Artur Beterbiev-Dmitrii Bivol II : Une question d'ajustements
Un tout petit peu plus de quatre mois après avoir disputé l'un des meilleurs combats de la dernière année, Artur Beterbiev ainsi que Dmitrii Bivol croiseront de nouveau le fer ce samedi à Riyad, en Arabie saoudite, pour déterminer qui est le meilleur mi-lourd au monde.
Le 12 octobre dernier, le Montréalais d'origine russe l'avait emporté par décision majoritaire des juges (116-112, 115-113 et 114-114) au terme d'un duel enlevant qu'il avait commencé extrêmement lentement. Son entraîneur Marc Ramsay avait ensuite rapidement mentionné qu'il y avait énormément de place à l'amélioration, même si protégé était devenu le premier pugiliste depuis Roy Jones fils en 2002 à être sacré champion incontesté chez les 175 livres.
Est-ce que Beterbiev (21-0, 20 K.-O.) et Bivol (23-1, 12 K.-O.) se retrouveront au 13e round comme le veut le cliché consacré ou faut-il plutôt s'attendre à une dynamique différente? La réponse à cette question et certainement de nombreuses autres à compter de 17 h 50.
Les premières minutes feront foi de tout
Le vice-président opérations et recrutement de Groupe Yvon Michel, Bernard Barré, ainsi que l'entraîneur montréalais Moe Latif sont catégoriques : les premières minutes des retrouvailles entre Beterbiev et Bivol feront foi de tout. Rencontrés plus tôt cette semaine, les deux hommes croient que Beterbiev n'étudiera pas son adversaire comme en octobre.
« Les ajustements vont avoir été faits, a prédit Barré. J'ai une très grande confiance en Marc Ramsay, qui a toujours su m'impressionner tout au long de sa carrière. C'est évident que le premier combat a été extrêmement serré, mais je suis convaincu que Marc et Beterbiev ont travaillé comme des forcenés pour ne laisser absolument aucun, aucun doute cette fois-ci.
« De là à l'arrêter, j'ai certains doutes, parce que Bivol est tellement bon, est élusif, capable de se sauver et de se déplacer. C'est un boxeur très sur la coche techniquement. Donc cela risque d'être difficile, mais Beterbiev... j'ai rarement vu ce genre de boxeur-là dans ma vie! »
« Nous allons vraiment voir qui s'est le mieux adapté, a quant à lui analysé Latif, qui dirige notamment Mazlum Akdeniz. Dans le premier combat, j'avais trouvé que Beterbiev n'avait pratiquement pas lancé de coups au corps (31, le même nombre que Bivol, NDLR), alors qu'il aurait dû briser les jambes de Bivol tôt dans le combat pour qu'il arrête de se déplacer.
« Si Beterbiev va un peu plus au corps et qu'il est un peu plus agressif, il va remporter le deuxième affrontement plus facilement que le premier. Mais si Bivol lance plus de coups (423 contre 862 pour Beterbiev dans le premier combat, NDLR), alors je le vois gagnant. »
Une précision chirurgicale
Mais cette stratégie axée sur le volume pourrait s'avérer une lame à deux tranchants. Bivol pourrait effectivement marquer plus de points en se portant à l'attaque, mais le prix à payer sera inévitablement très élevé. Qui plus est, le Russe a plus d'une fois montré des signes de ralentissements dans la dernière portion de ses confrontations dans le passé.
« J'avais eu l'occasion de faire des mitaines d'entraîneur avec [Beterbiev] lorsqu'il est arrivé au Québec après les Jeux olympiques de Londres en 2012 et j'avais été impressionné par la précision de ses coups, a raconté Barré. Il était toujours sur la cible. J'ai fait de la mitaine avec plusieurs amateurs et professionnels et je n'avais jamais vu un boxeur aussi précis...
« C'est certain que Beterbiev ne peut pas boxer à distance avec Bivol, parce que ce dernier est supérieur à ce niveau-là. Beterbiev va être dans son visage du début à la fin, jusqu'au moment où Bivol casse. À partir du moment où Beterbiev va l'avoir cassé, Bivol va avoir compris. Il va travailler pour faire la distance et attendre simplement que la cloche sonne! »
L'âge, un facteur?
Ayant affronté Bivol dans les rangs amateurs et Beterbiev chez les professionnels, Callum Smith parvient difficilement à prédire un gagnant pour la revanche. Il reconnaît de grandes qualités chez les deux boxeurs, mais considère que l'âge pourrait s'avérer le facteur décisif.
Beterbiev a en effet célébré ses 40 ans le 21 janvier dernier, alors que Bivol n'est âgé que de 34 ans. Qui plus est, la dernière fois qu'il s'est écoulé aussi peu de temps entre deux de ses sorties, Beterbiev était encore lié à GYM et n'était pas encore devenu champion du monde!
« Il n'a peut-être pas encore eu le temps de récupérer, s'est d'ailleurs demandé Latif. En même temps, c'est quelqu'un de tellement discipliné. Cela dit, je crois néanmoins qu'il va ressentir au cours du combat le poids de s'être battu à des moments aussi rapprochés. »
« Quand il arrive à 40 ans, la première chose qu'un individu va perdre dans la vie, c'est sa rapidité, a affirmé Barré. C'est certain que tu ne peux pas ne pas être affecté. Mais Bertebiev est tellement discipliné qu'il a retardé le moment où cela va lui tomber dessus. Je ne crois pas, mais pas du tout que son âge va faire une différence quelconque pendant le combat. »