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RÉSULTATS

La recette du succès? Une question d'entourage et de... maturité

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MONTRÉAL – Au fil de sa carrière de 46 combats, Carlos Takam a croisé le fer avec plusieurs des plus grands noms qui ont marqué la catégorie reine de la boxe au cours de la dernière décennie.

Considéré comme un passage obligé vers les plus hauts sommets, le Franco-Camerounais s'est notamment frotté à Alexander Povetkin, Joseph Parker, Anthony Joshua, Dereck Chisora et Joe Joyce. Takam (39-6-1, 28 K.-O.) ne l'a jamais emporté, mais a parfois été hautement compétitif.

Interrogé à savoir ce qui distinguait ces boxeurs au sommet de l'échelle des autres, l'athlète âgé de 41 ans a répondu qu'il s'agissait fondamentalement d'une question de travail et d'entourage. Que les aspirants ont besoin d'avoir des proches qui croient en eux pour devenir des champions.

Cela dit, des poids lourds chouchoutés comme le médaillé d'or du tournoi des super-lourds des Jeux olympiques de Rio Tony Yoka et Efe Ajagba ont connu des écueils assez tôt dans leur parcours professionnel et ce n'est pas parce qu'ils manquaient de ressources à leur disposition.

« C'est vrai que l'entourage a beaucoup d'éléments à contrôler pour arriver à une performance, mais je dis souvent de façon imagée qu'on ne peut pas gagner une course si on n'a pas le bon cheval. On a beau être un bon entraîneur, ça prend le bon athlète pour se rendre à ce niveau-là, a expliqué Marc Ramsay, l'entraîneur d'Arslanbek Makhmudov, qui affrontera Takam en finale d'un gala d'Eye of the Tiger Management tenu vendredi soir au Cabaret du Casino de Montréal.

« On pense qu'Arslanbek est un gars de cette qualité-là. Et Takam est le genre qui va démontrer si Arslanbek est effectivement de ce niveau-là. C'est ce qui rend ce combat très intéressant. »

« C'est surtout une question de maturité, a analysé l'entraîneur de Steven Butler et formateur à la Fédération québécoise de boxe olympique Rénald Boisvert. L'entourage peut être très bon, mais cela ne veut pas dire que le boxeur va nécessairement suivre toutes les directives. Il peut y avoir un décalage entre les directives d'un entraîneur et les actions ainsi que les gestes d'un boxeur...

« Il y a une expression consacrée qui dit que "des fois, le message ne passe pas", mais ce n'est pas le cas avec Marc. Les gens ne réalisent pas que c'est probablement son point le plus fort en tant qu'entraîneur. Il a ce sens de l'anticipation qui lui permet de reconnaître les boxeurs avec qui son message va bien passer. C'est un entraîneur qui possède énormément de ressources. »

Avec le départ à la retraite de David Lemieux, Makhmudov (14-0, 14 K.-O.) a tout ce qu'il faut pour devenir le prochain visage d'Eye of the Tiger Management, d'autant plus qu'il évolue dans la catégorie la plus historiquement suivie. Même si son talent est reconnu de tous, il reste encore résolument à peaufiner, puisqu'il ne compte que 14 combats et 28 rounds d'expérience.

« Je veux voir un contrôle émotionnel et technique de la part d'Arslanbek, a mentionné Ramsay. Je veux voir sa force de frappe habituelle et son désir de vaincre habituel. Il faut qu'Arslanbek montre au monde qu'il est de meilleur niveau que tout ce que Takam a vu jusqu'à maintenant. »

« Makhmudov est un boxeur qui a la capacité de réfléchir et de questionner les choses qu'il a faites, mais dans un ring, personne n'est jamais certain de rien, a relativisé Boisvert. Je n'ai pas beaucoup aimé son dernier combat [contre Mariusz Wach]. Il aurait pu faire beaucoup mieux.

« C'est un peu la même chose pendant les sparrings. Il a des moments où il est tellement bon et d'autres où il est un peu plus brouillon, où il ne cherche qu'à placer sa grosse claque. Cela dit, lorsqu'il décide de bien boxer, c'est un athlète vif qui a un sens du timing très impressionnant. »

La pesée n'a évidemment pas représenté une séance de torture pour les deux finalistes, mais les amateurs de statistiques avancées ont rapidement noté que les 261,4 livres de Takam étaient un sommet pour lui en carrière. À sa dernière sortie contre Joyce en juillet 2021, il pesait 248,5 lb. Ce surplus de poids ne devrait pas avoir une incidence sur le type de combat que livrera Takam.

« C'est un gars qui aime se déplacer, mais qui boxe à l'intérieur, a analysé Ramsay. Ce n'est pas vraiment le genre de gars qui boxe à distance. Quand il est à distance, c'est pour se déplacer. »

Steven Butler (30-3-1, 25 K.-O.) et Mark DeLuca (28-3, 16 K.-O.), qui s'affronteront en demi-finale, ont quant à eux respecté la limite de 160 lb en affichant des poids de 158 et 160 lb.

« C'est un bon défi pour Steven, a prévenu Ramsay. [DeLuca] est un gars sérieux, mais il est surtout perçu très positivement par les Américains parce qu'il s'est battu sur les grands réseaux. Steven a énormément à prouver, mais il s'agit d'une étape logique dans son développement. »

Butler tentera de remporter un troisième combat de suite, après avoir subi des défaites contre le champion « régulier » des moyens de la WBA Ryota Murata ainsi que Jose de Jesus Macias.