MONTRÉAL - Près de six mois après avoir subi sa première défaite depuis le début de sa carrière, Kevin Bizier n’en démord pas : il est convaincu qu’il a remporté son combat contre Jo Jo Dan.

Devant ses partisans au Colisée Pepsi, le boxeur de Saint-Émile et le Montréalais d’origine roumaine ont présenté le duel le plus relevé sur la scène québécoise en 2013. Deux des trois juges ont cependant déterminé que le premier n’en avait pas fait assez pour mériter la victoire.

En plus de voir son dossier parfait entaché, Bizier (21-1, 14 K.-O.) a également vu sa marche vers un titre mondial être considérablement ralentie. C’est qu’une victoire aux dépens de Dan lui aurait permis de se hisser au rang de deuxième aspirant à la ceinture des mi-moyens de la IBF.

« J’étais déçu, parce que le combat, je pensais l’avoir gagné », a avoué Bizier, après un entraînement public tenu lundi après-midi au Théâtre Corona de Montréal. « Je l’ai regardé une couple de fois depuis, c’était un bon combat serré… Mais je pense toujours que je l’ai gagné. »

Dorénavant classé huitième, le boxeur du Groupe Yvon Michel disputera son premier duel depuis la déception de novembre dernier, alors qu’il affrontera Carlos Leonardo Herrera en sous-carte du choc entre Adonis Stevenson et Andrzej Fonfara, samedi soir au Centre Bell.

Un combat pour se remettre dans le bain avant de repasser aux choses sérieuses, mais davantage une occasion de tourner définitivement la page sur cet épisode. Il assure l’avoir fait depuis longtemps, même s’il ne se passe pas une journée sans que quelqu’un le lui rappelle.

Jo Jo Dan et Kévin BizierCe qui a le plus dérangé Bizier, ce n’est pas tant l’issue que le fait que la préparation du combat s’était déroulée sans anicroche. Il voulait profiter de sa confrontation face à Dan pour lancer un message clair à tous les autres boxeurs de sa catégorie. Sa hargne s’est retournée contre lui.

« Tout avait tellement bien été pendant le camp d’entraînement, même les séances de sparring », a expliqué Bizier. « Lorsque j’ai affronté (Lanardo) Tyner, je le respectais à mort parce que je savais que c’était un gars hard qui voulait se bagarrer et qui pouvait prendre mes coups. »

« Dan, je voulais trop l’envoyer au plancher. Lui, sa stratégie, c’était de m’empêcher de boxer. C’est quelqu’un de très difficile à affronter et je n’ai pas été capable d’entrer dans sa bulle. Il me coinçait le bras gauche et je ne pouvais pas utiliser ma main avant. Il m’a neutralisé. »

Contre Herrera (24-6, 10 K.-O.), il y a peu de chances que cela se reproduise. Même si l’Argentin ne possède pas une force de frapper à tout casser, il ne craint pas la guerre et est prêt à encaisser plusieurs coups pour pouvoir en donner quelques-uns en retour.

« J’ai hâte! Ce n’est pas le genre de gars à niaiser avec la puck », a analysé Bizier. « Il a affronté de bons boxeurs dans le passé et je me suis entraîné comme si c’était un champion du monde. »

Le Québécois aurait aimé remonter dans le ring beaucoup plus tôt, mais le gaucher avec qui il devait croiser le fer en avril à Los Angeles a choisi quelqu’un d’autre au dernier instant, tandis que le promoteur de Dan est peu enclin à la présentation d’un combat revanche. Bref, il n’a pas l’intention de jouer les bouches fines, d’autant plus qu’il célébrera ses 30 ans en août.

« Je suis prêt à affronter n’importe qui. Si Yvon (Michel) décide que c’est (Devon) Alexander ou encore un champion du monde, je le prends! », a insisté Bizier. « Je veux me mesurer aux meilleurs boxeurs au monde. J’espère vraiment avoir de gros combats dans le futur. »

Peu importe l’identité de ses prochains adversaires, le protégé de l’entraîneur Marc Ramsay entend prouver que sa défaite contre Dan n’était qu’une simple erreur de parcours. Le genre d’erreur que tant de boxeurs ont commise avant lui.