MONTRÉAL – « Dès que j’ai envoyé ma première gauche, j’ai su que j’avais remporté la guerre psychologique. S’il y a bien une leçon que j’ai retenue de mon combat contre [Claressa] Shields, c’est que je devais immédiatement montrer à mon adversaire que la soirée allait être longue. »

 

En se ruant sur Cynthia Lozano dès que l’arbitre Albert Padulo fils a annoncé le commencement des hostilités, Marie-Ève Dicaire souhaitait démontrer qu’absolument rien n’allait l’empêcher de redevenir championne du monde des super-mi-moyennes de l’IBF, vendredi soir au Centre Bell.

 

La Québécoise savait aussi pertinemment qu’elle n’avait pas le choix de prendre la Mexicaine à son propre jeu, étant donné que Lozano avait enregistré la quasi-totalité de ses victoires depuis le début de sa carrière en amenant ses rivales à l’épuisement en les pressant continuellement.

 

« D’habitude, j’aime analyser et comprendre ce qui se passe, mais je savais que j’allais devoir travailler d’une autre manière dans ce combat-là, a expliqué Dicaire après sa victoire par arrêt de l’arbitre à 1:03 du 7e round, sa première avant la limite. En attaquant ensuite en angle, je savais fondamentalement qu’elle n’avait pas la mobilité et le jeu de pieds pour me contrer. »

 

« Lozano est une boxeuse qui fonce constamment, mais elle n’avait jamais affronté quelqu’un comme Marie-Ève, a ajouté son entraîneur Stéphane Harnois. Marie-Ève est plus technique que la plupart des filles, mais certaines possèdent l’expérience qui permet d’aller chercher les gros combats. Ce n’était pas le cas de Lozano, qui affrontait juste meilleure qu’elle [vendredi] soir. »

 

La fenêtre pour une victoire avant la limite s’est véritablement ouverte au sixième round quand Harnois a demandé à Dicaire de concentrer ses coups de puissance au corps de son adversaire. Le succès de cette stratégie a ensuite incité le coin de Lozano à jeter l’éponge au round suivant.

 

« J’ai remarqué au sixième que lorsque Marie-Ève frappait Lozano au corps, son protecteur buccal commençait à sortir [de sa bouche] et qu’elle avait de la difficulté à respirer, a précisé Harnois. À un certain moment, il était temps que ça finisse et son coin a pris la bonne décision.

 

« Je suis d’ailleurs allé voir son entraîneur après le combat pour lui dire qu’il avait bien fait d’arrêter le combat. Il faut que quelqu’un protège les athlètes. Le knock-out était inévitable. »

 

« Une soirée magique »

 

Extrêmement fière d’être devenue la troisième athlète seulement de l’histoire de la boxe québécoise moderne à reconquérir un titre mondial, Dicaire était surtout contente d’avoir pu le savourer en toute tranquillité d’esprit et plus important encore, avec tous les membres de son équipe.

 

Beterbiev : le courage d'un champion

Quand elle avait battu Chris Namun le 1er décembre 2018 pour s’emparer du titre des super-mi-moyennes de l’IBF, Dicaire l’avait fait alors qu’Adonis Stevenson était entre la vie et la mort à la suite de sa défaite contre Oleksandr Gvozdyk. L’un de ses hommes de coin, Samuel Décarie-Drolet, brillait également par son absence, étant donné qu’il dirigeait Christian Mbilli en France.

 

« J’étais ravie de pouvoir célébrer pleinement après la victoire d’Artur [Beterbiev], a mentionné Dicaire. De redevenir championne du monde, ici au Centre Bell, c’est vraiment quelque chose d’important. Ça me permet de cocher quelque chose sur ma bucket list. C’est un beau feeling!

 

« Il y avait 4000 personnes (3920 pour être plus précis, NDLR), [vendredi] soir, mais j’avais la vive l’impression qu’ils étaient 10 000! Ç’a été une belle soirée magique remplie d’émotions. »

 

En bref

 

· Groupe Yvon Michel a annoncé que Kim Clavel se mesurera à la championne des poids mi-mouches du WBC Yesenia Gomez le 11 mars prochain en finale d’un gala présenté au Cabaret du Casino de Montréal. Les deux boxeuses étaient censées s’affronter vendredi soir, mais Clavel avait dû déclarer forfait en raison d’une blessure au « bas du corps ».

 

· Il ne faut pas s’attendre à ce qu’Artur Beterbiev se rebatte au Québec de sitôt, puisqu’un combat contre le champion de la WBO Joe Smith fils aura lieu dans la région de New York et un face à Saul « Canelo » Alvarez vraisemblablement à Las Vegas. Le seul espoir de revoir Beterbiev en chair et en os est qu’il doive croiser le fer avec un aspirant obligatoire de moindre importance. « Les dirigeants du promoteur américain Top Rank et ceux d’ESPN ont beaucoup aimé l’ambiance [vendredi] soir, a raconté Yvon Michel.

 

· L’ex-champion des mi-lourds du WBC Adonis Stevenson a reçu l’honneur John McCain-Bill Crawford remis par la Boxing Writers Association of America pour le courage qu’il a démontré et l’adversité qu’il a vécue à la suite des importantes blessures qu’il a subies pendant son duel contre Oleksandr Gvozdyk en décembre 2018 au Centre Vidéotron.