à l'époque.

Eleider sera assurément capable de se faire un nom au cours des prochaines années, mais je serais surpris qu'il atteigne le niveau de popularité des plus grands. Cependant, je serais le dernier surpris s'il devient champion du monde et qu'il le demeure très longtemps.

Pour le moment, nous ne souhaitons pas qu'il soit classé premier aspirant d'une organisation cette année. Nous lui proposons des adversaires afin qu'il progresse. Ultimement, nous ne voulons pas qu'il se retrouve dans la même situation qu'Ismayl Sillakh, un talentueux boxeur qui n'intéresse malheureusement pas les réseaux de télévision.

Après 16 ou 17 combats d'expérience, nous voulons qu'Eleider compte sur plusieurs partisans ici au Québec et qu'il devienne un incontournable pour les réseaux américains.

GYM est là pour rester

La semaine dernière, une nouvelle insinuant que le Groupe Yvon Michel se retrouve dans une situation financière précaire a été publiée.

Il est vrai que nous évoluons dans un domaine difficile où la compagnie est toujours à la remorque des résultats des boxeurs. Cependant, nous comptons sur une quinzaine de partenaires corporatifs solides pour nous épauler.

Nous ne sommes aucunement à la recherche d'un mécène comme cela a été rapporté. Notre organisation s'autofinance depuis belle lurette. À vrai dire, nous sommes probablement la première organisation de l'histoire canadienne qui permet à ses dirigeants de vivre de la promotion de la boxe.

Le départ de Dino Marchitello nous attriste, car il était, est et sera toujours un ami. D'ailleurs, si son emploi du temps lui permet un jour de revenir avec nous, la porte restera toujours grande ouverte. Chose certaine, si la compagnie avait été en danger, Dino ne serait jamais parti.

GYM a toujours des objectifs à court, moyen et long terme, et nous sommes surtout fiers d'avoir été capables de nous renouveler à la suite des défaites de Jean Pascal et David Lemieux en 2011.

Il ne faut pas oublier que sans notre présence, plusieurs jeunes boxeurs ne pourraient pas vivre de leur sport ou même aspirer à devenir champion du monde. Bref, GYM est là pour rester.

*Propos recueillis par Francis Paquin